Prétendu accord de réadmission entre le Mali et l’UE : Le gouvernement donne davantage d’éclairage devant les députés

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Prétendu accord de réadmission entre le Mali et l’UE : LE GOUVERNEMENT DONNE DAVANTAGE D’ECLAIRAGE DEVANT LES DEPUTES
Les députés au cours d'une session photo à titre illustratif)

Outre son objet initial, l’exercice a permis d’appréhender en profondeur les questions migratoires

Le Mali n’a pas signé et ne signera jamais un accord de réadmission de ses ressortissants vivant en Europe. Après la conférence de presse du lundi dernier animée par les ministres Abdoulaye Diop des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et Abdourhamane Sylla des Maliens de l’extérieur (voir L’Essor), le gouvernement défendait, de nouveau, hier, sa position sur le sujet. Cette fois-ci, c’était devant l’Assemblée nationale.  Trois membres du gouvernement ont une fois de plus réaffirmé la position du Mali sur la question : Abdoulaye Diop, Abdourhamane Sylla et Mountaga Tall, Porte-parole du gouvernement.

Il s’agissait, en plus des actions de communication antérieures, d’éclairer davantage à  travers l’interpellation à l’Assemblée nationale,  la lanterne des députés, et partant, de tous les citoyens maliens sur cette question qui a cristallisé les passions ces derniers jours.

Les questions de la commission des Affaires étrangères mandatée par la représentation nationale  étaient de savoir exactement la nature du document qui a été signé, sa valeur juridique et son contenu exact.

Le ministre Abdoulaye Diop a, d’entrée de jeu, rappelé que le document en question n’est qu’un simple constat de la réunion qu’il a eue avec son homologue néerlandais, Bert Koenders et qui obéit à un principe diplomatique. « Il n’est ni opposable, ni contraignant du point de vue du droit international », a expliqué le chef de la diplomatie malienne.

Selon lui, les termes  qui y sont mentionnés, notamment, celui de réadmission et d’accompagnement financier des retournés ne sont qu’une reprise des conclusions du sommet de La Valette (Malte) au cours de laquelle les chefs d’Etat africains ont refusé en bloc de signer un accord de réadmission.
Lors de ce sommet avec les Européens, toutes les parties ont reconnu que l’immigration est une question qui doit être gérée de façon concertée et ont admis la nécessité de poursuivre le dialogue. La visite de Koenders qui a été précédée par d’autres n’est que la suite logique de la rencontre de La Valette.

Abdoulaye Diop a souligné  qu’en matière d’accord,  notre Constitution mentionne en son article 115 que tout accord qui touche à l’état de la personne humaine doit faire l’objet d’une ratification par l’Assemblée nationale.

De l’avis général, il est apparu que cet exercice d’interpellation n’est ni plus, ni moins qu’un vrai faux débat. Un vrai débat dans le sens où il a permis de faire comprendre que l’immigration est un enjeu majeur dans notre pays, auquel les Maliens dans leur ensemble  accordent une grande importance.

« Toutes les familles sont concernées par la question car chaque famille a un lien avec l’extérieur», ont rappelé les membres du gouvernement.

Les débats ont également glissé sur l’apport financier important de la diaspora à notre économie. Selon le ministre Abdourhamane Sylla, cet apport est deux fois supérieur à  l’aide au développement que nous recevons des Européens. De son point de vue, s’il y a un choix à faire, c’est bien celui de nos compatriotes.

Ensuite, il s’agissait d’un vrai débat  dans le sens où il a permis au ministre des Maliens de l’extérieur de revenir à la demande des députés, sur les axes stratégiques de la politique nationale d’émigration qui vise entre autres, à s’enquérir des difficultés auxquelles les Maliens de l’extérieur sont confrontés et y apporter des solutions ; de lutter contre l’émigration clandestine ; de promouvoir un cadre économique qui empêche les migrants d’aller et de réinsérer ceux qui reviennent de façon volontaire ou forcée.

Un vrai débat enfin qui a permis de reconnaître que les documents d’état civil malien ne sont pas sécurisés. En témoignent, les nombreux étrangers détenteurs des pièces d’identité maliennes et qui commettent des actes qui salissent le nom de notre pays.

Pour Abdoulaye Diop, il s’agit d’un faut débat car malgré le démenti de la Commission de l’UE, tout le problème est parti de la déclaration du ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas qui, dès son retour, a posté un  tweet pour dire qu’il vient de signer un accord de réadmission avec le Mali. Les élus de la nation ont néanmoins attiré l’attention du gouvernement sur les raisons qui favorisent ces dernières années, la forte migration des jeunes vers l’Europe.

Pour eux, c’est le manque de perspectives, eu égard à la mauvaise gouvernance, qui pousse les jeunes à vouloir partir par tous les moyens.

Pour les membres du gouvernement,  le sujet est un faux débat qui a été soulevé dans le simple dessein de créer la panique et la polémique pour nuire au gouvernement.  « C’est comme si on vous demande pourquoi  vous avez signé un document que vous n’avez pas signé », argumente Me Mountaga Tall, le Porte-parole du gouvernement.

Un faux débat car la Commission de l’UE même a reconnu à travers une note verbale que le document signé n’est pas un accord de réadmission.  Et même l’Association des migrants maliens qui a dénoncé la première le prétendu accord,  a reconnu sur les ondes de la Voix de l’Amérique que le Mali n’a pas signé d’accord de réadmission.

Il faut souligner que l’opposition n’a pas voulu participer au débat jugeant que la question fait partie des éléments de la motion de censure qu’elle a déposée et qui sera débattue aujourd’hui. Les députés de la majorité pensent que l’opposition n’a pas voulu participer aux débats  sachant bien qu’en réalité, c’est un faux débat et que c’est elle  qui est à l’origine de la désinformation sur les réseaux sociaux.

L. ALMOULOUD

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