Enfin, les députés restent jusqu’au 30 juin 2019 : A qui profite ce report ?

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Les députés au cours d'une session photo à titre illustratif)

La décision a été finalement prise de proroger le mandat des députés, lors du conseil des ministres du mercredi 24 octobre 2018. Elle est consécutive à l’avis n° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018 de la Cour Constitutionnelle favorable à la prorogation du mandat des députés au moyen d’une loi organique. Appréciée diversement par les acteurs politiques, cette décision pourrait-elle être gage de stabilité politique ? Certains n’ont-ils pas trouvé une occasion pour se positionner davantage ?

Officiellement, cette prorogation permettra au gouvernement d’apporter des solutions aux difficultés juridiques et techniques constatées dans l’organisation des élections des députés à l’Assemblée Nationale. Mais à analyser de près, ce report devrait permettre non seulement de satisfaire la demande de plus en plus pressante de l’opposition, ou du moins d’une frange importante, mais aussi et surtout à certains caciques de la majorité de se positionner davantage pour tirer tous les dividendes politiques.

Tout d’abord, ce report profitera au Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, qui aura le temps et les moyens financiers et humains nécessaires pour se renforcer et élargir sa base. Pour cela, il n’exclurait aucun stratagème et aucun parti pour pousser ses tentacules afin d’avoir une majorité conséquente lui permettant d’être incontournable. En ce moment il se vêtira du manteau de dauphin légitime d’IBK au grand dam des caciques du RPM comme son président Bocari Tréta et le jeune loup aux dents longues en l’occurrence Moussa Tembiné.

Après SBM, le report profiterait au Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, FSD. Soumaila Cissé et ses camarades pourraient s’estimer heureux d’avoir engrangé une précieuse victoire en obtenant du gouvernement le report des législatives. Car, si elles avaient eu lieu aux mois de novembre et décembre 2018 sans les partis du FSD, ses leaders en pâtiraient et cela exacerberait la crise post-électorale. C’est pourquoi le report passe pour être un véritable facteur d’apaisement politique et une remise en selle de certains acteurs. L’Opposition a désormais une bonne occasion de se faire une nouvelle santé politique et d’exploiter les failles de la Majorité pour s’adjuger beaucoup de sièges aux prochaines législatives.

A côté de ces deux heureux, il y a des blasés tant au sein de la Majorité que de l’Opposition. Ils sont nombreux, ceux qui croyaient avoir trouvé une occasion idoine de se faire un siège à l’Assemblée surtout avec le boycott de  l’Opposition, d’où la virulente réaction de certains leaders politiques qui se disaient opposer à toute idée de report. Ils prétexteraient de la violation de la Constitution, mais derrière ce prétexte, ils rêvaient d’une victoire éclatante et une promotion politique alléchante. Au sein de la Majorité c’est surtout certains barons du RPM, comme Tréta et au sein de la nouvelle opposition, il s’agit de Moussa Mara, de Housseyni Amion Guindo et d’autres. Après la décision du Gouvernement, les opposants au report vont-ils prendre leur mal en patience ou envisageront-ils des actions ? Wait and See.

Youssouf Sissoko

Youssouf@journalinfosept.com

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