Le Mali traverse, depuis le 17 janvier 2012, la plus grave crise de son existence, marquée par des attaques puis l’occupation des 2/3 de son territoire par des groupes terroristes (AQMI, MUJAO, MNLA, Ançar Eddine, Boko Haram…). Pour mettre fin à cette crise et organiser des élections, les députés ont donné leur caution au gouvernement pour sa feuille de route.
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Les événements des 21 et 22 mars 2012 ont engendré une rupture de l’ordre constitutionnel normal et créé une crise institutionnelle et politique.
Suite à la médiation de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) s’est engagé, le 1er avril 2012, à travers une déclaration solennelle, à rétablir l’ordre constitutionnel normal.
La mise en œuvre de cette déclaration solennelle a fait l’objet de l’Accord-cadre du 6 avril 2012 qui prévoit, entre autres, la mise en place des organes de la Transition. Ainsi, le Président de la République par intérim et le Gouvernement d’union nationale ont notamment été investis de deux missions spécifiques à réaliser au cours de la période transitoire : le rétablissement de l’intégrité du territoire national et l’organisation d’élections libres et transparentes.
L’Accord-cadre, validé par la CEDEAO, l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, prévoit, entre autres, l’élaboration d’une feuille de route pour la transition.
Ce document, destiné à servir de cadre de référence à l’action gouvernementale, définit les orientations stratégiques et les priorités du Gouvernement durant cette période de transition politique.
Des progrès significatifs ont été réalisés en ce qui concerne le rétablissement des Institutions de la République et leur fonctionnement régulier.
La présente Feuille de Route indique les objectifs poursuivis et le calendrier des activités que le Gouvernement entend mener dans le cadre de l’accomplissement de ses missions.
Elle a été élaborée par le Gouvernement à l’issue d’un processus participatif de concertation des Forces vives de la Nation, y compris notamment les regroupements politiques et les organisations de la société civile.
Elle s’articule autour des deux missions spécifiques susmentionnées (I) et des autres défis que doit relever le Gouvernement (II).
I. Les deux missions spécifiques du Gouvernement de transition
Il s’agit du rétablissement de l’intégrité territoriale du pays et de l’organisation d’élections libres et transparentes.
1. Le rétablissement de l’intégrité du territoire national
Le Gouvernement se félicite du soutien de l’ensemble de la communauté internationale pour la reconquête du Nord, qui consacrera le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali. Dans le cadre de la Résolution 2085 du 20 décembre 2012 du Conseil de Sécurité de l’ONU, l’appui de l’Armée française et des forces africaines de la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA) aux forces nationales de défense et de sécurité permet d’envisager, à brève échéance, la libération totale du territoire national.
Le Gouvernement continue de privilégier le dialogue avec les groupes qui ne mettent pas en cause l’intégrité territoriale et la Constitution du Mali.
Il poursuit les objectifs suivants :
1.1. (i) libérer les zones sous contrôle des groupes armés grâce à l’appui de l’armée française et des forces africaines de la MISMA (ii) mettre en place un dispositif de défense et de sécurité permettant d’assurer la paix et la quiétude, conditions indispensables pour le retour de l’Administration, des personnes réfugiées et des personnes déplacées (iii) mettre l’Armée à niveau pour assurer ses missions, par sa restructuration, le rétablissement de sa cohésion, son réarmement moral, l’amélioration de son cadre de vie, la qualité de son recrutement, sa formation, y compris aux droits de l’homme, et son équipement ;
1.2. entamer le dialogue, avec comme préalable :
– la renonciation à la lutte armée, aux revendications indépendantistes ou fédéralistes ;
– l’adhésion au principe que les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis pendant la période de belligérance ne devront pas rester impunis ;
– l’adhésion aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit ;
– l’adhésion au caractère unitaire de l’Etat malien ;
– le respect de toutes les dispositions de la Constitution du Mali, en particulier le caractère d’Etat laïc et unitaire de la République du Mali.
Les discussions pourront porter sur (i) l’approfondissement du processus de décentralisation (ii) la prise en compte des spécificités régionales dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques (iii) le développement des infrastructures, notamment le désenclavement et l’exploitation des ressources naturelles.
Une Commission Nationale de Dialogue et de Réconciliation sera mise en place dans le courant du mois de février 2013. Sa composition sera inclusive. En particulier, y seront représentées les femmes et toutes les communautés des régions du Nord du Mali ;
1.3. organiser le retour de l’Administration dans les zones qui seront libérées. A cet effet, un comité de réflexion est à pied d’œuvre au Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire. Un programme de réhabilitation des infrastructures sera par ailleurs mis en chantier afin que l’Administration retrouve au plus vite ses capacités dans les régions libérées ;
1.4. assurer le retour volontaire des réfugiés et déplacés des régions du Nord et leur réinsertion. En attendant, l’assistance humanitaire se poursuivra à leur endroit ;
1.5. mettre en œuvre un programme de dialogue intra et intercommunautaire pour restaurer la cohabitation et le vivre ensemble entre populations des régions du Nord et entre populations du Nord et du Sud. Le Gouvernement appuiera ce dialogue ;
1.6. lutter contre l’impunité et poursuivre devant les juridictions compétentes nationales et internationales les auteurs de tous les actes de violation des droits humains et en particulier les violences faites aux femmes et aux enfants.
2. L’organisation d’élections libres et transparentes
2.1. Le Gouvernement de transition est déterminé à assurer la transparence et la crédibilité des prochaines élections et à permettre à toutes les maliennes et à tous les maliens en âge de voter de jouir de leur droit d’exprimer librement et équitablement leurs suffrages.
Les élections présidentielles et législatives doivent se tenir sur toute l’étendue du territoire national.
Afin de garantir la neutralité du processus électoral, ni le Président de la République par intérim, ni le Premier ministre, ni les membres du Gouvernement ne pourront être candidats à ces élections.
2.2. Quelques réformes politiques permettront :
– d’améliorer le système électoral par une loi fixant le régime général des élections ;
– d’assurer l’expression plurielle des courants de pensée par une loi relative à la communication audiovisuelle ;
– d’organiser les professions de la presse par une loi relative au régime de la presse ;
– d’assurer la répartition équitable du temps d’antenne au sein de l’audiovisuel public ;
– de conférer un statut aux partis politiques de l’Opposition et au Chef du principal Parti d’Opposition.
2.3. Le Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, en rapport avec les partis politiques et la société civile, examinera l’importante question de la révision de la composition de la CENI.
2.4. Le fichier biométrique semble avoir l’adhésion de tous. Un audit du fichier existant et l’évaluation des données du Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil (RAVEC) ont été réalisés. L’enrôlement en cours des Maliens vivant en Côte d’Ivoire permettra de parachever le RAVEC.
L’établissement du fichier biométrique et des cartes d’électeurs est en cours selon le calendrier suivant :
Opérations : Calendrier :
– Audit du fichier et parachèvement du RAVEC : Novembre-décembre 2012
– Etablissement du fichier biométrique : Décembre 2012-février 2013
– Confection de cartes d’électeurs : Décembre 2012-avril 2013
2.5. Un calendrier indicatif des élections tenant compte des délais prescrits par la loi et de la réunion des conditions nécessaires pour organiser les élections dans le Nord fera l’objet de concertations avec la classe politique. Ce calendrier figure en annexe. Il comporte toutes les activités séquentielles nécessaires à l’organisation des élections présidentielle et législatives. Il est indicatif et fera l’objet d’un suivi périodique du cadre de concertation Gouvernement-Partis Politiques.
3. Les autres défis
Ils concernent les autres défis ci-après que le Gouvernement doit s’efforcer de relever :
3.1. Assurer la sécurité physique pour tous les citoyens
Les forces de défense et de sécurité effectuent quotidiennement des patrouilles de sécurisation des personnes et des biens dans les grandes villes, dont Bamako, afin de prévenir des actes de banditisme. Ces patrouilles, qui jouent un rôle dissuasif, seront étendues aux autres localités du pays.
3.2. Assurer la paix sociale
La période de transition est marquée par le ralentissement des activités économiques et la suspension des aides budgétaires, voire de certaines coopérations au développement.
Elle n’est donc pas propice à des revendications catégorielles. Afin d’assurer la paix sociale, le Gouvernement poursuivra avec les syndicats de travailleurs des secteurs publics et parapublics un dialogue social franc et constructif.
3.3. Assurer la relance de l’économie
La crise a eu des conséquences graves sur l’économie et l’emploi. Pour arrêter la dégradation de la situation économique et de l’emploi, le Gouvernement prendra des mesures visant à aider les entreprises à surmonter leurs difficultés, en rapport avec le Patronat.
Une stratégie de relance économique permettant en particulier l’insertion professionnelle des jeunes sera mise en œuvre en coopération avec le secteur privé.
3.4. Restaurer l’Etat de droit
Les évènements du 22 mars 2012 et ceux du 30 avril 2012 ont entraîné des arrestations extrajudiciaires, des détentions sans jugement et d’autres exactions.
Le Gouvernement entend remédier à cette situation, en accélérant la restauration de l’Etat de droit.
A cet égard, il prendra toutes les dispositions idoines pour prévenir et punir toute violation des droits de l’homme.
3.5. Amener nos partenaires à reprendre la coopération au développement
A l’attention des Partenaires Techniques et Financiers, il convient de souligner que les Institutions de la République fonctionnent à nouveau, que l’Etat de droit se construit et que la gestion des ressources publiques est conforme aux normes et pratiques de la bonne gouvernance. C’est pourquoi, le Gouvernement souhaite que soit envisagée, par nos partenaires, la reprise rapide de la coopération avec notre pays et pour que les aides budgétaires permettent au Gouvernement de réaliser sa Feuille de Route.
Le Gouvernement envisage la mise en place d’un Fonds Fiduciaire pour le financement des dépenses du budget d’Etat 2013 qui ont pour but la stabilisation de l’économie pendant la période de crise. Il s’agit d’un programme de soutien à la Facilité de Crédit Rapide.
Le Gouvernement invitera les Partenaires Techniques et Financiers à contribuer à ce Fonds.
3.6. Poursuivre la lutte contre la corruption, le népotisme et l’exclusion
Rien de durable ne peut être entrepris sans une lutte implacable contre ces fléaux. Il y va de la crédibilité de nos Institutions. Il s’agit là de la condition sine qua non de la restauration indispensable de la confiance entre les populations et les Institutions.
Des actions encore plus vigoureuses seront engagées dans ce sens.
3.7. Améliorer les conditions de vie des populations du Nord
L’occupation du Nord de notre pays par des terroristes a créé une grave crise humanitaire. Pour faire face à cette situation, les réponses suivantes seront apportées par le plan de contingence élaboré par le Gouvernement et ses partenaires.
Aide d’urgence
Le Gouvernement continuera de fournir aux personnes réfugiées, aux personnes déplacées et aux familles d’accueil une aide d’urgence sous la forme de denrées alimentaires et de produits de première nécessité.
Il poursuivra la sensibilisation pour inciter au retour des populations déplacées ou réfugiées, l’organisation et la mise en place de la logistique nécessaire à un bon retour dès que les conditions de sécurité le permettront.
Education
Elle consiste à permettre aux enfants des personnes réfugiées ou déplacées de bénéficier de leur droit à l’éducation. Un réaménagement du calendrier scolaire 2012-2013 sera fait en cas de nécessité en faveur des élèves des zones d’insécurité ou sous occupation, après la libération totale du Nord du pays.
Santé
La crise a conduit au recentrage du plan opérationnel 2012-2013 sur les activités pouvant être menées à travers les ONG et les collectivités territoriales avec l’appui des partenaires. Les actions en direction du Nord sont menées par des missions médicales à travers des couloirs humanitaires organisés par le Gouvernement et des ONG nationales et internationales. Les ripostes aux épidémies se poursuivront à travers les ONG présentes sur le terrain.
Le Plan d’Urgence élaboré pour préparer la réponse au conflit est actuellement mis en œuvre. Il comporte notamment la prise en charge des victimes civiles et militaires.
Energie et eau dans les grandes agglomérations du Nord
Les infrastructures de production et de distribution de l’électricité et de l’eau ont souffert de la crise. Elles seront réhabilitées, en rapport avec les opérateurs concernés après la reconquête du Nord afin que les populations puissent continuer à accéder à l’eau et à l’électricité.
3.8. Après la phase d’urgence marquée surtout par l’assistance humanitaire aux personnes déplacées ou réfugiées, il conviendra de (i) créer les conditions pour le retour à une vie normale dans les zones libérées par la réhabilitation des infrastructures administratives, sécuritaires, économiques, sociales et culturelles et le redéploiement des agents de l’Etat et (ii) fournir une assistance à la réinsertion socio-économique des personnes qui ont perdu tout ou partie de leurs moyens de subsistance.
3.9. Sauvegarde de l’unité nationale et de la cohésion sociale
Le Gouvernement veillera à ce que la période de crise ne soit l’occasion ni d’exactions ni d’actes de vengeance préjudiciables à la cohésion de la Nation. Il poursuivra ses efforts de sensibilisation et de formation en direction des forces engagées sur le théâtre des opérations militaires. Il mettra en place, dès la fin des opérations militaires, un programme de dialogue ad hoc, afin d’apaiser les tensions intra et intercommunautaires et réussir ainsi la cohabitation et le vivre ensemble entre tous les Maliens.
4. Le financement de la Feuille de Route
Les actions prévues dans la Feuille de Route font l’objet d’inscriptions dans le budget d’Etat 2013 dont 174 milliards de FCFA au titre du rétablissement de l’intégrité du territoire national et 25 milliards de FCFA au titre des élections. Cependant, il convient de souligner que ces inscriptions ne couvrent pas la totalité des besoins. Le financement de la Feuille de Route sera tributaire du budget de l’Etat et des appuis extérieurs.
Dès lors, face à l’ampleur des besoins et à l’insuffisance des ressources propres du Mali, le Gouvernement envisage la tenue de tables rondes des bailleurs et amis de notre pays, afin d’obtenir le financement de la réhabilitation des infrastructures administratives, économiques, sociales et culturelles, de l’aide au retour des personnes réfugiées et déplacées, ainsi que de la réinsertion socio-économique des personnes affectées par la crise et de la relance des activités économiques.
Et oui, on reprend les mêmes et on continue. Des hommes comme des institutions effondrées sur leurs bases.
Ce Mali d’hier et d’aujourd’hui, est appelé à être maquillé et verni pour jouer la belle prostituée après le gigantesque folklore électoral à venir.
A l’affut des prébendes, tous les néocoloniaux se frottent les mains. la chasse électorale aux Maliens-gibiers promet. Et gare aux patriotes qui osent demander une refondation de la nation à partir de concertations populaires souveraines; un minimum quand on connait l’état de ruine du pays. Mais la bourgeoisie aux affaires n’en veut pas. Elle consent seulement au Capitaine Sanogo une mission de reforme de l’armée; un lot de consolation pour celui qui a été infoutu d’imposer au bon moment une ligne de rupture anti-impérialiste face à la réaction locale et sous-régionale qui le tiennent désormais en cage. Mieux on lui imputent tout et son contraire sauf le bénéfice de cette république pourrie à venir. A moins d’un sursaut salvateur!
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