Après le tsunami politico-institutionnel que le pays a connu avec le coup d’Etat du 22 mars, il est plus que souhaitable que les nouvelles institutions du Mali soient plus fortes. Qu’elles s’assument davantage. Ce constat s’impose encore plus pour l’Assemblée nationale dans la mesure où les observateurs s’accordent à dire que l’institution n’a pas occupé toute sa place sous le régime défunt.
Sur certains dossiers brûlants comme l’adoption contestée du Code des personnes et de la famille, le projet de réformes institutionnelles, la situation sécuritaire au nord des voix se sont élevées après la crise pour reprocher à l’Hémicycle de n’avoir pas voté une motion de censure contre le Gouvernement sous le président ATT. Même si la représentation nationale estime avoir fait des efforts à travers les questions orales et les interpellations, on estime que Bagadadji pouvait mieux faire.
Le pronunciamiento du 22 mars 2012 et le changement qu’inspirait l’élection du nouveau président de la République ouvrait la voie à une nouvelle espérance pour le peuple malien. Même si après près de 80 jours à la tête du pays, IBK n’est pas encore parvenu à imprimer une nouvelle marque à la marche du pays, on peut croire que l’Hémicycle ne sera plus comme avant. D’abord, on peut parier que certains des députés qui seront issus des scrutins législatifs du 24 novembre et 15 décembre font relever le défi d’une nouvelle gouvernance plus soucieuse de son image au sein de l’opinion. Si des leaders comme Soumaïla Cissé de l’URD, Dramane Dembélé de l’ADEMA-PASJ,Dr Oumar Mariko de SADI, Me Mountaga Tall du CNID-Faso Yiriwa Ton, Housseinou Amion Guindo dit Poulo de la CODEM, Konimba Sidibé du MODEC, Madani Tall de l’ADM, ajoutés à des têtes brûlées comme Djiguiba Kéita dit PPR du PARENA, Baba Haïdara dit Sandy de l’Um-RDA, Moussa Tembiné du RPM et d’autres parvenaient à l’Hémicycle, les débats parlementaires seront certainement plus corsés et auront des répercussions positives sur la gouvernance du pays.
Par ailleurs, avec la boulimie et la condescendance décriées chez l’ogre RPM, le parti présidentiel lors de la constitution des listes de candidatures, on constate que tous les partis alliés du locataire de Koulouba se battent durant cette campagne pour parvenir à tirer leur épingle du jeu.
Il s’agit pour des partis comme l’ASMA-CFP de Soumeylou Boubèye Maïga, Yelema de Moussa Mara, le CNID de Me Mountaga Tall, la Codem de Housseinou Amion Guindo dit Poulo, l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, le MODEC de Konimba Sidibé, la SADI de Oumar Mariko de se battre de toutes leurs forces pour arriver chacun à se constituer un groupe parlementaire. Ce qui leur donnera à coup sûr une marge de manœuvre suffisante pouvant les amener éventuellement à prendre leur distance vis-à-vis du pouvoir.
Cette hypothèse est fort plausible et se murmure déjà dans certains états-majors comme la CODEM où des voix s’élèvent pour dénoncer le complot que les responsables du RPM sont en train d’ourdir pour démolir le leader du parti de la quenouille, député sortant de Sikasso, non moins 7ème vice-président de l’Hémicycle. En clair, pour l’entourage du président de la CODEM, si les ministres RPM manigancent les choses jusqu’à empêcher l’élection de leur leader, “la CODEM sera amenée à revoir sa position vis-à-vis du pouvoir du président IBK… “, a lâché un haut cadre du parti.
En définitive, la nouvelle Assemblée nationale a des défis importants à relever en terme de réformes institutionnelles et d’amélioration de la gouvernance. Ces défis ne pourront être relevés que si les députés qui seront élus lors des prochaines législatives ne sont pas conscients de l’énormité de la tâche qui les attend.
Bruno D SEGBEDJI