C’est le mardi 1er novembre 2016 que le nouveau bureau de l’Assemblée Nationale a été mis en place par 119 voix pour, 14 contre et zéro abstention. Et cela après plusieurs jours de conciliabules, de tractations, de combinaisons, de coups bas sur fond de revanche après le départ du RPM de ses 4 députés. Sans surprise, le géant RPM s’est taillé la part du lion, avec cinq vices présidences, la questure et quatre secrétaires parlementaires. Le RPM est suivi de son principal allié, l’APM, avec trois vices présidences, le deuxième questeur et un secrétaire parlementaire. Le troisième groupe parlementaire de la Majorité qui est l’ADEMA est resté égal à lui-même avec une vice-présidence et deux secrétaires parlementaires. Quant à la VRD, elle s’en sort tant bien que mal, elle aussi, avec une vice-présidence et deux secrétaires parlementaires. Le grand perdant aura été le nouveau groupe parlementaire ADP-Maliba-SADI, qui malgré ses 14 députés sonnés, n’a pas eu de vice-présidence. Il n’aura obtenu dans le bureau que le poste de dixième secrétaire parlementaire. Oumar Mariko et Amadou Thiam semblent avoir payé le prix de leur retrait de la majorité. Le RPM aura réussi à se venger de ses alliés d’hier qui ont regagné l’opposition.
L’Assemblée Nationale du Mali, conformément à son règlement intérieur, a renouvelé son bureau et ses commissions de travail pour l’année parlementaire 2016-2017. Cette élection a donné lieu à beaucoup de combinaisons, de tractations pour avoir plus de voix et une position confortable, soit dans le bureau soit dans les commissions de travail. C’est pourquoi, cette année il y a eu un remue-ménage tant au sein de la Majorité que de l’Opposition. Contre toute attente et pour la deuxième fois dans l’histoire du Mali démocratique, 4 députés du RPM, 4 de l’ADP Maliba et 5 du parti SADI ont quitté la Majorité pour l’Opposition. Ces deux partis ont ainsi créé leur groupe parlementaire dénommé ADP-Maliba-SADI et sont même parvenus à débaucher un député de l’URD, l’honorable Adama Paul Damango député de Bankass. Quant au groupe parlementaire ADEMA-ASMA-CFP, il a lui aussi connu une scission avec le départ de 4 députés ASMA pour le groupe parlementaire APM. Pour bon nombre d’observateurs, ce chamboulement est loin d’être fait pour le Mali ou pour la promotion de la démocratie ou même de l’Etat de droit, mais semble plutôt être fait pour des intérêts personnels de ceux-là même qui sont censés défendre le Peuple. A l’Assemblée du Mali, toutes les bagarres entre élus sont d’ordre pécuniaire et de positionnement. La preuve a été donnée par le parti majoritaire, le RPM au sujet de la première vice-présidence entre le sortant Mamadou Tounkara et l’honorable Moussa Tembiné. Ce dernier a fini par atteindre son objectif en devenant le premier vice-président de l’AN. Quant aux démissionnaires que sont l’ADP-Maliba et SADI, comme tout régime fort, « tu es avec moi on est ensemble, tu es contre moi je t’écrase ». Le groupe parlementaire ADP-Maliba-SADI n’a eu qu’un seul poste dans le bureau, le 10ème et le dernier poste de secrétaire parlementaire. Les quatorze voix qui ont voté contre la liste du nouveau bureau de l’Assemblée sont celles du désormais nouveau groupe parlementaire de l’opposition. Notre Démocratie est entrain de prendre un coup sérieux à cause du complexe de supériorité du RPM qui a si vite oublié les péripéties qui ont conduit IBK au perchoir en 2002 alors que son parti n’avait pas la majorité absolue. A-t-on oublié que c’est par un compromis qu’il est devenu Président de l’AN ? On se rappelle aussi que sous Alpha Oumar Konaré, l’ADEMA dans sa toute-puissance avec une écrasante majorité à l’AN, avait cédé par élégance démocratique la première vice-présidence à Me. Mountaga Tall du CNID quand le nombre des députés de celui-ci ne l’eût pas donné ce rang.
En somme, la boîte à pandore semble désormais ouverte à l’hémicycle. Avec plus d’une trentaine de députés à l’Opposition il est fort à parier qu’il y aura cette année des belles empoignades à l’Assemblée Nationale. Gare au membre du gouvernement qui trébucherait à son interpellation.
Youssouf Sissoko