En plus des dégâts matériels importants, des morts d’hommes et portés disparus, c’est désormais dans la stupeur que vivent les habitants des localités aurifères du Mandé. D’où l’audition du ministre des Mines à l’hémicycle ce matin.
La tension monte dans le cercle de Kangaba où gendarmes et orpailleurs continuent à se défier. Pour s’en convaincre, nous avons effectué une visite samedi dernier sur différents sites miniers et villages où la population a été la cible des gendarmes.
Kobada, Niéwleni, Banankoro et d’autres localités étaient toujours sous le choc et les habitants, par peur de représailles des gendarmes, avaient choisi en masse de se refugier dans la brousse. Premier constat dans ces localités très peuplé il y a quelques jours, les habitants manquent du minium et la vie semble s’arrêter tout d’un coup.
Pis, de nombreux commerces ont été brûlés. Les domiciles de plusieurs chefs de village gardent toujours les marques des gaz lacrymogènes et incendies. La mise place d’une commission d’enquête parlementaire a été demandée par de nombreux députés afin de mettre la lumière sur les événements qui ont causé beaucoup de dégâts.
Il est difficile de donner le bilan des personnes portées disparues ou celles qui ont trouvé la mort. “Ici, c’est la chasse à l’homme”, nous a confié un notable. C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale s’est saisie du dossier sans parvenir à avoir satisfaction lors des rencontres qu’elle a eues avec les deux ministres en charge de la question (Mines et Intérieur et Sécurité), qui semblent privilégier la force.
Méthodes cavalières
Le ministre des Mines, Dr. Boubou Cissé, sera auditionné aujourd’hui par la commission chargée des mines de l’Assemblée nationale sur la situation. Des proches du député élu à Kangaba, Mahamoudou Kéita nous ont confié la détermination de ce dernier à en découdre avec le jeune ministre. Mieux, il envisage même de l’affronter en questions orales pour éclairer l’opinion nationale.
Des sources bien introduites, le député et les élus du cercle de Kangaba disent ne pas être au courant de l’existence d’un arrêté ministériel interdisant l’activité d’orpaillage. Ce qui a été confirmé par le président du Conseil de cercle, Bakary Kéita que nous avons rencontré dimanche dernier.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons que la Chambre des mines aussi dénonce la façon cavalière avec laquelle Dr. Boubou Cissé gère ce dossier. “Nous sommes les premiers conseillers du ministre des Mines, mais nous ne sommes pas associés à la question”, a protesté un proche du président de la Chambre des mines.
En tout cas, sur le terrain, le silence de cette structure faitière est très mal interprété. A suivre dans nos prochaines parutions d’autres faits sur cette affaire qui risque de perturber la paix sociale dans le cercle de Kangaba et au-delà.
A. M. C.