Contre le Gouvernement Mara : La motion ne passe pas !

Sans surprise, la motion de censure déposée par l’opposition a été rejetée par la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale. Elle n’a recueilli que de 24 voix. Pour renverser le gouvernement, il fallait à l’opposition 98 voix. Par ce rejet, l’Assemblée Nationale renouvelle sa confiance à l’équipe gouvernementale dirigée par Moussa Mara. Nous proposons quelques éléments du discours du chef de file de l’opposition parlementaire, l’honorable Soumaïla Cissé et un résumé des réponses apportées par le chef du gouvernement. 

Soumaïla Cissé : «Les hommes et les femmes de l’opposition ne sont ni des apatrides ni des comploteurs »

« ….les hommes et les femmes de l’opposition ne sont ni des apatrides ni des comploteurs. Nous aimons notre cher pays le Mali. Cet amour de notre Maliba est aussi authentique, aussi profond et puissant que celui que vous revendiquez. L’amour de notre Maliba est aussi sincère, aussi partagé et manifesté que celui que vous déclamez. N’en doutez pas, n’en doutez jamais, ce serait nous insulter !……. Nous sommes des patriotes fidèles aux valeurs de la République, loyaux envers ses institutions.  N’en doutez pas, n’en doutez jamais ; ce serait nous offenser! …

Etre de la majorité, ne fait pas de quelqu’un un saint, être de l’opposition ne fait pas non plus de quelqu’un une canaille…

…Nos concitoyens sont choqués, abasourdis par tout ce qui leur arrive en si peu de temps ; eux qui avaient rêvé de lendemains meilleurs, qui avaient repris espoir, quand brusquement l’horizon s’est bouché et l’espoir a fondu au soleil de la mauvaise gestion, des scandales à répétition, des dépenses somptuaires, de l’insécurité et des incertitudes économiques et sociales. Nos concitoyens sont orphelins, non d’avoir perdu père et mère, mais d’avoir perdu l’espoir comme le dit un proverbe malien….

….Nous sommes à l’opposition, nous restons à l’opposition, nous le revendiquons, l’assumons et en sommes fiers. Nous ne cherchons ni n’attendons une quelconque faveur, ni individuellement, ni collectivement. Que nul ne se méprenne sur le sens de notre démarche et je répète : QUE NUL NE SE MÉPRENNE SUR LE SENS DE NOTRE DÉMARCHE !

Le dépôt d’une motion de censure est un acte républicain prévu par notre Constitution qui permet aujourd’hui ce débat que, nous l’espérons, sera fort utile dans la situation incertaine que traverse notre pays. Aucun patriote ne peut rester insensible à cette situation à moins de vouloir croire qu’il peut cacher le soleil avec sa main.

Aucun responsable politique ou simple citoyen, homme ou femme, jeune ou vieux, de tous bords politiques, aucun ne peut se déclarer aujourd’hui satisfait de la situation sécuritaire économique et sociale de notre pays.

Notre devoir aujourd’hui dans l’opposition républicaine est de tirer la sonnette d’alarme, de vous obliger à regarder la situation en face avec lucidité, discernement et objectivité, d’écouter nos critiques et suggestions sans œillères ni dogmatisme pour redresser la barre car si « l’erreur est humaine, persévérer est diabolique » et que Dieu nous en préserve !

Nous prenons, aujourd’hui et ici, notre peuple à témoin afin qu’un jour l’on ne dise pas que toute la classe politique était complice active ou passive de vos fautes et de vos errements ! »

Moussa Mara : « Je ne démissionnerai pas. N’tè, N’teta Yorochi »

Le Premier ministre, Moussa Mara s’est dit fier d’affronter la motion de censure, une occasion d’établir la vérité sur ce qu’il qualifie des affirmations gratuites de l’opposition. La vie quotidienne des Maliens et des Maliennes est dure, a reconnu le chef du gouvernement. ‘’Non le Mali ne s’enfonce pas. Le Mali est en train de sortir de cette crise », a-t-il affirmé. L’opposition, a-t-il fait savoir, est dans une quête de déstabilisation du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta. « C’est vous qui ne savez pas où donner la tête », a déclaré le Premier ministre. Selon lui, c’est plutôt l’opposition qui est dans les errements. Sur sa visite controversée à Kidal, Moussa Mara a rappelé que tous les partenaires, à savoir : la Minusma et l’Opération Serval, ont été informés de sa visite un mois en avance. « Tout le monde a été informé de mon voyage un mois avant, Minusma, Serval. Ils ont été informés. Personne ne nous a informés de menace armée sur notre voyage. Nous n’avons provoqué personne…. »

Il a rappelé que lors des débats à huis-clos, l’opposition n’a pas voulu faire de déclarations avant d’aller se répandre dans la presse. Par cet acte, il a estimé que l’opposition voulait mettre le débat dans la rue.

Répondant à une question d’un député de l’opposition, Moussa Mara a lancé des piques. « Je ne me suis pas sauvé à la première occasion, je ne suis pas de ce genre, je vais demander à l’honorable de voir de son côté celui qui a sauté les murs à la première occasion »

Selon le PM, les hommes et les femmes qui dirigent aujourd’hui ne peuvent pas être taxés de lenteur dans la lutte contre la corruption. La dette intérieure de l’Etat a commencé à être remboursée avec le paiement de 4 milliards. A en croire Moussa Mara, il n’y a pas de fuite de sujets lors de l’examen du bac. Sur la question de l’ancien avion présidentiel, il persiste, insiste et signe  qu’il y a aucune trace de l’appartenance de cet appareil à l’Etat malien.

Sur son départ dans ces conditions, le PM a été clair : pas question de partir. «Je ne démissionnerai pas. N’tè, N’teta yorochi. Nous allons construire ce pays», a-t-il martelé.

Ils ont dit

Seydou Diawara, URD

La motion  de censure a produit ces effets escomptés. Ce n’est pas seulement les députés de l’opposition qui ont désapprouvé la politique gouvernementale mais aussi d’autres. Nous savons  dès le départ qu’une majorité écrasante était contre. Cela ne nous a pas empêchés de poser le problème. J’ajoute que quand les gens disent que c’est prématuré de déposer cette motion  il ne faut pas qu’on reste spectataires pour constater seulement. Il faut les dénoncer.  ce qui  est l’exercice démocratique. Ce débat a été une occasion pour le peuple malien de comprendre les griefs reprochés au gouvernement.  Les gens ont noté les arguments de l’opposition ainsi que les argumentaires de la majorité. N’ayons pas peur de parler.

Issa Diarra élu du RPM

Les deux voix supplémentaires obtenues par l’opposition peuvent être une erreur. Si tel n’est pas le cas, les deux qui ont  voté la motion de censure  peuvent aussi le faire comme une action de  conviction, car au Mali personne n’ignore les difficultés auxquelles le pays est confronté. Moi personnellement,  j’ai  soutenu le gouvernement de Moussa Mara par conviction.  Je connais l’homme depuis qu’on était étudiant. Quant il était maire de la commune IV moi aussi j’étais maire de ma commune. Je lui ai toujours cité comme un exemple.

Amadou Maiga, secrétaire parlementaire

Nous sommes satisfaits, car certains de la majorité présidentielle ont voté cette motion. C’était un véritable débat démocratique. Nous étions dans la confrontation des idées malgré que certains se sont attaqués à Soumaila Cissé personnellement.  Toute chose qui est formellement interdite par le texte de l’Assemblée Nationale

Modibo Fofana

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