Déclaration de politique générale : La majorité approuve, l’opposition boudé

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Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maïga
Soumeylou Boubeye Maïga

Après la présentation de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le vendredi 20 avril 2018, les débats ont eu lieu le lundi 23 avril 2018, à l’Assemblée nationale du Mali 48 heures après conformément aux textes en vigueur. Comme on pouvait s’y attendre, cette DPG est passé comme lettre à la poste, malgré les observations et inquiétudes formulées par les députés surtout de l’opposition. Le texte a été adopté par la majorité des parlementaires, 109 voix pour et zéro abstention, tandis que les 35 députés de l’opposition lui ont refusé leur caution,  évoquant des insuffisances du texte et l’illégalité du gouvernement, entre autres. Et cela en dépit de l’élégance et le charme du PM, Soumeylou Boubèye Maïga, tout au long des débats.

Les travaux étaient présidés par le président de l’Hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé, en présence du PM et des membres du gouvernement au grand complet.
Durant une journée entière, les députés ont débattu à fond de la DPG, avec à la clé des questions, des critiques et des attaques çà et là. Si l’opposition l’a rejeté en bloc en expliquant qu’elle n’est pas convaincante, la majorité présidentielle l’a en revanche apprécié en se fondant sur sa clarté, son caractère ambitieux, son réalisme et sa conformité avec le projet présidentiel.
Les députés de l’opposition n’ont pas fait des cadeaux à leur visiteur. A l’image de l’Honorable Adama Kané du groupe VRD, qui a mis en garde sur les effets d’une crise post-électorale. Et son collègue Soyba Coulibaly d’écarter cette éventualité, mais au motif que les Maliens attentent de pied ferme la date du 29 juillet pour sanctionner le régime d’IBK d’une décision d’alternance. Quant à Seydou Diawara du même groupe, il a émis des doutes sur les chances d’un retour de l’administration au nord, avant que le Pr Kalilou Ouattara du groupe parlementaire ADP-Maliba/Sadi a mis en garde le Premier ministre ne prophétise un échec imparable dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Et pour cause, a-t-il expliqué, la condition sine qua non et primordiale pour la mise en œuvre dudit accord est le cantonnement et le désarmement des groupes armés. Or le gouvernement ne peut pas faire cela car la CMA est bien implantée. Il n’y a pas de Mali au nord, pas d’administration au nord, s’est-il indigné, en déplorant l’insécurité grandissante au septentrion. «Vous avez du pain sur la planche. Cependant, on vous présente comme un magicien. Et nous souhaitons que vous réussissiez pour le bien de nous tous au Mali», a déclaré l’ancien député du parti majoritaire.
Toutes ces paroles sont celles d’un perdant, aux yeux de Zoumana N’Tji Doumbia, président de la Commission Loi, qui juge la DPG du PM claire, ambitieuse, réaliste et réalisable. Comme Zoumana N’Tji, l’honorable Mamadou Diarrassouba estime que la DPG est en phase avec les préoccupations actuelles que sont les défis électoraux et sécuritaires qui assaillent le pays. Soufflant dans la même trompette que le Premier ministre, il soutiendra que la Mali ne va connaitre point de crise post-électorale et que les Maliens n’ont d’autre alternative que de s’unir et de se rassembler.
Quant au 1e vice- président de l’hémicycle, Moussa Timbiné, il s’est insurgé contre l’alternance tant prônée par l’opposition, en brandissant quelques acquis du quinquennat tels l’acquisition de matériels militaires et le dépassement des 200 000 emplois promis par le président IBK.
Dans ses éléments de réponse, le PM Soumeylou B Maïga a indiqué qu’il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre de l’accord de paix, avant d’assurer que les ressources nécessaires à sa mise en œuvre sont disponibles puisque budgétisées. Et de révéler que 281 milliards ont été mobilisés depuis la signature de l’accord.

Concernant l’opérationnalisation des nouvelles régions, il a indiqué qu’elle sera effective avant les élections locales et régionales prévue en 2019, quoique le processus devra passer par la création de nouvelles communes et préfectures.

Pour ce qui est de la sécurisation du centre, il a mis l’accent sur les efforts déployés par l’Etat, avec l’installation des préfets et sous-préfets ont été d’une dizaine de localité où l’Etat était absent. Et d’assurer que d’ici à fin Mai, la présence de l’Etat malien s’étendra sur toutes l’étendue du territoire. Les mêmes assurances ont été données sur le processus d’électoral dans le cadre duquel  l’audit du fichier était attendu, tandis  la livraison et la distribution des cartes d’électeur se feront entre  le 20 juin et la date du scrutin. «Il n’y a pas d’autre alternative à la tenue des élections à date, le premier tour se tiendra le 29 juillet 2018; nous allons convoquer le collège électoral le vendredi prochain lors d’un conseil extraordinaire des ministres», a martelé le Premier ministre, en écartant au passage toute
éventualité de crise post-électorale.  Soumeylou Boubeye Maiga dit n’avoir aucun indice à ce sujet, mais en mettant en garde toutefois sur le danger d’un dysfonctionnement de notre démocratique. Aujourd’hui, l’essentiel, selon lui, est de lutter contre l’insécurité et des recrutements seront faits pour assurer la sécurité.
En réponse à ceux qui prédisent un échec certain dû aux contraintes de calendrier, il assure qu’il dispose des moyens de sa politique et estime être en mesure d’appliquer tout le contenu  de sa DPG. Et, en soutien à sa promesse, il a ajouté que le temps qui nous reste est nécessaire pour faire le nécessaire notamment la tenue de la présidentielle et la sécurité des personnes et de leurs biens.
Toujours sur le plan de la sécurité, il a fait savoir que 2200 policiers, 500 sapeurs- pompiers ont été recrutés et des milliers de recrutements sont en cours.

Pas suffisant pour convaincre le député de la majorité Issa Togo qui, tout en affichant du scepticisme sur la possibilité de relever tant de défis dans le temps imparti, a quand même accordé sa caution au nom des apparentements politiques.
Ce n’est pas le cas le président du groupe Vigilance Républicaine et Démocratique. La première force parlementaire de l’opposition, en  refusant naturellement son quitus, a motivé sa démarche par l’absence de solution face à l’insécurité et d’assurance d’une bonne préparation de la présidentielle. Qui plus est, la DPG ne propose pas de collectif budgétaire pour faire face aux nombreuses nouvelles ambitions qu’elle contient.
Comme pour impressionner davantage ces collègues de la majorité présidentielle, l’opposant a expliqué que le Premier ministre est le cinquième d’un régime condamné à un perpétuel recommencement comme Sisyphe. Pour Mody N’Diaye, le Gouvernement s’attèle à mettre en œuvre un programme présidentiel qui n’existe que dans la propagande quotidienne autour des activités gouvernementales. Et d’émettre un doute sur la légalité de la DPG en s’interrogeant si elle a été soumise en Conseil des ministres, conformément à l’esprit de l’article 78 de la Constitution. En tout état de cause, estime l’opposant Mody N’Diaye, la DPG de SBM se résume à un Accord de Ouagadougou bis tant la part belle est faite aux groupes armées pour obtenir d’eux la tenue de l’élection présidentielle.
Même son de cloche du côté d’Amadou Thiam de Adp-Maliba/Sadi En décriant le retard accusé dans la présentation de la DPG, il s’est prononcé sans ambages contre le document et en a profité pour demander un audit crédible du secteur de la sécurité qui devrait constituer, à ses yeux, l’une des deux principales priorités de l’équipe gouvernementale avec la présidentielle.
Au finish, c’est avec 109 votes favorables, 35 contre et 0 abstention que la DPG a arraché la majorité des deux-tiers nécessaires pour son application. Au grand dam de l’opposition dont les principaux animateurs n’ont pas attendu les conclusions de leur interlocuteur pour vider la salle.
Mais on aura retenu que SBM, qui a pu convaincre les séparatistes du MNLA et leurs alliés pour effectuer une visite à Kidal, n’a pu adhérer une frange du parlement à sa mission de sauver le Mali d’une probable crise institutionnelle. Sur la question, en définitive, l’obstacle est plus du côté du jeu politique qu’au niveau des protagonistes de l’Accord.

Amidou Keita

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