Intégralité des réponses du ministre des Sports aux questions de l’honorable Yaya SANGARE, Député élu à Yanfoyila
L’exercice de question orale dans l’enceinte de la représentation nationale constitue une tradition républicaine et démocratique à laquelle je me soumets bien volontier.
Avant tout propos, je voudrais à titre liminaire vous dire merci pour cette opportunité que vous m’offrez, en m’interrogeant sur la crise du football malien. Je m’efforcerais tout le long de nos échanges d’apporter des éléments de réponse vous permettant d’appréhender cette crise que traverse le football malien et par la même occasion, j’entends bien éclairer l’opinion nationale sur le sujet.
Monsieur le Député,
- Personne ne peut ignorer aujourd’hui l’état de la gouvernance du football. Le Football malien, à travers sa gouvernance est en crise et même en crise profonde.
- Ma présence devant vous se justifie par le fait que, le football est une matière à consommation « grand public » qui est au cœur de l’intérêt général, mais aussi ce sport est financé par des efforts de l’Etat à travers le budget d’Etat.
- Pour preuve, rien que pour les Compétitions nationales, africaines et internationales au cours de cette seule année, pour assurer la participation de nos équipes, l’Etat a déboursé près de 3 milliards CFA. Ce seul montant représente plus que la moitié du budget de tout le département.
Avant d’aborder les questions de fond, permettez-moi tout d’abord, de donner des précisions sur ce qu’est une fédération sportive.
Selon l’article 11 du décret n°98-215 P-RM du 2 juillet 1998, régissant les activités physiques et sportives, je cite : « les fédérations sportives regroupent les associations sportives, les sociétés à objet sportif, économique à caractère sportif. Elles peuvent être unisport ou omnisports » fin de citation. Autrement dit, c’est un ensemble d’associations évoluant dans le cadre d’une même discipline sportive.
Je précise que les fédérations sont par ailleurs régies par des statuts et règlement intérieur qui engagent leurs membres. Les textes des fédérations n’ont pas une valeur de loi.
Par contre, les lois de la République s’imposent à elles et à tous.
Les rapports entre les fédérations sportives et le département en charge des Sports sont définis dans les articles 13 et 14 du décret ci-dessus cité.
Monsieur le député Yaya Sangaré,
Au regard de la précision et de la concision des questions posées, je suis convaincu que comme des nombreux maliens, vous êtes au parfum de la crise qui secoue notre football, vu la pertinence des questions posées. Comme vous et de nombreux maliens, je regrette qui perdure au-delà des limites raisonnables, n’honore, ni notre football, ni notre pays, encore moins les acteurs du football.
Monsieur le Député, vous m’interrogez en premier lieu, sur les causes et origines de la crise du football malien.
La crise que traverse aujourd’hui le football malien prend sa source dans les conditions de la tenue de l’Assemblée Générale de Mopti les 7 et 8 octobre 2013, qui a vu l’élection de Mr Boubacar Baba DIARRA.
Cette crise découle surtout des incidents qui ont émaillé l’Assemblée Générale Ordinaire du lundi 10 janvier 2015 de la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT).
Ainsi, les causes de la crise peuvent se résumer :
- au problème de scrutin de liste à la suite de l’Assemblée Générale ténue les 7 et 8 octobre 2013 à Mopti (je n’étais pas ministre à l’époque) ;
- aux désaccords nés de l’Assemblée Générale Ordinaire du lundi 10 janvier 2015 avec ses incidents, qui ont eu pour conséquence, le refus par certains clubs de jouer la 6ème journée, suivi de la relégation en 2ème division de quatre clubs (le COB, le DAC, le CSK, l’Avenir Club de Tombouctou) et la radiation plus tard de certains membres de la fédération
NB : bien que l’Etat soit une continuité, il convient de préciser qu’à cette époque du 10 janvier 2015, je n’occupais pas le poste de Ministre des sports, le Gouvernement auquel j’appartenais avait démissionné.
Monsieur le Député, vous m’interrogez ensuite du rôle que j’ai eu à jouer dans la résolution de cette crise.
Je voudrais, vous précisez de prime à bord, en tant que ministre, mon rôle n’est pas de gérer ou d’administrer le football. Cette mission et cette responsabilité incombent à une fédération qui agit par délégation et suivant mandat de l’Etat. Dès lors, la vocation de l’Etat, n’est ni d’interférer, ni de s’immiscer.
Plusieurs médiations ont été menées par plusieurs personnes, directement en rapport avec le football ou le sport en général.
C’est l’occasion pour moi, de saluer la médiation entreprise par le Pr Diouncounda TRAORE, Président de la Transition, le Président de Comité National Olympique et Sportif du Mali qui a mis en place un ‘’pool de médiateurs’’, celle de la CAFO, de la Commission de la Promotion de la Femme, de l’Enfant, de la Jeunesse et des Sports de l’Assemblée nationale, du Conseil National de la Jeunesse du Mali, de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali, des personnes ressources, des chefs religieux et coutumiers, du Conseil National des Personnes Agées, bref de toutes les médiations personnelles et individuelles.
Toutes ces nombreuses médiations n’ont pu arriver à bout de la crise qui perdure au point de compromettre l’organisation des compétitions nationales et la participation aux compétions internationales.
Dans ce contexte, alerté récemment, par des risques de violences à l’occasion de la super coupe, en pleine crise du football, mon département, pour préserver l’ordre et la quiétude publics, a été contraint de procéder à la fermeture par décision administrative des stades.
Monsieur le député, je suis tenu à une neutralité dans ce genre de situation, mais au cas où cette crise perdure encore , l’Etat sera amener à prendre ses responsabilités sur la base des dispositions pertinentes du décret n°98-215/P-RM du 02 juillet 1998 régissant les activités physiques et sportives, en son article 49 et celles de l’Arrêté n°98-1574/MS-SG du 28 septembre 1998 fixant les conditions d’attribution et de retrait de la délégation de pouvoirs aux délégations sportives.
- Honorable Yaya SANGARE, dans votre 3ème question, vous vous interrogez s’il n’est pas temps pour le Gouvernement de siffler la fin de la recréation dans ce milieu dont le comportement contraste avec les performances de nos jeunes et talentueux joueurs.
Encore une foi, l’option qui vaille le mieux est celle de l’entente et de la médiation par les acteurs eux mêmes, mais qui pourraient se faire sous l’égide de médiateurs indépendants.
Une procédure de réconciliation et de médiation est en cours. Nous avons estimé qu’il faut épuiser toutes les voies de dialogue et de la concertation avant de faire recours aux dispositions du décret. Ce qui amènerait les instances internationales du football à suspendre le Mali (voilà entre autres une des raisons pour lesquelles, je dis qu’on ne peut pas appliquer à la lettre toute la rigueur des textes, il faut souvent une dose de bon sens).
A ce jour, les ligues de Ségou à Kidal sont exclues de la fédération du fait de la suspension de leurs dirigeants. (Explications)
Quelle que soit la légalité des décisions de suspension et d’exclusion, celle-ci n’est pas sans poser la question de la légitimité !!! . Or, la vocation de la FEMAFOOT est nationale.
Dans une perspective de réconciliation et de cohésion nationale, il n’est pas aisé que les ligues de Kidal, Ségou, Tombouctou, Gao, Kayes soient exclues des activités de la fédération et du football malien.
Aujourd’hui, nous exhortons l’ensemble des parties à aller dans le sens de l’apaisement.
Il convient de signaler que nous sommes un pays de culture et de dialogue. A cet effet, nous privilégions toujours les compromis par rapport aux sanctions.
Cependant, cette crise doit prendre fin à un moment donné. Le football malien ne doit pas continuer à rester dans cette situation. Mais, il est important d’attendre les conclusions des processus engagés.
- Monsieur le Député, par votre 4ème question, vous m’interrogez sur le bicéphalisme au niveau de la fédération malienne de football.
Au regard des dispositions du Décret n°98-215/P-RM du 02 juillet 1998, régissant les activités physiques et sportives, le bicéphalisme n’est pas consacré. La délégation de pouvoir ne peut être attribuée qu’à une seule fédération sportive avec un seul comité exécutif.
Comme nous l’avons déjà indiqué et nous le répétons, nous ne reconnaissons qu’une seule fédération conformément aux dispositions de la délégation de pouvoir, c’est celle dirigée par l’inspecteur Général de la police Boubacar Baba DIARRA.
Dans ce cadre, c’est à lui de régler la crise au sein de la fédération en tant que 1er responsable du football malien et représentant de l’Etat en vertu du mandat à lui, conféré par l’Etat.
Donc, c’est à lui de trouver une solution définitive à la crise. Et nous regrettons que le Comité Exécutif dirigé par Monsieur Boubacar Baba DIARRA du début à ce jour, n’ait jamais tenté de rencontrer les contestateurs pour aller à une accalmie. Or, pour nous, les solutions préconisées par le Comité Exécutif sont de nature à punir les pauvres innocents que sont les jeunes joueurs (explication).
Honorable Yaya SANGARE, dans votre 5ème question, vous voulez savoir le coût des participations du Mali aux phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations et de la Coupe du Monde sur le budget d’Etat et combien elles rapportent à notre pays en termes de retombées financières.
La participation de nos équipes nationales aux différentes phases finales de la CAN et de la Coupe du Monde a coûté au budget d’Etat près de 2. 734. 424. 400 de francs CFA sur l’exercice 2015. Rien que le football !
Ce montant est constitué de la prise en charge de la préparation et de la participation des sélections nationales, de la prise en charge des primes et du transport international.
- Coupe d’Afrique des Nations de Football senior en Guinée Equatoriale : le coût de la préparation de la participation de l’équipe nationale séniors de football est de 856 622 000 F CFA dont 226 798 721 FCFA pour l’hébergement et la restauration et 289 323 279 F CFA pour le transport international et 340 500 000 F CFA pour les différentes primes.
- Coupe d’Afrique des Nations de Football junior au Sénégal : le coût de la préparation et de la participation de l’équipe nationale des juniors de football est de 140 250 000 F CFA dont 86 450 000 F CFA pour l’hébergement et la restauration, 23 300 000 F CFA pour le transport international, et 30 500 000 F CFA pour les intéressements des joueurs et de l’encadrement technique.
- Coupe d’Afrique des Nations de Football cadet au Niger : le coût de la préparation et de la participation de l’équipe nationale des cadets de football est de 175 220 000 F CFA dont 115 010 000 F CFA pour l’hébergement et la restauration, 31 710 000 F CFA pour le transport international et 28 500 000 F CFA pour les intéressements des joueurs et de l’encadrement technique.
- Coupe du Monde Football junior en Nouvelle Zélande : le coût de la préparation et de la participation de l’équipe nationale des juniors de football est de 664 147 400 F CFA dont 43 858 700 F CFA pour le restauration et l’hébergement, 7 288 700 F CFA pour le transport international et 613 000 000 F CFA pour les intéressements des joueurs et de l’encadrement technique
- Coupe du Monde Football cadets au Chili : le coût de la préparation et de la participation de l’équipe nationale des cadets de football est de 790 485 000 F CFA dont 124 959 000 F CFA pour l’hébergement et la restauration, 5 525 000 F CFA, pour le transport international et 660 000 000 F CFA pour les intéressements des joueurs et de l’encadrement technique.
Les activités sportives contribuent au renforcement de la cohésion sociale et de la paix.
Après les évènements de 2012, le Mali était dans une situation telle qu’il fallait faire retentir l’hymne national sur la scène internationale par notre présence à toutes les compétitions sportives de grande envergure et faire flotter le drapeau malien, signe de notre existence et de notre souveraineté. Le sport est la seule activité autour de laquelle tous les acteurs, toutes les couches sociales se retrouvent avec le même idéal (le Mali).
Les retombées ?? (Explications)
Les Lettres.
- lettre DNSEP (P1), lettre de rappel du Ministre (P2), Réponse de la FEMAFOOT P3 (explication) ;
- Lettre circulaire N° FIFA 1463 (explication page 1 appui financier FIFA 1 050 000 USD Page 2, plus 250 000 USD, total 1300 000 USD, Page 3 échéance des versements) (P4);
- Remboursement du transport international (explication, lettres du Ministre à la Fédération félicitation) (Tr) ;
Le cas du sponsoring Orange Mali. En cas de qualification aux différentes compétions, des primes sont allouées aux joueurs (Explications).
- Honorable Yaya SANGARE, Votre 4ème interrogation porte sur les sanctions en cas de flagrant délit de détournement de fonds publics et le non reversement des fonds récoltés au Trésor Public.
Je ne saurai m’ériger en juge pour juger des faits et les incriminer,
Cependant, en fonction des résultats atteints, la CAF et/ou la FIFA rembourse ou accorde des subventions à la fédération qui est censée en informer la tutelle compte tenu du fait que toutes les dépenses de préparation et de participation que je viens de développer, ont déjà été prises en charge en amont par le Mali sur le Budget d’Etat.
- Honorable Yaya SANGARE, votre 6ème question est relative aux actions phares du département en 2015 notamment le Document de Politique Nationale de Développement du Sport et les innovations majeures dans le sport depuis l’accession du Président, SEM Ibrahim Boubacar KEITA à la magistrature suprême.
On peut citer :
Au Plan Institutionnel : Adoption du Document de Politique Nationale de Développement du Sport.
Il est important de signaler que cette politique est tirée du Projet de société du Président de la République, S.E.M Ibrahim Boubacar KEITA, répondant à un besoin de sortir du pilotage à vue dans la gestion de ce secteur.
Au plan du renforcement du cadre juridique et institutionnel, il s’est traduit par :
- La création en cours de l’Agence Nationale de Développement du Sport, du Fonds National de Développement du Sport et de l’Office Gestion des Infrastructures Sportives ;
- l’adoption du décret instituant l’Ordre du Mérite Sportif en Conseil des Ministres du 09 décembre 2015 ;
- l’érection de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) en Etablissement Public à caractère Scientifique Technique (EPST) à travers la loi n°214-063 du 31 décembre 2014 portant création de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS);
- la revalorisation des différentes primes allouées aux sportifs de haut niveau et à leur encadrement technique par la signature de l’arrêté interministériel n°2015/1423/MS-MEF-SG du 22 mai 2015.
- l’institution de la journée nationale de pratique sportive en vue de développer la culture du sport et prévenir certaines maladies (dernier samedi de chaque mois).
Au plan de la promotion de la gouvernance administrative et organisationnelle :
- la construction du Centre National de Médecine du Sport ;
- les instructions du Président de la République au Ministre des Sports et de l’Enseignement Supérieur pour l’ouverture d’une filière de spécialisation en médecine sportive à la Faculté de Médecine, Pharmacie et d’Odonto Stomatologie ;
- les travaux de réhabilitation et d’équipement des infrastructures sportives ;
- le soutien aux fédérations sportives en leur dotant d’un siège ;
- le développement du sport scolaire et universitaire.
Au plan de la coopération bilatérale dans le domaine des sports :
Signature de protocoles d’accords bilatéraux dans le domaine de la formation des cadres du sport avec trois pays à savoir :
- Mali/Algérie : 150 bourses en raison de 50 par an, dont 30 sont déjà en formation depuis une année et six (06) terrains gazonnés ;
- Mali/Venezuela : 150 bourses dont 40 sont déjà en formation ;
- Mali/Cuba : 100 bourses dont 40 pour l’année universitaire 2015-2016.
- Enfin, Honorable Yaya SANGARE, votre dernière question porte sur le sport scolaire et universitaire qui permet de détecter les jeunes talents. Les stratégies de valorisation de cette activité en vue de booster le sport malien ?
L’espace scolaire et universitaire est un cadre réservé en priorité à l’enseignement. Il est aussi un cadre approprié pour le développement des activités physiques et sportives car le sport est important pour le développement de l’Homme.
A cet effet, une large part lui est réservée dans la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement du Sport au niveau de son axe stratégique « promotion de la gouvernance administrative et organisationnelle des structures ». On peut citer entre autres :
- l’organisation des compétitions scolaires et universitaires (nationales, sous régionales, continentales et mondiales) pour créer une saine émulation entre les écoles, les universités et détecter les jeunes talents ;
- la création d’associations et de clubs sportifs au niveau des écoles et des universités.
Quelques actions importantes ont été initiées pour le développement du sport scolaire et universitaire comme :
- la mise en place le 17 août 2014 de la fédération malienne du sport scolaire et universitaire et ses démembrements.
- l’organisation des coupes du Président de la République dans les sports de l’esprit, en Scrabble et en Jeu d’Echec, qui a réuni la plupart des académies à Bamako.
- échanges d’expériences à travers la participation de la jeune fédération malienne de sport scolaire universitaire à Accra en juillet 2015, aux jeux de l’association des écoles polytechniques de l’Afrique de l’Ouest et aux jeux universitaires mondiaux de la fédération internationale en Corée du Sud en juillet 2015.
Conclusion :
Monsieur le président,
Honorables députés
Voici en quelques mots, les éléments de réponses que j’ai voulu apporter aux questions orales de l’Honorable Yaya SANGARE.
Je reste disponible aussi bien pour d’autres questions que des précisions éventuelles.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Housseïni Amion Guindo, Ministre des Sports
Source : Ministère des Sports
1 – je suis l’Etat ;
2– En tant que Etat, je veille à sauvegarder et à défendre l’intérêt général ;
3– la FEMAFOOT est une entité juridique indépendante et autonome chargée de gérer et d’administrer les affaires du football par délégation et suivant mandat de l’Etat.
4- la confiance n’excluant pas le contrôle, l’Etat jouit d’un pouvoir de contrôle de la fédération et qu’à tout moment, l’Etat peut retirer la délégation.