Formation du bureau de l’Assemblée nationale : Des tractations nocturnes à l’Hémicycle

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Au lendemain de la proclamation des résultats définitifs de l’élection des députés à l’Assemblée Nationale dans la nuit du vendredi 12 août au samedi 13, des tractations ont commencé entre les forces politiques pour un accouchement sans douleur du 1er bureau de la 4ème législature. Les protagonistes ont jeté leur dévolu sur les locaux de l’Hémicycle de Bagadadji pour y tenir des réunions nocturnes.

Mais peut-on faire des omelettes sans casser d’oeufs?

VERS LA FORMATION D ’UN BUREAU CONSENSUEL

Faire des omelettes sans casser d’oeufs, c’est à ce exercice difficile et à la fois périlleux que les forces politiques présentes à l’Assemblée Nationale se livrent en ce moment. Pour ce faire, des négociations nocturnes ont débuté, selon nos informations, dans les locaux de l’Hémicycle de Bagadadji le lundi dernier.

En marge de ces tractations de nuit, le Comité Exécutif (CE) de l’Alliance pour la Démocratie au Mali Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-PASJ) a mis en place une commission de négociations aux fins de donner au parti de l’Abeille Solitaire toutes les chances de remporter les postes les plus convoités du bureau de l’Assemblée.

Le bureau consensuel en gestation sera présidé selon nos sources par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le président sortant. Pourquoi IBK va-t-il se succéder? La réponse à cette question traduit tout le poids politique de l’homme. Quoi qu’on dise le président du RPM reste un homme d’Etat. Ancien ministre des Affaires Etrangères, ancien Premier ministre pendant six ans et président du parti au pouvoir à savoir l’ADEMA (de 1993 à 1999).

LE TEMOIGNAGE DE CERTAINS DEPUTES

Et durant les cinq dernières années qu’il vient de passer à la tête de l’Assemblée Nationale, des députés témoignent qu’il a rehaussé l’image du pouvoir législatif et a demandé à l’exécutif les meilleures conditions de vie et de travail de ses collègues.

N’est-ce pas lui qui est l’initiateur de la révision de la loi organique du 05 mars 2002 afin de revoir à la hausse les indemnités de représentation des députés de 300 000 à 500 000F/mois et de l’institution d’une prime forfaitaire dite individuelle d’équipement de 10 millions de F CFA par député pour chaque législature? Mais malheureusement, la Cour Constitutionnelle a rejeté la proposition des députés. C’est tout cela qui plaide en faveur d’IBK.

LE SCENARIO ENVISAGE

En échange de la présidence qui doit revenir à IBK, l’ADEMA gardera jalousement la questure tenue actuellement par Mahamadou Cissé dit “Bagagnoa”, député élu dans la circonscription électorale de Kayes. Le 2ème questeur est un élu de l’URD qui pourra également se succéder. En plus de poste de questeur adjoint, le président de l’URD, M. Younoussi Touré, élu député à Niafunké pourrait être le 1er vice-président de l’Hémicycle.

Dioncounda Traoré de l’ADEMA le 2ème vice-président. Compte tenu de son expérience à l’Assemblée Nationale, Me Mountaga Tall du CNID, selon nos sources, sera le 3ème vice-président. La quatrième vice-présidence pourrait revenir au groupe des indépendants. Le MPR qui est la 4ème force parlementaire occupera la cinquième vice-présidence et le poste de 1er secrétaire parlementaire. Mais puisque nous sommes sur un terrain politique, ce qui est vrai la nuit peut charger le jour. Rien n’est donc joué.

LES DEUX POSTES LES PLUS CONVOITES

A notre avis, la présidence de l’institution ainsi que la questure sont les deux postes les plus convoités du bureau de l’Assemblée Nationale.

Le président est la première personnalité de l’institution lors des plénières, c’est lui qui préside les séances. Financièrement, le président a des avantages matériels que les autres membres n’ont pas.

La loi organique du 05 mars 2002 fixant le nombre, les conditions d’éligibilités, le régime des inéligibilités et des incompatibilités, les conditions de remplacement des membres de l’Assemblée Nationale en cas de vacances de siège, leurs indemnités et déterminant les conditions de la délégation de vote en son article 17, chapitre VI, stipule que le président de l’Assemblée Nationale perçoit une indemnité parlementaire mensuelle calculée sur la base de l’indice hors échelle 1050.

Il bénéficie également d’une indemnité de session de 20 000 F CFA/jour comme tous les autres députés. Outre, l’indemnité de session, il bénéficie d’une indemnité mensuelle forfaitaire de représentation de cent mille francs CFA. Le président de l’Assemblée Nationale est aussi ordonnateur du budget.

Quant au questeur, il se fait appeler le puissant argentier de l’institution. A ce titre, tous les députés passent un à un dans son bureau pour percevoir leur dû. Tout de même, d’autres procèdent par virement bancaire. Le questeur est en contact permanent avec les opérateurs économiques de la place qui lui font la cour afin de bénéficier des marches.

Voilà pourquoi la questure et la présidence sont les deux postes les plus convoités de l’Assemblée Nationale.

4ème LEGISLATURE : 15 PARTIS POLITIQUES PLUS UN GROUPE D’INDEPENDANTS

L’ADEMA, avec 51 députés est le parti majoritaire de fait à l’Assemblée Nationale. Il est suivi par l’Union pour la République et la Démocratie (URD) qui a obtenu 35 députés. Hormis le groupe des indépendants qui ont eu 14 élus, le Rassemblement pour le Mali (RPM) avec 11 députés est la 3ème force de l’Hémicycle. Le Mouvement patriotique pour le Renouveau est la 4ème force politique parlementaire avec ses 8 députés.

Il est suivi par le Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID-FYT) qui eu 7 députés au sortir des législatives de juillet 2007. Le parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) et le parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) ont obtenu chacun 4 députés. L’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) avec ses trois députés est la 8ème force parlementaire.

Le Parti pour la Solidarité et le Progrès (PSP), le Mouvement pour l’Indépendance, la Renaissance et l’Intégration Africaine (MIRIA) et le Bloc des Alternances pour le Renouveau, l’Indépendance et la Coopération Africaine (BARICA) ont obtenu chacun deux députés.

Le Rassemblement National pour le Démocratie (RND), le parti Citoyen pour le Renouveau, l’Union Soudanaise- Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA), et le Bloc pour la Démocratie et d’Intégration Africaine (BDIA-FJ) obtiennent chacun un élu à l’Assemblée Nationale. Ce sont donc ces quinze partis politiques plus les indépendants qui siègeront à l’Hémicycle pour les cinq années à venir.

Daba Balla KEITA

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