Enfin, la loi historique sur le quota des femmes aux postes nominatifs et électifs a été adopté le jeudi 12 novembre 2015 par l’Assemblée Nationale à 115 voix pour 22 contre et 3 abstentions. Par ce vote les députés maliens viennent d’engager une pomme de discorde entre le Gouvernement et les tradi-conservateurs, certains chefs religieux et hommes politiques. Les questions qu’on est en droit de se poser sont celles entre autres de savoir si nos élus ont pris l’incidence de cette loi sur nos coutumes et surtout mesuré à sa juste proportion ses conséquences sur la stabilité de nos foyers dont les femmes en sont les véritables piliers ? Les religieux favorables ont-ils pris de l’argent, quand on sait que cette loi n’est nullement différente de celle qu’ils ont refusée avec ATT ? Peut-on réellement appliquer à la lettre cette loi et cela sur toute l’étendue du territoire national ?
Ces questions méritent vraiment d’être posées quand on sait que rares sont les femmes engagées en politique en raison des pesanteurs socioculturelles. Un adage ne dit-il pas que la femme a une triple casquette : celle de mère, d’épouse et de sœur, qui lui donne un poids incommensurable, dans notre société. Elle est l’épicentre du foyer, tout commence par elle et tout se termine par elle. Comme pour dire qu’il n’y a nulle prétention à minimiser le rôle combien de fois important de la femme dans la société malienne multiséculaire. Cependant l’adoption d’une telle loi ne peut conduire qu’à la dislocation de la famille dite africaine au nom d’un universalisme des valeurs. L’Occident dont le combat pour l’égalité des genres homme-femme est contraire aux valeurs africaines et religieuses, qu’elles soient judéo-chrétiennes ou musulmanes, a dès le départ mal posé la problématique des rapports du genre. Doit-on se comparer à la France où la notion de famille est si galvaudée que le premier français, François Hollande ne s’est jamais marié, mais qui reste pourtant bon père de quatre enfants et reçoit nos présidents en visite d’Etat avec leur épouse sans être accompagné ? Notre « DAMBE », loin de réduire la femme à une simple expression comme prétendent dire certains, est notre identité et notre marque de fabrique. L’occident oserait-il imposer ce genre de lois aux pays arabes ? Loin de nous, cette misogynie ambiante, nous voulons juste que les valeurs qui ont brillé de mille feux et qui ont fait notre fierté soient sauvegardées au lieu d’aller à vau l’eau. Nos élus sont en train de prendre une lourde responsabilité face l’histoire, leur acte qui donne déjà sujet à interprétation, risque de diviser la société en deux camps comme le code des personnes et de la famille l’a fait sous ATT. Ce dernier a fini par retirer le fameux code pour manque de consensus. L’inquiétude vient moins des poste nominatifs qu’électifs. Si nul ne conteste le droit de la femme au travail et à une promotion administratif, en revanche, on voit mal l’opérationnalisation d’une telle mesure à des postes électifs où le genre n’est pas le facteur déterminant. Le constat dans notre société est que les femmes n’arrivent toujours pas à concilier une vie politique active à une vie familiale des plus réussies. Cela s’expliquerait sans nul doute par les innombrables réunions politiques nocturnes, les déplacements fréquents mais aussi et surtout les mensonges et les fourberies du jeu politique qui sied moins aux femmes qu’aux hommes.
C’est pourquoi en définitive, l’adoption d’une telle loi ne peut être qu’une étape et son application en sera toujours une autre. Le Président de la République doit montrer le chemin surtout à la veille du remaniement ministériel tant attendu en appliquant son quota de 30 % qui équivaudrait à 10 femmes sur 30 ministres.