Le président de l’Assemblée nationale à propos de la lutte contre la corruption : "Les résultats sont insignifiants, voire nuls"

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L’Assemblée nationale abrite depuis hier un séminaire sur "la sensibilisation des députés sur le renforcement du rôle du parlement dans la lutte contre la corruption". Deux jours durant, les parlementaires apprendront à maîtriser bon nombre de concepts et d’outils pour parvenir pleinement à l’élaboration, au suivi et au contrôle des politiques publiques. La cérémonie d’ouverture qui était présidée par le Président de l’Institution, Dioncounda Traoré a enregistré la présence du ministre porte-parole du gouvernement, de plusieurs députés, des PTF et de plusieurs personnalités impliquées dans la lutte contre la corruption.

Le souci de la transparence dans la gestion des ressources publiques est une préoccupation des acteurs politiques, économiques et sociaux du Mali. L’urgence du renforcement des organes, structures et acteurs chargés d’animer et de conduire l’action publique visant à garantir l’utilisation régulière, efficace et efficiente des finances de l’Etat est un souci constant pour les autorités.

    

  Au Mali, le rôle de l’Institution parlementaire dans le jeu institutionnel, républicain notamment dans le contrôle de l’action de l’Exécutif, de l’avis de beaucoup d’acteurs politiques et de personnalités de la société civile, est capital. C’est pourquoi, la tenue de ce séminaire permettra de sensibiliser les députés sur les actions initiées en matière de lutte contre la corruption au Mali ; de familiariser les députés et les personnels de l’administration parlementaire avec les missions des grandes institutions de contrôle des finances publiques notamment leurs possibles concours au renforcement de l’exercice des prérogatives parlementaires dans la lutte contre la corruption et enfin, faire des recommandations pour le Parlement et les députés à l’attention des acteurs politiques et de la société civile en matière de lutte contre la corruption.

 

Introduisant les débats, le Président de l’Assemblée nationale, le Pr. Dioncounda Traoré a donné des définitions de la corruption. Citant le dictionnaire le "Petit Larousse", il désigne la corruption comme une "action de corrompre quelqu’un en le soudoyant pour qu’il agisse contre son devoir". Selon le "Lexique Termes juridiques, 10ème édition  1995", Dioncounda affirme que la corruption est le "comportement pénalement incriminé par lequel sont sollicités, agréés ou reçus des offres, promesses, dons ou présents, à des fins d’accomplissement ou d’abstention d’un acte, d’obtention de faveurs ou d’avantages particuliers.

 

Elle  est dite passive lorsqu’elle est le fait du corrompu, elle est dite active lorsqu’elle est le fait du corrupteur". Pour en venir au cas typiquement malien, Dioncounda a fait ressortir un certain nombre d’appellations; commission 10%; coup de piston, dessous de table et en bamanankan sourafin, c’est-à-dire, ce qui se donne la nuit, discrétion oblige. Mais aujourd’hui, selon le Président de l’Assemblée nationale, ce qui se donnait la nuit (sourafin), se donne le jour, au vu et au su de tout le monde, si bien qu’il est devenu "tilé fè fin".

 

Visiblement très à l’aise sur le sujet, le Président de l’Assemblée nationale de marteler : "La corruption affecte la légitimité sur le plan politique, engendre la démoralisation du citoyen et constitue un frein pour le développement. Depuis des décennies, la lutte contre la corruption a été lancée mais les résultats sont insignifiants voire nuls. Cependant, la corruption n’est ni une fatalité ni une malédiction. Elle peut être combattue avec une volonté politique ferme et institutionnelle. Nous disposons de l’arsenal juridique pour ce faire". Et le Président de s’interroger : "Quelle est l’image du cadre qui détourne les fonds publics pour financer une campagne électorale ? ", "En tant qu’interface entre l’Etat et les citoyens, le député ne doit-il pas dire la vérité aux populations ? ". Ces questions qui ont suscité des applaudissements des députés, sont cependant restées sans réponse.

Quant à Mme Mbaranga Gasarabwe, Représentant Résident du PNUD au Mali, elle a rappelé le thème de la journée internationale de lutte contre la corruption : "Ne laissons pas la corruption tuer le développement" avant d’ajouter que : "ce séminaire qui sera animé par d’éminentes personnalités, permettra de favoriser une prise de conscience plus accrue du Parlement, en vue de donner une chance réelle à la lutte contre la corruption au Mali".

 

Le conseiller technique du Renforcement des Capacités de l’Assemblée nationale (RECAN), Sékou Mamadou Chérif Diaby, a indiqué qu’ "un Parlement démocratique est une institution représentative de la volonté politique et de la diversité sociale de la population et assume de façon efficace ses fonctions législatives et de contrôle, à l’échelon tant national qu’international. Plus important encore, un tel parlement est aussi transparent, accessible et rend compte de ses activités aux citoyens".

Ce séminaire de deux jours a été organisé avec le concours des partenaires que sont le PNUD, le Danemark et la Belgique.

Diakaridia YOSSI

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