Depuis un certain temps, l’honorable Mahamadou Hawa Gassama, surnommé «député étrangleur», ne dort que d’un œil. Et pour cause, son immunité parlementaire est fortement menacée. Selon nos informations, ce sont trois plaintes qui sont à la base du déclenchement de la procédure de levée de son immunité parlementaire. Une immunité qu’il risque de perdre. Et là, ce serait un bon carton jaune pour certains députés, notamment le turbulent Oumar Mariko.
En effet, l’honorable Mahamadou Hawa Gassama est accusé de «complicité d’assassinat» par Mme Maro Coulibaly suite à l’incendie de sa maison ; d’«escroquerie dans la vente d’une parcelle» à Bakary Badiaga Sylla et d’«usurpation de titre foncier» sur une parcelle sise à Fadjiguila Doumanzana en Commune I du District de Bamako. De ce fait, une Commission parlementaire sera mise sur pied pour entendre les plaignants et le député afin de soumettre un rapport appelant les honorables à voter pour ou contre la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Urd de Yélimané. Si tout se passe bien, cette Commission sera officiellement installée à l’Assemblée nationale lors de la plénière ce 13 novembre et aura un mois pour rendre son rapport. Une sérieuse menace pour ce «député étrangleur» qui se croyait intouchable par la justice malienne. On se souvient encore qu’il n’avait pas hésité à porter la main sur un confrère dans les allées de l’Assemblée nationale. Le voilà aujourd’hui rattrapé par son passé et on voit mal comment il pourra se tirer d’affaire.
Un carton jaune pour certains députés
Si ce qu’on peut désormais surnommer «l’affaire Gassama» vient d’être relancée et fait beaucoup de bruit notamment à l’Hémicycle. Elle est particulièrement intéressante à plus d’un titre. On se souvient tristement que certains honorables, profitant de leur immunité parlementaire, s’adonnaient à des pratiques qui laissent à désirer et qui déçoivent nos concitoyens. Du coup, la levée de l’immunité parlementaire de Mahamadou Hawa Gassama, si elle aboutissait, serait un bel exemple pour des députés qui n’aiment pas souvent la quiétude dans ce pays. Nous pensons par exemple à l’ex-leader de l’Aeem, Dr. Oumar Mariko, actuel Secrétaire général du parti Sadi qui a, dit-on, le «virus d’opposant» dans le sang.
Ce Mariko, après avoir longtemps nagé dans le marigot de l’opposition, a retrouvé son souffle en ralliant à toute vitesse la mouvance présidentielle à l’Assemblée nationale. Là encore, il rame à contre-courant. Sinon, comment peut-on prétendre être de la mouvance présidentielle et paradoxalement ne soutenir ses grandes décisions en ce qui concerne la vie de la Nation. Un petit exemple. Alors que le président IBK et son Premier ministre Moussa Mara s’évertuaient pour que le Conseil de sécurité de l’Onu puisse accorder un nouveau mandat aux forces de la Minusma, Oumar Mariko demandait le départ de ces forces du territoire malien.
En effet, dans la Déclaration de politique générale, le Premier ministre Moussa Mara soutenait : «Nous comptons travailler avec les équipes de la Minusma et nous allons nous employer dans les plaidoyers pour que cette Mission soit dotée d’un nouveau mandat plus axé sur l’accompagnement de notre pays dans le recouvrement de sa souveraineté sur son territoire». Le Premier ministre manifestait ainsi sa volonté de voir la Minusma obtenir un autre mandat. Et voilà que cette volonté de Moussa Mara et, partant, du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéïta, a été exaucée, car le mandat des forces de la Minusma a été renouvelé. Au grand dam du Secrétaire général du parti Sadi, Oumar Mariko ! Celui-là même qui recommandait le départ des forces Serval et de la Minusma. Il convient désormais de l’appeler «opposant-militant de la mouvance présidentielle».
Autre fait : on se rappelle qu’après le coup d’Etat du 22 mars 2012, alors que certains présidents de la Cédéao venaient dans notre pays pour s’enquérir de la situation réelle qui y prévalait et tenter de trouver des solutions idoines à la crise à travers le dialogue, les militants du Mp22 – dont Mariko est l’un des ténors – avaient épaulé les putschistes pour que leur avion n’atterrisse pas à l’aéroport international de Bamako-Sénou.
De toutes les façons, cette menace de levée d’immunité parlementaire de Gassama doit donner beaucoup à réfléchir à Oumar Mariko, surtout qu’il se murmurait dans la capitale qu’il est dans des «connexions mafieuses» avec les groupes armés du Nord du Mali.
Bruno E.LOMA