A travers son discours d’ouverture de la session parlementaire d’avril, le président par intérim de l’Assemblée nationale du Mali, Younoussi Touré, bien qu’étant dans la dynamique du respect des calendriers électoraux, émet des réserves. Il a affirmé que les prochaines élections ne peuvent être un facteur de paix et de stabilité que si celles-ci concernent l’ensemble du territoire national.
Devant le Premier ministre Diango Sissoko et une brochette de députés, le président de l’Assemblée nationale a tenu un discours touchant toutes les questions d’actualité nationale. Il s’agit, entre autres, de la libération du pays, la tenue des élections, la crise sécuritaire et institutionnelle, la Feuille de route du gouvernement, les actions diplomatiques que l’institution mène pour soutenir la Feuille de route, et ce qu’il faut faire pour ne plus retomber dans l’humiliation.
S’agissant de la libération des régions occupées, Younoussi Touré s’est réjoui des derniers développements dans la reconquête des zones envahies. Une occasion pour lui de remercier la France pour la promptitude de son intervention, le 11 janvier dernier. Il a adressé une motion de félicitation à l’armée tchadienne et aux troupes de la Misma engagées sur le terrain. Il a tenu à rappeler que l’Assemblée a, en novembre 2011, à la suite d’une de ses missions, alerté les plus hautes autorités du pays sur les menaces que faisaient planer sur le pays les groupes lourdement armés venus de Libye. Avant de souligner que la prise du pouvoir par les militaires en 2012 a été condamnée par l’hémicycle. Pour le Président, ces évènements doivent permettre au Mali de tirer des leçons, pour que jamais nous ne revivions un tel effondrement politique, sécuritaire et moral. «Mais entendons-nous bien, les pays amis sont venus nous aider certes, mais pour nous remettre debout, faudrait-il que nous mêmes ayons la volonté de nous relever !», a-t-il laissé entendre.
Au sujet des élections générales de juillet 2013, le Président Younoussi Touré indiquera que pour nous relever, il faut œuvrer à la réussite de la mise en œuvre de la Feuille de route de la transition. Il s’agit, en priorité, du respect du calendrier électoral, notamment des élections devant se tenir en juillet 2013. Cependant, Younoussi avise qu’on ne doit pas tenir les élections pour le simple plaisir de le faire. Tout doit être mis en œuvre pour une préparation rigoureuse des élections à bonne date. «Pour nous, l’organisation des prochaines élections ne peut être un facteur de paix et de stabilité que si celles-ci concernent l’ensemble du territoire national et qu’il n’y ait pas un seul pan de notre territoire aux mains des assaillants», soutiendra-t-il.
Que la nouvelle armée respecte le principe républicain de soumission du militaire au pouvoir politique
A l’en croire, cela suppose que le drapeau malien flotte sur l’ensemble du pays, que l’administration soit redéployée à temps dans les zones libérées et que les déplacés et réfugies soient tous de retour dans leurs foyers respectifs. D’ores et déjà, le président de l’Assemblée nationale se félicite de la mise en place de la Commission dialogue et réconciliation, tout en souhaitant son opérationnalité dans un bref délai.
Pour la réussite de la mise en œuvre de la Feuille de route de la transition, afin d’organiser les élections libres, transparentes et crédibles, l’Assemblée a mené des actions diplomatiques. Il s’agit du renforcement de nos relations avec les parlements français, marocain, ivoirien, tchadien. En plus du Parlement de la Cédéao et celui de l’Union africaine.
Younoussi a appelé tous les Maliens à l’union sacrée afin de réussir les élections de juillet 2013. Ensuite, pour amorcer un dialogue politique sincère en vue d’une réconciliation effective des cœurs et des esprits. Il faudra également bien former, bien équiper et établir la discipline au sein de la nouvelle armée du Mali. Que cette nouvelle armée respecte le principe républicain de soumission du militaire au pouvoir politique. Et que le Malien soit bien éduqué, formé et attaché à sa patrie. C’est à ce prix que nous allons construire le Mali de notre rêve, précise M. Touré.
Faut-il le rappeler, ont pris part à cette ouverture de la session parlementaire d’avril 2013, les membres du Gouvernement, les délégations venues du Tchad, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Burkina Faso.
Oumar KONATE