Ce début de mandature à l’hémicycle n’est pas de tout repos pour les nouveaux élus. La rude bataille de formation des groupes parlementaires, qui s’annonce déjà difficile, laisse très peu de marge de manœuvre aux petites formations politiques et à leurs élus. Tous les coups, dit-on, sont permis dans ce marigot politique, les petits poissons sont ingurgités par des gros caïmans. D’ailleurs on veut même amener à dix (10) le nombre requis de députés pour former un groupe parlementaire. Volonté des grands.
Après le débauchage, le cafouillage. Plutôt le tripatouillage des textes. Car, le nouveau locataire de Koulouba, Ibrahim Boubacar Kéïta, veut changer les règles du jeu. Selon de sources bien introduites, il aurait instruit d’augmenter le nombre de députés requis pour former un groupe parlementaire pour, dit-on limiter le nombre des groupes parlementaires, austérité budgétaire oblige. Ainsi, de 5 députés sous l’ancienne législature, les groupes parlementaires passeront désormais à 10 élus, obligeant les formations à se regrouper autour des partis leaders.
Dans cette optique, IBK envisage le maintien derrière le manteau du RPM des groupes politiques, qui ont soutenu sa candidature à l’élection présidentielle de juillet et août 2013. Il s’agit des trois groupements politiques, communiés au sein de la coalition ‘’Mali d’abord’’. D’une part le bloc « IBK Mali 2012 », constitué du RPM, de l’UM-RDA et du MIRIA et d’autre part le bloc des nouvelles formations politiques qui ont jeté leur dévolu sur sa candidature en 2013. A savoir : l’ASMA-FC de Soumeylou Boubeye Maïga et de l’ADP- Maliba, du richissime minier Aliou Badra Diallo. Enfin, le troisième bloc sera constitué des nouveaux alliés du second tour, ainsi que d’autres formations qui voudraient prendre en marche le train de la mouvance présidentielle, dont une partie de l’ADEMA PASJ. En arrêtant cette formule, IBK entend primo clarifier ses relations avec ses partenaires pour s’accorder les violons en vue d’éventuelle formation de l’attelage gouvernemental. Secundo, mettre dans un seul panier ses réels soutiens pour constituer une véritable majorité parlementaire lors des débats parlementaires sur les projets de son gouvernement à l’hémicycle. Ainsi que dans la prise d’initiative de nouveaux projets de lois et de renforcement de la haute Cour de Justice devant interpeller l’ancien président de la République, ATT pour haute trahison.
En somme, la stratégie utilisée, si elle est passée, consistera à former une équipe homogène autour du parti présidentiel. Il s’agit, en d’autres termes, de constituer des lignes d’attaque, de médiane et de défense suffisamment costaudes pour affronter l’opposition, conduite par son challenger malheureux, Soumaïla Cissé de l’URD. Etant donné que les deux hommes se connaissent bien pour avoir milité, cheminé dans le même parti, qu’est l’ADEMA-PASJ.
En outre, Soumaïla Cissé a été six ans ministre de l’Economie et des Finances doublé de casquette du Commerce dans le gouvernement dirigé par un certain Ibrahim Boubacar Kéïta. L’excellent orateur et grand connaisseur des dossiers, qu’est Soumaïla Cissé ne cache pas ses ambitions d’embourber les ministres du gouvernement Tatam Ly sur de nombreux dossiers, pour se positionner avant le rendez-vous présidentiel de juillet 2018. Les débats et empoignades annoncés dans l’hémicycle aiguisent déjà des appétits.
Mohamed A. Diakité