Débat autour de l’usage des balles contre les manifestants à l’assemblée nationale : La majorité présidentielle fuit

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Malgré l’angoisse de la population, les préoccupations de l’opposition et l’urgence de la situation, la majorité présidentielle a décidé de fuir le débat qui allait édifier les maliens sur l’usage excessif de la force contre les manifestants. Quoi de plus normal si dans l’isoloir qu’on appelle assemblée nationale, on retrouve des hommes qui ignorent complètement l’état de la nation. Si de nos jours la politique est dégueulasse, c’est parce que les hommes qui la font la rendent dégueulasse. Selon Winston Churchill, ‘’on ne devrait jamais tourner le dos à un danger pour tenter de le fuir. Si vous le faites, vous le multiplierez par deux. Mais si vous l’affrontez rapidement et sans vous dérober, vous le réduirez à moitié. Si la majorité présidentielle avait conscience de cela, le peuple allait se sentir en sécurité. Interpellé par l’opposition en vue d’instaurer un débat autour de l’actualité brulante de notre pays, la majorité présidentielle s’est dérobée en évoquant l’ordre du jour.     .

C’est dans la discussion que jailli la lumière. La critique peut être elle désagréable, mais elle est nécessaire, car elle attire sur ce qui ne va pas. Au lieu de s’approprier ces deux vérités universelles, la majorité présidentielle en panne d’argument a décidé de tourner le dos au peuple qui attend de comprendre comment le service de maintien peut utiliser des balles réelles après les évènements de 1991. Pour les hommes avertis, il est important de tirer une leçon de chaque mésaventure. Le contrôle du gouvernement fait partie des missions régaliennes de l’Assemblée Nationale. S’y soustraire d’une manière ou d’une autre est assimilable à une trahison qui n’arrange en rien le gouvernement encore moins le chef de l’Etat.
Pour rappel, un député est une personne que les électeurs de sa circonscription élisent pour les représenter à l’Assemblée Nationale. Son rôle de législateur l’exige de comprendre l’esprit des lois, de planifier de nouvelles lois, de les étudier, d’en discuter et d’appuyer ou non leur adoption. En tant que représentant de ses électeurs, un député peut exprimer leurs inquiétudes et leurs points de vue, intervenir en leur faveur et les aider à résoudre des problèmes. Sur ce dernier point, la plus part des députés maliens ont failli. Une fois élu, ils ne se préoccupent que leur intérêt. Autrement, il serait difficile de comprendre que les évènements de Gao, Bamako 1 et 2 ne puissent pas éveiller leur curiosité pour cause de mort d’homme. Comme quoi, pour un député, le ressort unique de la vie politique est la réélection. Aucune considération, politique ou morale, ne peut faire obstacle à cette aspiration, Même pas la mort de ses compatriotes.

Défaillance dans le contrôle de l’action gouvernementale

Les questions permettent aux députés d’interroger directement les ministres, soit oralement (questions au gouvernement, questions orales sans débat, soit par écrit. Les communications du Gouvernement sont l’occasion pour eux de s’informer et de critiquer un point particulier de la politique d’un ministre. Aujourd’hui, Dieu seul sait qu’il y a matière à discuter au niveau de plusieurs départements. Malgré tout cet arsenal dont elle dispose pour édifier le peuple, notre assemblée nationale est prise en otage par la majorité présidentielle. Elle s’est spécialisée dans la constitution de commission d’enquête stérile dont l’objectif n’est autre que de couvrir les dérives préjudiciables au pouvoir et aux tisserands. En plus des commissions d’enquêtes, la commission défense qui est pratiquement concernée par toutes les dérives auxquelles on assiste présentement de la part du gouvernement, joue à l’étouffement des dossiers à travers l’audition des ministres.

Une commission défense qui prend en otage le peuple

Pour éviter tout débat public autour des questions brulantes au sein de l’hémicycle, la commission défense a une activité au-dessus de la normale. Pour le président Karim Keita, il faut coute que coute éviter d’étaler les carences de certains membres du gouvernement sur la place publique. En plus de son protégé au niveau de la défense, le ministre de la sécurité dont limites sont apparues lors de la répression des manifestations de Gao et Bamako est aussi couvert par Karim Keita. Son empressement pour les auditionner juste après certains événements qui mettent en cause leur compétence procède de cela.  Puisque le dernier mot revient toujours au premier législateur qu’est le peuple, le fiston national peut jouer avec la montre.

Lamine Diallo

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