Le Forum de Kayes sur " le dialogue intercommunautaire sur la paix et la sécurité : les litiges fonciers intercommunautaires et transfrontaliers et la cohésion nationale entre les communautés nord et celles du Sud ", organisé par l’Assemblée nationale avec le concours financier de la Suisse, s’est ouvert hier mercredi 1er février, à l’Hôtel Kamankolé Palace de la Cité des Rails. Présidée par le 3ème vice-président de l’Hémicycle, l’honorable Hamadaou Sylla, représentant le président de l’institution empêché, l’ouverture de cette rencontre de haut niveau a enregistré la participation de plus sieurs députés, des officiers supérieurs de l’Armée nationale, des autorités administratives de la région et de plusieurs personnalités. Ce forum a permis aux élus de la nation d’appeler le gouvernement à mieux impliquer les populations dans la prévention et la résolution des conflits.
En ouvrant les travaux de ce forum, l’honorable Hamadfaou Sylla a déclaré que cette rencontre sur le dialogue intercommunautaire se tient à un moment crucial de la vie du pays et de l’espace sahélo-sahélien. " En effet, l’année 2011 qui vient de s’achever, a été marquée par un déficit pluviométrique qui a engendré de mauvaises récoltes et présage un déficit alimentaire, qui, si des mesures appropriées ne sont pas prises pour endiguer les effets, affectera l’ensemble des populations maliennes ", a-t-il expliqué.
Et le 3ème vice-président de l’Assemblée nationale d’ajouter que depuis un certain temps, au niveau transfrontalier, les conflits entre les communautés sont de plus en plus fréquents. De même, faut-il rappeler que des éleveurs mauritaniens, dans leur transhumance, se retrouvent en plein cœur du territoire malien – avec tentes et animaux – entrainant souvent des conflits sanglants autour des pâturages. Aux frontières guinéenne et ivoirienne, a-t-il poursuivi, se déroulent et de façon cyclique des conflits autour des terres de culture. "Cette situation s’empire avec les incursions sporadiques de bandits armés créant la terreur au niveau des communautés vivant aux frontières avec la Côte d’ivoire, la Guinée, la Mauritanie et le Niger. Enfin, les refugiés mauritaniens, qui se sédentarisent de plus en plus, viennent-ils renforcer la pression sur les terres cultivables " a souligné Hamadaou Sylla.
Au niveau interne, expliquera-t-il, les communautés vivent des problèmes fonciers cruciaux. Les manifestations paraissent multiformes. Le développement du banditisme, l’insuffisance des zones de pâtures avec la désertification et la désertisation des espaces de pâture traditionnels, l’exploitation minière avec le déguerpissement de populations de leur terre de culture n’en sont que quelques.
Pour animer ce forum, a précisé le représentant du président de l’assemblée nationale, l’Hémicycle a fait appel à d’éminents experts " dont la connaissance et l’intérêt pour le sujet font d’eux des sommités dans le domaine. Je vous invite donc à un débat franc, fécond et fécondant. Faut-il rappeler que l’Assemblée nationale et le Haut Conseil des Collectivités, à travers le Comité de suivi, attachent du prix aux recommandations qui en seront issues ".
Et l’honorable Sylla d’exprimer la gratitude du peuple malien à la représentante de l’Ambassade suisse. Mme Carole Motte, dans son intervention, a mis l’accent sur le dialogue qui favorise la culture de la paix. Même son de cloche chez le ministre David Sagara chargé de la Décentralisation et le maire de la ville de Kayes qui ont, l’un après l’autres, insisté sur la nécessité de prévenir les conflits à travers les échanges, les concertations entre les différentes communautés du pays.
Pour le ministre Sagara, des stratégies comme la méthode GENEVICO (Gestion non violente des conflits), l’approche participative dans la définition des politiques de développement, la politique de coopération internationale, le choix des politiques de développement, l’approche systémique dans la politique démographique, etc doivent être examinées par les participants à ce forum.
Pour sa part, le maire de la commune urbaine de Kayes, Abdoulaye Camara, le forum sur le dialogue intercommunautaire sur la paix et la sécurité suppose le renforcement de la cohésion sociale des "territoires pertinents" et espaces de "relations économiques" constitués par les populations.
"De nos jours, la globalisation, le développement socio-économique des villes, l’urbanisation, les déplacements de populations et le changement climatique ont profondément modifié le paysage social traditionnel de sorte que nous sommes contraints à réinventer qu quotidien des modes de cohésion sociale, environnementale et économique entre les communautés ", a précisé l’édile de Kayes. Pour lui, l’absence de paix se confond souvent à un déni d’autorité de l’Etat et peut se révéler explosive en cas de crise majeure.
Bruno D SEGBEDJI
Envoyé spécial