Dans les rues et salons feutrés de Bamako, les politiciens et historiens du Mali n’en croient pas à leurs oreilles. Ce qui s’est passé à l’hémicycle lors de la rentrée parlementaire de cette année est plus que grave. Quelle mouche a donc piqué le président du parti ADEMA et non moins président de l’assemblée nationale, Dioncounda Traoré. Et dire que c’est un professeur !
C’est le lundi 4 Octobre 2010 que les députés du Mali s’étaient donné rendez-vous pour la rentrée parlementaire en cette année du cinquantenaire de notre accession à la souveraineté nationale et internationale. Etaient également présents le premier ministre et certains membres de son gouvernement, les ambassadeurs, les représentants des institutions, le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Mamadou Seck, le président de l’Assemblée nationale gabonaise, Guy N’zouba Dama etc. Dans son discours d’ouverture, le président de l’assemblée nationale du Mali Dioncounda Traoré, a passé en revue les cinquante ans du Mali indépendant. Malheureusement, après ce discours beaucoup de maliens se demandent encore et toujours de quel Mali il s’agissait ? Personne n’a pu comprendre pourquoi et comment un Dioncounda Traoré a-t-il pu parler du Mali indépendant en mettant les 23 ans de règne de Moussa Traoré entre parenthèses ou du moins dans ses souliers. Il soutient volontiers que "Durant cinquante ans, le Président Modibo Kéïta et ses compagnons, après avoir conduit notre pays à la souveraineté politique, ont procédé à de très grandes reformes telle, celles de l’Education nationale ; ont créé de nombreuses unités industrielles et ouvert de nombreux chantiers économiques, sociaux et culturels pour assurer les premiers pas du Mali indépendant. Vingt trois ans après la première République, le président Alpha Oumar Konaré et ses camarades, après quatorze mois d’une transition conduite par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, ont eu, la redoutable mission d’organiser la troisième République, de conduire notre processus de démocratisation et de créer un Etat respectueux des droits fondamentaux et de la dignité de l’Homme ". En clair, il a réécrit l’histoire de notre pays. De quel droit se permet-il de personnaliser notre histoire ? À voir de très près, c’est une faute grave et même très grave que le Président de notre assemblée vient de se rendre coupable. Car notre histoire ne se réécrit pas comme ça M. le président. N’avez-vous pas appris l’histoire au près d’Alpha Oumar Konaré ? Aussi triste soit-elle, on ne saurait mettre dans la poubelle une partie de l’histoire d’un pays. Surtout que les 23 ans de Moussa Traoré à Koulouba sont loin d’être aussi sombres qu’il veut nous faire croire.
En aucun moment, l’Assemblée Nationale ne doit être le théâtre d’un règlement de compte personnel. Venant d’un homme qui aurait des ambitions pour Koulouba, cela est inquiétant. Mais au fait, qui a gracié Moussa Traoré ? Ou étiez-vous Dioncounda à l’époque ? Pourquoi n’avez-vous pas réagi au risque de désavouer votre mentor ? De toutes les façons, personne, même après des milliers d’années, ne pourra nous faire oublier les 23 ans du fils de Kaba. Il est mieux placé pour savoir que la haine et la rancune sont des armes des faibles. Ou tout simplement, veut-il mettre en mal la réconciliation prônée par Amadou Toumani Touré ? En agissant ainsi, Dioncouda a insulté tout le peuple malien et a vidé la commémoration du cinquantenaire de son sens. En effet, il a contribué à accentuer son impopularisme au près des maliens. Idem pour l’Adema aussi qui ne sortira pas grandi de ce comportement peu honorable de son président. Selon une source proche de Bagadadji, certains parlementaires et non les moindres ne décolèrent toujours pas de cette attitude du plus mauvais président de l’histoire de notre hémicycle.
Affaire à suivre donc !
Alfonse Maiga