Gouvernance en matière de sécurité et de défense du territoire : Pour des députés mieux outillés et un contrôle parlementaire renforcé

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La gestion des dossiers sécuritaires et des stratégies de défense du territoire est souvent classée comme une des prérogatives exclusives du pouvoir exécutif, sous le prétexte que les représentants du peuple, les parlementaires n’ont pas l’expertise nécessaire pour  y jouer un grand rôle. Ce qui conduit à bien de défaillances. C’est contre cette monopolisation en " domaine réservé du Gouvernement " que bien des voix s’élèvent. C’est aussi l’objet de l’atelier parlementaire régional ouvert hier, lundi 28 novembre, au Grand Hôtel de Bamako sous la présidence du Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale du Mali.

 

Cette importante rencontre, organisée par l’Assemblée nationale du Mali, en collaboration avec le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF-Genève), l’Union interparlementaire, le Réseau africain du secteur de la sécurité (ASSN), fait suite à celle similaire tenue à Dakar l’année dernière et qui a mis  la disposition des parlementaires un guide spécial. Le présent atelier vise à familiariser nos députés avec les recommandations et orientations contenues dans ce "guide parlementaire pour le contrôle de la sécurité".

Pour l’honorable Dioncounda Traoré, cette réunion traduit l’importance que nos parlements attachent à la prévention et à la résolution des défis sécuritaires qui interpellent les pays de la sous-région. "L’atelier que nous organisons aujourd’hui s’intègre ainsi à une dynamique de réflexions et d’échanges au niveau régional visant à permettre aux parlements de notre région de mieux maîtriser toutes les facettes du contrôle parlementaire du secteur de la sécurité ". Et le président de l’Assemblée nationale de mettre l’accent sur les recommandations et conclusions de la réunion de Dakar : le rôle des partenaires tels que le DCAF et l’IUP à mener le travail de sensibilisation et de coordination nécessaires auprès des présidents des parlements nationaux et du parlement de la CEDEAO pour la mise en place de ce mécanisme dans les meilleurs délais ; l’édition de recueils des législations nationales en matière de défense et de sécurité dans les différents pays, de sorte à favoriser leur harmonisation ; la réalisation d’une étude comparative du fonctionnement des commissions en charge de la défense et de la sécurité dans les différents pays de l’Afrique de l’Ouest. "Vous aborderez également la question du contrôle budgétaire du secteur de la sécurité, thème qui, j’en suis certain, retiendra toute votre attention… ", a-t-indiqué.

Dans son intervention au nom de l’Union interparlementaire, la 2ème vice-présidente de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, l’honorable Mme Kombi Aline Koala, a dénoncé la recrudescence de l’insécurité susceptible de déstabiliser nos fragiles démocraties. Elle a fustigé les menaces terroristes, la piraterie maritime et a appelé à une mobilisation internationale pour mettre hors d’état de nuire les terroristes et autres bandits qui troublent le sommeil de nos paisibles populations. Mme Koala a aussi touché du doigt la nécessité pour les pouvoirs exécutifs de mettre en œuvre des mesures fortes pour sécuriser nos pays. " Que le secret défense ne donne pas lieu à des magouilles et à un laisser-aller… ".

L’UIP, a-t-elle assuré, en collaboration avec les structures comme le DCAF, le parlement de la CEDEAO, le Réseau africain du secteur de la sécurité, ne ménagera aucun effort pour aider nos parlementaires et les gouvernants à prendre le dossier sécuritaire par les cornes et à lui trouver une solution définitive.

Pour le Directeur adjoint Afrique et Moyen-Orient du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), Dr Jean-Jacques Gacond, l’une des dimensions-clé dans l’amélioration du contrôle démocratique est le renforcement des capacités parlementaires. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, ce guide se veut un outil pour renforcer la capacité des parlements en matière de contrôle parlementaire de la défense et de la sécurité. " Cette réunion abordera en utilisant le guide déjà mentionné la question importante de comment renforcer l’habilité et l’autorité des parlements au niveau régional et national dans le domaine de la paix et de la sécurité, l’importance du contrôle budgétaire dans le domaine de la défense et la sécurité et la question du genre dans la bonne gouvernance de la sécurité ", a souligné M Gacond.

D’autres intervenants, dont Dr Boubacar N’Diaye, le Représentant du Réseau africain du secteur de la sécurité (ASSN), ont souligné la nécessité de démystifier la gestion des questions de sécurité et de défense. Pour lui, il faut aider les parlementaires du continent à faire de la sécurité, un véritable bien public.

 

Bruno D SEGBEDJI


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