L’Assemblée nationale était en séance plénière hier jeudi 16 juin. Au menu des deux questions orales, des délibérations sur des textes de lois et des communications. Les deux questions orales des députés Konimba Sidibé et Belco Bah, étaient respectivement adressées au ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le Général Kafougouna Koné et son homologue délégué auprès du Premier ministre chargé du développement intégré de la zone Office du Niger, Abou Sow. Ceux-ci ont eu du mal à convaincre, le premier sur les expropriations anarchiques diligentées par ” un sous-préfet prédateurs de terrains ” à Fana, le second se livrant plus à débiter l’histoire de l’Office du Niger qu’à répondre aux y afférentes.
Cette séance plénière, qui était présidée par le Pr Dioncounda Traoré, président de l’institution, a permis à la nation d’être édifiée sur la gestion des conflits fonciers en général et celle de l’Office du Niger.
L’honorable Konimba Sidibé, élu PARENA à Dioïla, a évoqué des cas d’ “expropriation forcée de paysans de leurs champs dans les communes de l’ex-arrondissement de Fana“. Et le député de souligner : “Quelles sont les mesures que vous avez prises pour annuler ces opérations d’expropriation et remettre les victimes dans leurs droits ? Qui sont les auteurs de ces expropriations et quelles mesures avez-vous prises pour les sanctionner et les mettre hors d’état de nuire à nouveau ? …“
Pour l’élu de Dioïla, le sous-préfet de Fana est à la base de ces expropriations anarchiques. Il a maquillé l’opération illégale de cession de terrain des paysans à d’autres personnes pour lui conférer un semblant de légalité. Il s’est rendu dans le village de Dien pour informer ses habitants que le gouvernement souhaite attribuer des champs aux Maliens chassés de Côte d’Ivoire pour qu’ils puissent survivre avant de repartir ailleurs. «Les villageois ont accepté cette opération de solidarité à caractère temporaire. De retour à Fana, le sous-préfet a rédigé une attestation de cession de terres par les villageois de Dien qu’il fit signer par le chef de village». Bref, par diverses manœuvres dolosives et même contraignantes, ce sous-préfet, malgré les conseils du préfet de Dioïla, a floué les paysans avec une liste fictive de rapatriés de Côte d’Ivoire ou de prétendus jeunes diplômés pour détourner plusieurs hectares attribués à d’autres bénéficiaires. Et le député d’indiquer qu’ “au mépris de toute orthodoxie, ce sous-préfet se livre sans retenue à une véritable spéculation foncière soutenue par une réelle campagne de trafic d’influence. Trafic d’influence, car il affirme bénéficier, à tort ou à raison, de la protection du couple présidentiel”.
L’honorable Konimba Sidibé a souligné que les efforts des députés du cercle Dioïla, des chefs de villages de Dien, des notables du village de Warsala et d’autres notabilité de la zone pour rencontrer le ministre dans le but de régler ces problèmes sont restés vains.
Le ministre Kafougouna Koné a reconnu qu’il est possible que des lettres aient pu lui être envoyées dans ce sens mais cela ne voulait pas dire qu’il n’a pas la volonté de trouver des solutions à ces problèmes. ” Au Mali, la terre appartient à l’Etat. Les paysans peuvent avoir des droits de jouissance, ce sont des propriétaires coutumiers. Personne ne peut faire d’expropriation sans les dédommager. Seul le titre foncier constitue un titre de propriété définitif. Si des maires, ou des sous-préfets disposent de ces terres, ils le font dans l’illégalité… “. Parlant des bornages des terres dans la zone, le Général Kafougouna Koné dira que le gouvernement a pris des mesures pour les interdire. Les conflits fonciers, a-t-il balbutié, sont quasiment liés aux difficultés dans la gestion des terres entre les voisins dans différentes régions du pays. ” Le Gouvernement fait des efforts pour améliorer la cohabitation entre les populations surtout dans les zones rurales ou les intérêts des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, des chasseurs peuvent souvent être en conflit. Nous évitons le plus souvent de trancher devant la justice car cela crée encore des frustrations ; nous allons par des négociations … “, a-t-il expliqué.
Après ces réponses, le député élu à Dioïla enfonça le clou. ” Force est de constater que votre département est resté sourd aux cris de détresse des pauvres populations des communes de l’ex-arrondissement de Fana. Cet immobilisme de votre département, nous l’avons vécu douloureusement à plusieurs autres occasions dont la crise post-électorale déclenchée par les mauvais perdants dans la commune de Massigui (dans le cercle de Dioïla) qui s’est traduite par une tentative de meurtre du maire. Celui-ci a été sauvagement agressé et laissé pour mort par ses perdants qui ont incendié sa voiture et son domicile». Et Konimba Sidibé de poursuivre que le comité directeur du PARENA avait rencontré le ministre à ce sujet et ils avaient sollicité l’intervention du ministre à temps avant que le pire ne se produise. «Vous n’avez rien fait et le pire s’est produit. Je m’en tiens à ce seul cas, faute de temps pour pouvoir énumérer tous les autres», a-t-il souligné. Toute chose que le ministre a passé sous silence lors de ses réponses. Il a toutefois accepté d’envoyer une mission (qu’il n’est pas sûr de diriger) à Fana pour régler les problèmes.
La seconde question orale, comme nous l’écrivions dans notre livraison d’hier, a mis aux prises le député Belco Bah, élu à Niono au ministre Abou Sow. Celui-ci a plus fait l’historique de l’Office du Niger qu’à répondre aux questions à lui posées.
Bruno D SEGBEDJI