Déclaration de politique générale : L’opposition rejette et s’explique

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l'opposition malienne (photo archives)

108 pour, 35 contre et zéro abstention. Voilà le verdict qui a sanctionné 9 heures de débats sur la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, le jeudi 15 juin 2017 à l’Assemblée nationale. Comme il fallait s’y attendre, l’opposition parlementaire a rejeté en bloc le document.

Le document de 33 pages que le PM a présenté à l’Assemblée nationale le 12 juin 2017 a fait l’objet de débats houleux, avant d’être soumis au vote. Parmi les députés votants, 108 ont voté pour, 35 contre et zéro abstention. L’Assemblée nationale compte 147 élus au total, avec une majorité absolue pour le RPM et ses alliés. Les députés ont touché toutes les questions portant sur la vie de la nation (la situation sécuritaire au Nord et au Centre, l’équipement et la formation de l’armée, la réconciliation, la justice, la cherté de la vie, l’école, l’énergie, l’accès à l’eau potable, la santé, l’économie, l’agriculture,  etc.).

Si la majorité présidentielle a salué la qualité du document, l’opposition parlementaire, vigilance républicaine et démocratique (VRD) n’a pas fait de cadeau à Abdoulaye Idrissa Maïga. Il a attaqué le document tant dans sa forme que dans le fond.

L’argumentaire de l’opposition

Pour l’opposition parlementaire, la DPG passe sous silence les questions brûlantes du moment. Ce document de 33 pages  donne l’impression d’un gros colmatage pour sauver le régime d’IBK, en mal de popularité, à 14 mois de la fin de son mandat. «La DPG n’assure nullement la prise en charge des préoccupations légitimes de nos populations. Elle manque d’ambition. Donc, aucune perspective crédible pour la  nation malienne. Ce qui indique que le changement attendu par notre peuple n’est manifestement pas votre priorité pour aujourd’hui. La présente déclaration engageant la responsabilité politique de votre gouvernement  pour une période maximale de 14 mois se présente comme celle où les préoccupations actuelles de notre peuple ne sont pas suffisamment prises en compte», a dit Mody N’diaye.

Et d’ajouter que  le désespoir du peuple malien s’explique par l’immobilisme du président de la République et de son gouvernement, soutenus par un manque de réponse aux besoins urgents du peuple. « D’abord, pour un Mali en paix, les mesures que vous préconisez sont tout simplement illusoires. En effet, que nous propose votre gouvernement? Rien que des missions de bons offices pour rendre effective la présence de l’État dans les zones du Nord, du Delta du Niger et de la boucle du Niger. Ceci dénote à suffisance l’inefficacité  des outils utilisés jusqu’à présent: un Accord pour la paix inopérant, une mise en œuvre de la loi d’orientation et de programmation militaire inefficiente malgré les moyens budgétaires  colossaux consentis ». Selon Mody N’diaye,  le référendum constitutionnel du 9 juillet prochain ne figure pas dans le document du PM. Cela prouve, dit-il, que ce processus n’est pas une priorité pour le gouvernement.

En plus des ces observations, dans son explication de vote, il  s’insurge contre ‘’l’inaction et le manque de vision’’ du gouvernement sur certains maux qui mine le régime d’IBK: la corruption, l’injustice, l’état de délabrement de l’armée, la no-modernisation de l’administration et de l’agriculture, la situation de la finance publique, etc.

Tout comme Mody N’diaye, Seydou Diawara et Amadou Cissé, tous du VRD, ont mis l’accent sur les insuffisances   du document du Premier ministre. Le premier a dénoncé le manque de résultats  des rapports  des différents services de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Avant de rappeler le sulfureux dossier des « engrais frelatés ou engrais de mauvaise qualité » ayant ébranlé l’opinion nationale en général et le monde paysan en particulier. Le second s’est, lui, interrogé sur l’insécurité grandissante sur le territoire national. Selon lui, on ne sait plus sur quel pied danser. Partant, il s’est interrogé si l’Etat peut organiser le référendum  à Kidal le 9 juillet prochain?

Le satisfecit de la majorité parlementaire

Pour les députés de la majorité parlementaire, les axes prioritaires de la politique générale du Premier ministre sont de nature à répondre aux préoccupations des Maliens.

De Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato  au président du groupe parlementaire Adema-Pasj, Issa Togo en passant par Zoumana N’Tji Doumbia,  Moussa Timbiné,  Fatoumata Niamaly, Moussa Diarra,  Mamadou Diarrasouba, Yiri Keïta,  les mots n’ont pas manqué pour saluer la qualité et la clarté du document présenté par le Premier ministre.

Pour le président de la Commission Travaux publics, Yiri Keita, les projets routiers retenus dans la DPG répondent à l’attente des objectifs de désenclavement intérieur et extérieur du Mali. Selon lui, le montant des projets de construction des routes s’élève à plus de 115 milliards de FCFA. A ce jour, 3400 logements sociaux sont disponibles.

Si Yiri Kéita  a salué les efforts en matière du désenclavement, le président de la commission des lois, Zoumana N’tji Doumbia,  a apprécié à sa juste valeur  l’engagement du président de la République et son gouvernement  pour le bien-être  et la sécurité des Maliens. Malgré cette volonté politique, le député de Bougouni attire l’attention du Premier ministre sur un certain nombre de dossiers. Ses préoccupations ont porté essentiellement sur le tard dans l’opérationnalisation des nouvelles régions administratives, le faible taux de présence des Maliens dans les organisations internationales, le problème du train voyageurs, la promotion des investissements et la sécurisation du cassier judiciaire.

Le Premier ministre rassure

Dans une démarche cohérente, le PM a répondu à toutes les préoccupations des différents intervenants en regroupant les préoccupations en 4 thématiques conformément à l’esprit de la DGP. Il a expliqué sa volonté d’améliorer la qualité des services publics pour une meilleure prise en charge des préoccupations de la nation, en droite ligne de la vision du président de la République.

S’il n’a pas donné de détails sur la politique sécuritaire, le Premier ministre a indiqué que l’Etat n’épargnera aucun moyen pour l’équipement et la formation des FAMa. Le PM reconnait que la situation sécuritaire au Nord et au Centre est grave. Il ne faut jamais dissocier cette situation du Centre de celle de Kidal. Il dit avoir entendu les cris de cœur de l’honorable Amadou Cissé de Téninkou, et a fait savoir que des dispositions sont prises pour assurer la sécurité de la population.

En réponse à la préoccupation de Mody N’diaye sur le projet de révision  constitutionnelle, Abdoulaye Idrissa Maïga  a fait savoir qu’il n’était plus nécessaire d’acter la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, qui a déjà fait l’objet de vote par l’Assemblée, à la DPG. Dans la même veine, il a invité la population à s’approprier le texte portant révision de la loi fondamentale. Le locateur de la Primature a assuré les députés que toutes dispositions seront prises pour la bonne organisation du référendum sur toute l’étendue du territoire national. A l’en croire, l’armée sera à Kidal, dans un premier temps sous forme de MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) et progressivement, l’armée elle-même.

Après le vote, Abdoulaye Idrissa Maïga  a exprimé toute sa gratitude et a renouvelé l’engagement du gouvernement à travailler avec toutes les composantes politiques  pour le bien du peuple malien. Avant de rassurer les uns  et les autres que les préoccupations non contenues dans le document seront examinées par les différents départements ministériels et auront une réponse à la mesure du possible. Le Président de l’Assemblée nationale a réaffirmé sa confiance et celle de la majorité présidentielle au Premier ministre.

Nouhoum DICKO

 

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