Présidence de l’Assemblée Nationale : Duel à fleurets mouchetés entre Dioncounda Traoré et Assarid Ag Imbarcawane

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Après la proclamation des résultats provisoires des législatives par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales jeudi dernier, tous les regards sont tournés vers la Cour Constitutionnelle. Mais avant même que cette institution ne se prononce sur la validité ou pas du scrutin dans certaines circonscriptions, les déclarés gagnants ont commencé à se positionner pour les postes du bureau de l’Assemblée nationale notamment la présidence. A l’ADEMA, le président Dioncounda Traoré et Assarid Ag Imbarcawane sont tous deux sur la ligne de départ.

L’ADEMA, qui a une majorité relative avec 55 sièges sur 147, a déjà entrepris des contacts pour diriger la représentation nationale.

En effet, elle entend s’octroyer, en plus du perchoir, une vice-présidence, la questure et un poste de secrétaire parlementaire.

Seulement voilà : le parti de l’abeille n’a pas désigné, pour l’instant, ses candidats à ces différents postes. Aussi, nous est-il revenu que le deuxième vice-président sortant de l’Assemblée nationale, Assarid Ag Imbarcawane, l’un des rares barons du parti à gagner dès le premier tour, nourrit des ambitions pour succéder à IBK. Alors que dans l’imaginaire populaire, le candidat naturel des rouges et blancs à cette fonction est le président du Comité exécutif de l’ADEMA, Dioncounda Traoré.

C’est cette instance du parti de l’abeille qui doit, aux termes des textes du parti, désigner son candidat à la présidence de l’Assemblée nationale. On se rappelle qu’en 1992, des discussions chaudes avaient eu lieu sous la direction de feu Mohamed Lamine Traoré entre Ali Nouhoum Diallo de Douentza et Tiémogo Sangaré de Bougouni à propos du choix du candidat du parti à la présidence de l’Assemblée nationale. Le même exercice démocratique avait eu lieu en 1997, sous la présidence de Ibrahim Boubacar Kéïta pour départager Dioncounda Traoré, alors premier vice-président et Ali Nouhoum Diallo, à la fois Secrétaire politique et président sortant de l’Hémicycle. Dans les deux cas, ce dernier a été choisi par ses camarades quand bien même le président Alpha Oumar Konaré était opposé de façon peu visible à son choix.

Le même débat pourrait intervenir cette année si jamais les ambitions prêtées à Assarid Ag Imbarcawane se confirmaient.

Dans ce cas, quelles seraient les chances de l’un ou de l’autre ?

L’atout de Dioncounda Traoré est qu’il est le N°1 de l’ADEMA. Il a donc l’avantage sur ses éventuels adversaires de maîtriser apparemment le parti, d’avoir la bénédiction de l’instance décisionnelle et de possèder des qualités intellectuelles incontestables surtout en mathématiques. Mais beaucoup d’observateurs estiment qu’il n’est pas un bon politique en raison des nombreuses gaffes qu’il commet au cours de ses différentes sorties.

Quant à Assarid Ag Imbarcawane, il a une expérience parlementaire avérée (depuis 1992, il est député). Le Monsieur ACP–UE de l’Hémicycle, membre de l’instance dirigeante de l’ADEMA, Assarid Ag Imbarcawane, a une intelligence politique extraordinaire et une capacité d’adaptation à toutes les situations.

Il n’est certes pas un universitaire comme Dioncounda Traoré mais le sac à dos qu’il est pourrait bien diriger l’Assemblée nationale, considéré comme sa deuxième demeure : il est le premier arrivé au bureau et le dernier à le quitter, place de la République.

Son handicap, selon certains observateurs, est qu’ un ressortissant du Nord ne devrait pas présider l’institution parlementaire afin de permettre l’équilibre socio-politique au niveau des institutions de la République, dans la mesure où les présidents Amadou Toumani Touré, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim et Ousmane Issoufi Maïga sont tous du septentrion malien. Mais cet argumentaire ne doit pas compter dans une République digne de ce nom. Seule la valeur intrinsèque des hommes doit prévaloir et être mise en avant.

En outre, le Comité exécutif de l’ADEMA pourrait être amené à trancher également entre Mahamadou Cissé dit Bagagnoa, questeur sortant et le revenant Wali Diawara de la commune I qui affiche aussi des ambitions pour la questure.

Ce dernier avait brillamment présidé, entre 1997 et 2002, la Commission des finances de l’Assemblée nationale et celle du Parlement de la CEDEAO. Economiste chevronné de son état, qui cite volontiers Konimba Sidibé du PARENA comme référence professionnelle, ancien membre du Contrôle Général d’Etat, Wali Diawara est un technicien qui pourrait bien diriger de nouveau la redoutable Commission des finances de l’Hémicycle. Mais, pour l’instant, il lorgne du côté de la questure. A suivre.

Chahana TAKIOU

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