Editorial : De Tacloban à Bagadadji

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Au regard du bilan des dégâts qu’il a causé, le passage du typhon Haiyan aux Philippines est en passe de devenir le plus sinistre événement de cette fin d’année. Surtout que ses conséquences néfastes continuent de se produire jusqu’à nos jours. Et ce, malgré le concours humanitaire des Etats puissants de notre monde.

 

Assemblee_nationaleComme si le malheur des uns suscite la curiosité des autres, les scènes de désolation que traversent les philippins sont devenues la chasse gardée des cameras de toutes les chaines de télévision étrangères. Des reporters sur le terrain, avec un seul leitmotiv : déshabiller la misère des sinistrés philippins, montrer au monde leur mal vivre, allumer les projecteurs sur leurs gymnastiques derrière les avions de ravitaillement des vivres alimentaires. Des images qui peuvent servir de décor à la campagne des élections législatives dans notre pays.

 

 

Dans les états major des partis et quartiers généraux de certains  candidats aux législatives, ils sont nombreux les vieux, femmes et jeunes à passer des journées entières en quête de pagnes ou autres gadgets de campagne.  C’est leurs droits. Affirment ceux qui sont doués en la matière. Pour eux, la période électorale est la seule propice pour trouver de l’argent en politique. Cette philosophie anime les politiques aussi. C’est pourquoi, cela est devenu un principe sacrosaint chez nous : une élection se gagne avec des gros moyens. Peu importe ses provenances, tant pis à la façon de les offrir.

 

 

Ainsi de la même manière que les télévisions étrangères se plaisent dans les scènes de misère, les politiques en quête de siège parlementaire s’en foutent de la pauvreté de leurs concitoyens.

 

Des citoyens, démunis, indignés mais indignes.

 

Qui perdent toute morale à cause de l’argent.

 

Qui écument tout bon sens civique au profit d’un quelconque gadget politique.

 

Qui troquent leur citoyenneté à la charité politicienne.

 

Ferment les yeux sur les impuretés des cadeaux offerts et ouvrent les narines pour sentir ses odeurs nauséabondes.

 

Ils sont avec les plus offrants, qui sont toujours les plus mordants une fois élus. Ceux là même qui mettent à profit les sessions parlementaires pour encaisser des sous auprès des gouvernants véreux. Et n’hésiteront pas à lever toujours les deux bras pour faire voter toutes les lois. Sans contre-pouvoir, comme récemment le pays replongera dans l’abîme. Comme aux Philippines, nous offrirons aux chaines étrangères des scènes de misère, d’attente des aides extérieures…

 

Il convient donc aux candidats en course pour Bagadadji et leurs ‘’fourbes’’ sympathisants d’éviter à notre pays, le décor de Tacloban.

 

 

 

Moustapha Diawara

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