Depuis ce mercredi 12 février 2014, l’Assemblée nationale du Mali respire à plein poumon après la mise en place de son bureau et la constitution des différentes commissions permanentes. Cette séance plénière faisait suite, faut-il le rappeler, à celle qui a vu l’adoption du règlement intérieur et la formation des différents groupes parlementaires.
A la lecture de la liste de bureau dirigé par l’honorable Issaka Sidibé, des observateurs politiques conviennent qu’il y a peu à redire au sujet de la répartition des places pour la raison que chacun des forces en présence au Parlement a été récompensé selon son poids. Ainsi donc, le groupe parlementaire RPM (60 élus) se retrouve avec 10 postes sur 19, l’APM (26 élus) s’en tire avec 4 postes. Le groupe parlementaire de l’opposition, la VRD (21 élus), s’arroge 2 postes, tout comme l’Adema-Pasj (16 élus). Le regroupement Fare-Sadi, qui compte 10 élus, ferme la marche avec 1 poste.
Le seul grief que l’opposition parlementaire a, à notre connaissance, retenu contre la composition du nouveau bureau, c’est le fait, dit-elle, d’avoir été écartée des deux postes de questeur. Cela, elle l’a regretté par la voix de l’Honorable Mody N’Diaye, un élu de l’URD. Au-delà de cette remarque du président du groupe parlementaire VRD, il faut dire que lors de la séance plénière du 12 février dernier, des députés, curieusement ceux de la majorité parlementaire, ont exprimé, dans les coulisses, leur déception quant au choix de certains membres du bureau. Choix qui, ont-il estimé, n’ont respecté aucun critère d’objectivité. C’est le cas d’un élu RPM et non moins président d’une commission de travail qui, entouré de quelques un de ses collègues et de certains confrères, a ouvertement dénoncé que Karim Keïta occupe par exemple la présidence de la Commission défense et de la sécurité intérieure, alors même qu’il ignore tout à ces deux notions. Selon lui, ce choix est d’autant contestable que leur groupe parlementaire compte parmi ses membres au moins un élu qui, toute sa vie professionnelle durant, n’a traité que des questions d’ordre sécuritaires. Il faisait ainsi allusion à l’honorable Niamey Keïta, un ancien policier de son état. Et notre interlocuteur de regretter que la volonté de changement qui a été exprimée par le peuple souverain du Mali après les évènements de mars 2012 et qui devait se sentir dans la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale soit ainsi foulée aux pieds.
Pour cet autre élu du groupe parlementaire APM, des députés de la mouvance présidentielle qui devaient «logiquement» jouer les premiers rôles dans le bureau en ont été injustement écartés et se contentent désormais des postes de présidents de Commission. «Le poste de président de commission, cela relève de notre niveau, mais pas eux. Ils méritent mieux.», s’est-il offusqué.
En tout cas, il faut dire que la main invisible de Koulouba dans la composition du bureau de l’institution parlementaire a été diversement appréciée au sein de son propre camp. L’implication de la Présidence aurait tellement causé de frustrations que certains observateurs de la scène politique nationale n’écartent même plus le risque pour la majorité que certains de ses élus viennent renforcer les rangs de l’opposition dans les jours à venir. Toute chose qui est d’ailleurs rare sous nos cieux. Pour d’autres, la nouvelle Assemblée nationale est bel et bien partie pour être une caisse d’enregistrement au profit du Pouvoir exécutif, en dépit de la volonté contraire que le président Issaka Sidibé avait exprimée, juste après son élection, lors de la toute première séance plénière de la de la session inaugurale.
Bakary SOGODOGO