La nouvelle Assemblée Nationale : Comment l’ADEMA a raté le coche

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Les résultats définitifs du second tour des législatives sont proclamés depuis le vendredi dernier. Et depuis, les partis qui siègeront à l’Assemblée au cours des cinq prochaines années, tout comme les 147 députés, sont connus par les maliens.

L’ADEMA-PASJ, le grand favori de la compétition, se taille, à elle seule, 51 députés. Un nombre jugé insuffisant par les ruchers, qui pensent qu’ils pouvaient engranger la majorité absolue. Ce qui pourrait être vrai, tant le parti n’a pas lésiné sur les moyens pour conforter cette ambition. Mais qui tenir pour responsable de cette débâcle électorale, lorsque les Adémistes eux-mêmes qui, ont été peu réalistes, et conséquents?

Un rêve brisé

Autant l’ADEMA reste la première force politique, autant elle reste parti qui avec bon nombre de transhumants politiques. Aussi, elle a souvent du mal à trouver sa voie, malgré sa forte implantation sur le territoire. Ce qui est dû au mauvais score réalisé par les abeilles, à l’issue des législatives. Comment en est-on arrivé là ?

Le parti a pêché depuis la phase de constitution des candidatures. A ce niveau, le premier coupable est le Comité Exécutif du parti, qui aura laissé entrevoir, tout au long de ces législatives, son incapacité à faire régner l’ordre dans la ruche. Comme conséquence, on assistera à une floraison des candidatures fantaisistes, toutes choses qui n’ont pas manqué de susciter l’ire des électeurs.

En effet, comment comprendre le silence assourdissant de la direction nationale du parti, face à l’investiture de candidats qui sont à deux ou trois mandats successifs de député ? En analysant la situation, on se rend compte que c’est dans les localités où de tels cas se présentaient que le parti a échoué. Et pour cause, les militants ont, dans la plupart des cas, fait savoir leur ras- le -bol face à cette ”dynastie” de députés à vie, à la direction du parti, sans que cette dernière ait daigné lever le petit doigt.

On apprend d’ailleurs que l’un de ces députés “éternels”, qui s’était représenté de nouveau cette année, aurait vendu un de ses biens immeubles entre 50 et 70 millions F CFA, pour parvenir à ses fins. Cette large autonomie donnée aux structures de base, si elle est, quelque part, une bonne chose- démocratie oblige- peut parfois aussi s’avérer un couteau à double tranchant. Et c’est avec ce couteau que l’ADEMA s’est elle-même amputée dans les localités où elle a perdu. C’est le cas à Sikasso, Yorosso, Macina, Niono, Bafoulabé, Djenné… la liste n’est pas exhaustive !

Autre raison ayant conduit à l’échec de l’ADEMA : la mauvaise alliance qu’elle a tissée avec certains partis. En effet, comment l’ADEMA, première force politique, et l’URD, qui occupe le second rang, aient pu être battues à Goudam ?
Goudam, ville du Président du Haut Conseil des Collectivités, (côté ADEMA), et de Oumar Ibrahim Touré, Ministre de l’Elevage, (côté URD). Cet échec dénote une réalité.. Soit l’alliance entre ces deux formations politiques n’a pas été bien scellée, soit le choix de candidats mieux représentatifs a fait défaut.

En la matière, les corrections infligées par les électeurs sont sans appels. Les ruchers l’ont appris à leur dépens. Mais au delà de tous ces clivages, ce qui ne doit plus être accepté au sein de la ruche est l’ambition personnelle affichée par nombre de ses dirigeants. En effet, on peut évoquer tout motif de la piètre prestation des ruchers sauf le manque moyens.

Dans les coulisses, on apprend que l’ancien Président, Alpha Oumar Konaré, aurait déboursé des centaines de millions pour que Dioncounda et ses hommes fassent mention honorable à la ruche, à l’issue des législatives. C’est ainsi que les structures de base, c’est-à -dire les sections, auraient réçu de l’argent pour mobiliser les troupes. Aussi,tous les candidats auraient été financièrement dotés pour ratisser large. Mais hélas, ce fut l’effet boomerang.

Certains candidats, sachant qu’ils n’ont pas assez de chance de passer, ont tout simplement dilapidé cet argent. Que les ruchers n’aillent donc pas chercher ailleurs de boucs émissaires, car le responsable de l’échec de l’ADEMA n’est autre que l’ADEMA.

Adama S DIALLO

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