Le ministre de la sécurité face aux députés : “L’enfer est pavé de bonnes intentions”

0
Achèvement et pérennisation du RAVEC : On y travaille
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le général Sada Samaké

Prévue le jeudi 16 avril 2015, la séance de questions d’actualité à l’A. N. à laquelle le gouvernement Modibo Kéita était conviée a eu lieu le vendredi après que les députés eurent exigé la présence du PM, précédemment représenté par le ministre du Travail. Cette interpellation attendue par les populations s’articulait autour de la pénurie du passeport et de la carte d’identité ; l’insécurité qui gangrène Bamako et tout le pays en général.

Toutes choses qui relèvent de la responsabilité du département de la Sécurité et de la Protection civile, dirigé par le général Sada Samaké, le principal visé. Il n’était pas ce vendredi à sa première apparition devant l’A. N., mais sur une deuxième interpellation en dix mois pour les mêmes préoccupations.
A l’entame, il y a eu une batterie de questions furieuses de députés, de l’opposition comme de la majorité, accablant le chef du département de la Sécurité et de la Protection civile qui n’aurait pas, selon eux, honoré ses engagements aux termes de sa précédente interpellation sur les spéculations sur le passeport et la carte d’identité.
Le général Samaké a affirmé qu’il n’y a pas de pénurie (manque ou rareté) de passeports au Mali ou de cartes d’identité nationale. Selon lui, la demande de ces documents est conséquente depuis un moment, mais, dira-t-il, la quantité disponible aujourd’hui peut éviter la situation que nous vivons actuellement.
Selon ses dires, près de 50 000 cartes d’identité et 17 000 passeports étaient disponibles lors de sa visite à l’émigration et à la section nationale des cartes d’identité le mercredi 15 avril 2015. Il a confirmé la spéculation autour des documents par des agents en charge de leur confection. Aussi, il a dénoncé l’attitude des citoyens qui acceptent de collaborer avec ces agents corrompus.
Le ministre Samaké a une fois de plus rappelé à l’opinion nationale le prix officiel du passeport et de la carte d’identité nationale. Selon lui, la carte d’identité nationale est cédée à 1700 F CFA (1000 F pour la carte elle-même ; 500 F CFA et 200 F CFA pour les timbres respectivement sur la carte et sur la demande). Quant au passeport, il coûte 50 000 F CFA. Il a informé les élus que tout agent pris pour tentative de spéculation sera puni.
Le ministre a fait savoir qu’il se bat de toutes ses forces pour en finir avec les litiges sur ces documents. Il a signalé que 242 agents ont été pris la main dans le sac, dont 34 placés sous mandat de dépôt. Il a révélé le cas du 6e arrondissement dont il a été témoin.
Lors de cette visite, il s’est rendu compte de l’ampleur de la spéculation. Sur son insistance, une citoyenne lui a avoué avoir acquis la carte à 4000 F CFA. Sans autre forme de procès, il a relevé tous les agents de la section identité ainsi que le commissaire. Le constat a été encore plus amer lors de son passage à l’émigration mercredi dernier. Là, selon le ministre, un supposé chef, réputé dans les sales besognes, s’est enfermé dans un bureau jusqu’à son départ du service.
Il a révélé de même qu’environ 3000 passeports confectionnés sont en souffrance entre les mains d’agents de l’émigration. Le chef du département de la Sécurité a promis aux députés la fin du calvaire du passeport et de la carte d’identité, en s’engageant à n’épargner aucun fraudeur.
Sur l’affaire d’un véhicule dans laquelle est impliqué le directeur général de la police, l’inspecteur général Hamidou Kansaye, le ministre a informé qu’une procédure judicaire est en cours pour clarifier la situation. Il a néanmoins renouvelé sa confiance en M. Kansaye qui, selon lui, est en train de redonner à la police nationale ses lettres de noblesse.
Le patron du département de la Sécurité a, pour finir, présenté ses excuses à toutes les victimes de la corruption ou d’autres torts causés à elles du fait des agents placés sous son autorité. Il a donné l’assurance que la normalisation de la situation se fera dans les jours à venir.
Sur l’insécurité, il a reconnu une certaine défaillance et assuré que les forces de sécurité sont à pied d’œuvre pour la quiétude de la population.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Maliki Diallo

Commentaires via Facebook :