C’est du moins, ce qu’a dit le président de L’Assemblée Nationale à l’ouverture de la l’atelier sur le ‘’renforcement de la participation des femmes au parlement’’. Cet atelier sur la promotion du genre a été organisé par l’Assemblée nationale du Mali en partenariat avec l’Union Interparlementaire (UIP).
Présidée par le président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, la cérémonie d’ouverture de cet atelier s’est déroulée dans la salle Aoua Kéita de l’assemblée nationale, en présence de la représente de l’UIP, Mme Brigite Filion et de la centaine de participants issus de diverses organisations politiques et de la société civile dont le Réseau des Journalistes parlementaires qui a fait une participation avec une présentation sur le thème : «rôle des médias et de la société civile pour promouvoir la participation en politique et au parlement » .
Apres la cérémonie d’ouverture, les travaux de l’atelier étaient présidés par l’honorable Moussa Timbiné, premier vice-président de l’Assemblée nationale. Durant deux jours, plusieurs thématiques principales et sous thèmes ont été développés par des experts nationaux et internationaux. Il a été surtout question des Objectifs du Développement durable (ODD) dont l’atteinte passe par la participation active des femmes à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Mais aussi, des facteurs qui freinent la participation des femmes au parlement.
Mme Brigitte de l’UIP en abordant la question de participation des femmes au parlement à travers le monde. Il ressort de sa présentation que les pays de l’Amérique connaissent une forte moyenne des femmes au parlement par rapport aux autres continents. En Afrique subsaharien, le Rwanda a la plus la forte moyenne avec 61,3% de femmes au parlement. Il est suivi de la Namibie (46%) et de l’Afrique du Sud (42%).
Au Mali, le taux de la participation des femmes au parlement demeure très faible de 1960 à 1964 avec la présence d’une seule députée, AOUA KEITA. Elles étaient 2 femmes au parlement (Aoua Keita et Namissa Touré) de 1964 à 1967. Aujourd’hui, on compte 13 femmes sont actuellement au parlement malien sur 147 députés pour la législature 2014-2019.
Par ailleurs, sur 703 communes, on compte seulement 8 femmes maires. Sur les 10774 conseillers communaux, on compte 927 femmes soit moins de 10%. Parmi les 73 conseillers nationaux, il n’y a que 6 femmes.
Il ressort des différentes présentations que plusieurs facteurs expliquent la faible participation des femmes au parlement. Parmi ces facteurs, on peut retenir : les perceptions culturelles concernant le rôle des femmes ; manque de promotion des candidates ; les responsabilités familiales incompatibles avec le temps politique ; un moindre accès des femmes à l’éducation et à la formation ; le manque de moyens financiers et de réseau de solidarité, etc.
Face au défi de participation des femmes à l’Assemblée nationale, le gouvernement du Mali a fait adopter la loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures de promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Cette loi accorde désormais 30% des postes nominatifs et électifs aux femmes.
Selon des spécialistes, si les dispositions de cette loi sont appliquées à la lettre, on comptera 54 femmes au parlement malien à l’issue des prochaines législatives.
Pour relever ce défi de représentation des femmes aux instances de décision, le président de l’Assemblée nationale dira qu’il faut passer de l’égalité théorique de droits à l’égalité de fait comme prescrit par la constitution du 25 février.
«Il ne pourrait y avoir de vraie démocratie au Mali sans l’implication pleine et effective des femmes qui constituent plus de la moitié de notre population. Le rôle de la femme en politique, spécifiquement au sein du parlement doit être apprécié à sa juste valeur. Il ne doit en aucun cas être marginal. La femme malienne est même obligée d’être une actrice à part entière de la scène politique nationale voire internationale car c’est elle qui connait mieux que quiconque les vraies problèmes de notre société», a-t-il souligné.
La représente de l’UIP, Mme Brigitte Filion d’ajouter qu’un parlement où, les hommes et les femmes sont équitablement représentés est un parlement plus légitime et plus efficace.
Les multiples rencontres des autorités et surtout de l’Assemblée nationale sur la question du genre et l’adoption des mesures législatives prouvent qu’il y a une volonté politique pour relever le taux des femmes au parlement et aux instances de décision au Mali. Il reste à traduire cette volonté en actes.
A l’issue des travaux, les participants ont formulé une batterie de recommandations. Parmi celles-ci, on peut citer : la relecture du décret N° 2014-0368 PM RM du 27 mai 2014 ; l’application de l’article 22 du même décret ; l’opérationnalisation des organes du mécanisme institutionnel, dissémination de la politique nationale du genre et l’approche genre à tous les niveaux. S’y ajoutent, la formation des acteurs en vue de l’appropriation de l’approche genre en tenant compte des réalités sociales et économiques du pays ; l’allocation de ressources budgétaires pour le fonctionnement des comités sectoriels et des comités régionaux du genre ; la traduction de la 052 en langues nationales etc.
A.B.
Source : Le Serment du Mali