Le premier lundi du mois d’octobre consacrant la rentrée budgétaire, est une tradition constitutionnelle et républicaine au Mali. Les députés rentrent pour la première session avec pour objet l’examen du budget de l’Etat et le renouvellement du bureau de l’Assemblée. Cette année la particularité tient au fait que le landernau politique malien a été en ébullition avec le départ de certains partis politiques de la majorité, mais aussi le rapprochement d’autres. Toute cette ébullition politique aura des répercussions sur la composition des nouveaux bureaux et autres commissions à l’AN. Les députés honoreront-ils la République en ne se livrant pas en spectacle pour des strapontins ? La démocratie va-t-elle sortir ragaillardie au terme des débats qui s’annoncent déjà houleux ?
L’Assemblée Nationale se réunit en sessions ordinaires deux fois par an. La première s’ouvre le premier lundi du mois d’octobre. Cette session appelée budgétaire ne peut excéder soixante-quinze jours. Elle permet aux députés de renouveler le bureau de l’Assemblée Nationale ainsi que les différentes commissions de travail. Hormis le poste du président de l’Assemblée nationale, qui est élu pour toute la durée de la législature (5 ans), conformément à la Constitution, tous les autres postes peuvent faire l’objet de renouvellements qui donnent l’occasion aux députés de monter les enchères. Certains, en la circonstance, s’adonnent à toutes sortes d’alliances parfois contre-nature, pour atteindre leurs objectifs. Cette année, il est fort à parier que la 1ère session ne sera pas comme la précédente, qui a été tout aussi houleuse et à suspense. Au regard des rumeurs qui courent sur les ambitions supposées ou réelles de certains députés de la majorité, la bataille s’annonce rude pour la succession somme toute ouverte à certains postes jusqu’ici occupés par des caciques du parti majoritaire, le RPM. Déjà, la Majorité semble avoir été fortement secouée par la démission récente du 2ème vice-président de l’Assemblée Nationale, M. Amadou Thiam qui s’attire aujourd’hui la foudre de la majorité. Conservera-t-il sa 2ème vice-présidence après la gifle sèche donnée à la CMP ? Mais, en politique averti, l’honorable Thiam semble bouger dans tous les sens. Depuis son retrait de la Majorité, il multiplie les contacts et les rencontres pour la formation d’un probable groupe parlementaire solide lui permettant de garder son poste de 2ème vice-président de l’AN. Il commencerait déjà à multiplier des démarches pour obtenir le départ de certains députés de la Majorité présidentielle.
Pour l’honneur et le Bonheur de la République, dans le respect de leurs électeurs, les députés doivent aujourd’hui faire preuve d’une plus grande maturité politique en ne privilégiant que l’intérêt supérieur de la Nation. L’examen du budget d’Etat est l’instrument politique le plus adapté pour imprimer la marche à suivre aux actions du gouvernement ainsi que le levier par lequel un politique met en œuvre ses promesses électorales.
Youssouf Sissoko