C’est le samedi 3 juin 2017 que les députés maliens ont adopté la loi sur la révision constitutionnelle avec une large majorité de 111 voix pour et 35 contre. Par ce vote, les parlementaires de la Majorité semblent ouvrir une véritable boîte de pandore, car en plus de la réticence des députés de l’Opposition, nombreuses sont les associations qui rejettent le projet de Constitution. Certaines ont même battu le pavé le jeudi 8 juin pour dire non à la révision de la Loi fondamentale tant que les 2/3 du territoire ne sont pas dans le giron de l’Etat. Le régime IBK va-t-il encore provoquer une nouvelle crise ? Pourquoi n’a-t-il pas pris la mesure de la menace qui pèse sur le Mali pour avoir l’adhésion du plus grand nombre des Maliens ? Les députés de la Majorité ont-ils encore une fois de plus préféré la préservation de leurs intérêts au détriment de ceux pour lesquels ils sont présents à l’Assemblée Nationale ? IBK aura-t-il la sagesse, face à une Opposition de plus en plus forte, de retirer son projet de révision comme l’ont fait ses prédécesseurs Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ?
Il ne serait nullement humiliant pour le chef de l’Etat de retirer son projet, après avoir tâté le terrain et après s’être rendu compte que la majorité des Maliens est contre la nouvelle mouture. Par contre, l’humiliation serait de voir son projet soit rejeté par les électeurs, ou adopté par eux mais avec un taux de participation outrageusement bas. Le Président de la République ne doit céder à la pression ni de la Communauté internationale, ni de la CMA, encore moins se laisser séduire par les arguments du ministre de Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo. Quel crédit doit-on accorder aux propos des gens comme Me Tapo qui a eu le toupet d’affirmer que les précédentes révisions relevaient du confort et que celle d’aujourd’hui est une nécessité. A-t-il si vite oublié qu’en tant que député à l’Assemblée Nationale d’alors, il faisait pourtant partie des grands artisans de la révision de la Constitution sous ATT. Les hommes politiques maliens soient versatiles, on le sait. Il revient à IBK, qui a bénéficié du suffrage de son peuple, de se montrer à la hauteur des enjeux.
Le Président de la République a, encore une fois de plus, rendez-vous avec l’Histoire. Il ne saurait être tard, encore moins déshonorant, pour un chef d’Etat de retirer une loi, fut-elle votée par les représentants du peuple, comme ce fut le cas en 2001.
Youssouf Sissoko