Motion de censure contre le gouvernement Mara à l’assemblée nationale : L’opposition relaie les déceptions des Maliens

1
Assemblée nationale - repos
Assemblée nationale (photo archives)

Le Gouvernement est plus dans le discours que dans les actes concrets pouvant redonner espoir à un peuple meurtri et déçu au fil des mois. ” Rien ne marche ! “, lançait la semaine dernière un responsable de la société civile qui n’hésite pas à parler d’un risque de voir l’Etat en cessation de paiement dans les prochains mois. C’est ce constat qui a poussé les députés de l’opposition à introduire, le vendredi dernier, une motion de censure contre le gouvernement Moussa Mara. Comme pour donner un écho favorable aux plaintes de nombreux Maliens mécontents des neuf premiers mois de la gouvernance IBK.

C’est ce mercredi 18 juin 2014, en séance plénière à l’Assemblée nationale que la motion de censure déposée par les députés de l’opposition sera examinée. Même s’il est très peu probable que cette motion soit adoptée pour entraîner la démission du gouvernement, l’opposition ne comptant que 22 députés, l’acte a une symbolique assez forte : l’expression d’un courage politique et d’un désarroi d’un peuple malien impuissant  face une incapacité des gouvernants à améliorer son quotidien.

La symbolique forte de cette motion

Faut-il préciser  que pour que la motion de censure entraîne la démission du gouvernement, il faut qu’elle soit adoptée à la majorité des 2/3 des membres composant l’Assemblée nationale, soit avec 98 députés. Ce qui semble impossible pour un gouvernement soutenu par le RPM (70 députés), l’APM (27 députés), l’ADEMA (16 députés) pour ne citer que ceux-là.

Toutefois, il faut reconnaître  qu’après neuf mois d’exercice du pouvoir, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita peine à combler les attentes du peuple malien qui l’a plébiscité à plus de 77% des voix.

Cette motion de censure est déposée en application de l’Article 78 alinéa 2 de la Constitution et de l’Article 95 du Règlement Intérieur de l’Hémicycle. Le document énonce : “ La vie quotidienne des Maliennes et des Maliens est de plus en plus difficile : insécurité ;  précarité ; chômage des jeunes ; effritement du pouvoir d’achat ; malaise de l’école, etc.

Notre pays s’enfonce dans une crise économique, sociale et sécuritaire profonde marquée notamment par la mal gouvernance et  le quasi absence de dialogue politique”.

Le Mali dans l’impasse

Ainsi, soulignent ces représentants du peuple, depuis l’entrée en fonction du président de la République en septembre 2013, les Maliens subissent de plein fouet les effets des errements dans la conduite des politiques publiques.

Aujourd’hui, le pays n’a toujours pas un plan de sortie de crise et de relance de notre économie. “Le Mali se trouve dans impasse sur plusieurs questions : la gestion calamiteuse des finances publiques avec des dépenses extrabudgétaires importantes en si peu de temps ; l’école qui va mal avec des incertitudes de l’année universitaire 2014 et des examens du D.E.F et du BAC émaillés de fraudes graves sans précédent ; les mensonges au sommet de l’Etat (avion présidentiel, décision d’ouverture des hostilités à Kidal …etc.) ; le peu de lisibilité dans les négociations sur Kidal ; la quasi absence du dialogue politique ; la non approbation de la lettre d’intention avec le FMI ; la dégradation du pouvoir d’achat et l’absence de politique de relance de l’investissement et de la consommation ; l’insécurité grandissante dans les villes et campagnes ; la corruption généralisée et la totale opacité dans la passation de certains grands marchés de l’Etat “.

Lettre de cadrage politique

Pour l’opposition, les Maliens attendent que soient apportées des réponses appropriées et justes qui assurent l’investissement et la consommation. Il est urgent de mener une action d’envergure à effet immédiat des pouvoirs publics. “Et pourtant des solutions existent pour la prise en compte des préoccupations des Maliens et des Maliennes. Dans cette optique, il importe d’élaborer une lettre de cadrage politique définissant une vision claire prenant en compte les insuffisances constatées ci-dessus. Il s’agit de sortir de la léthargie dans laquelle notre pays se trouve actuellement. Sur la base de la lettre de cadrage sus visée, il conviendrait de soumettre diligemment un plan gouvernemental au Parlement pour approbation “, expliquent les responsables de l’opposition.

Par ailleurs, estiment-ils, il est impératif de relancer l’investissement tant public que privé. Précisons que ce sont 15 députés qui ont signé cette motion de censure. Ils précisent qu'”en déposant la présente motion de censure, les députés de l’opposition souhaitent faire usage des moyens que leurs donne la Constitution pour dénoncer les insuffisances actuelles constatées dans la conduite de l’Etat et présenter leurs propositions qui permettront de sortir de la crise économique, sociale et de gouvernance.

Pour tous ces motifs, nous demandons à l’Assemblée nationale de censurer le Gouvernement, en application de l’article 78 alinéa 2 de la Constitution “.

Il faut rappeler qu’au terme de l’article 95 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, les députés participent au vote de la motion en remettant un bulletin à un des secrétaires parlementaires qui le dépose dans une urne placée sur la tribune aménagée pour la circonstance avant d’émarger la liste des votants. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure.

La séance étant retransmise en directe permettra à l’opposition lors de la “discussion générale” d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à initier cette motion de censure.

Bruno Djito

SEGBEDJI

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. La symbolique de cette motion de censure (parce que cela va difficilement aboutir), exprime tout de même qu’on est dans le vrai exercice de la démocratie, plus de 20 ans après son ”avènement”. Notre révolution de 1991, il faut le rappeler, a été volée par les politiciens de l’Adema, du CNID, de l’UNTM, de l’AMDH et autres opportunistes. Elle a été ensuite décapitée par les militaires opportunistes dont vous connaissez la liste qui se sont, à leur habitude, trahis plus tard. Elle n’a jamais été complétée pour des raisons de cupidité des uns et de désamour de la nation pour d’autres. Puisse le Tout Puissant mettre en oeuvre le Plan merveilleux qu’il a pour notre pays au bénéfice de la classe pauvre sinon misérable !!!

Comments are closed.