Code de la famille : Les députés violent la procédure législative

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Au cours de la rencontre que le bureau de l’Assemblée nationale, élargi à certains membres de la commission des Lois constitutionnelles, de la Législation, de la Justice et des Institutions de la République, a eue, le mardi 15 juin dernier, avec le Haut Conseil Islamique, le président de l’institution, Dioncounda Traoré,  a proposé à ses illustres invités la constitution d’une commission paritaire.  Celle-ci, selon lui, doit reprendre  le Code pour le relire et trouver un terrain d’entente. L’Imam Dicko et ses collègues, qui n’entendent qu’une telle opportunité, ont vite adhéré à cette suggestion du président Dioncounda Traoré.

En principe, c’est ce mardi 22 juin que les membres de la dite commission paritaire devrait siéger à l’Hémicycle. Seulement voilà : ce nouveau procédé du président de l’Assemblée nationale contrarie la procédure législative. En effet, dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, nulle part, une telle disposition n’est prévue dans la procédure législative devant aboutir à l’adoption d’un projet de loi. Fut-il celui portant Code de la famille et des personnes. Il n’existe en dehors de la commission des Lois, présidée par Mme Camara Saoudata Dembélé, aucune autre structure de l’Assemblée nationale,  pouvant étudier, dans tous ses moindres détails, ce projet de loi. Dans les textes du parlement, les commissions, créées par les députés portent généralement sur des enquêtes (levée d’immunité ou sujet d’intérêt national) ou dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. On ne crée pas une nouvelle commission- surtout paritaire- pour l’examen d’un projet de loi. Les onze commissions permanentes existent déjà. Une pourrait être saisie sur le fond de la loi et les autres pour avis.

En s’engouffrant  dans un nouveau schéma, Dioncounda Traoré torpille les textes. Alors que la démocratie, c’est d’abord le respect des normes. Les députés, qui votent les lois, doivent  donc donner l’exemple.  C’est pourquoi, nous estimons, qu’avant que cette commission paritaire ne siège mardi, que les députés rectifient le tir et ramène l’examen du Code de la famille au sein de la commission Loi. Et là, ce ne sont pas seulement les membres du Haut Conseil Islamique qui seront entendus. Toutes les autres confessions religieuses, la société civile, les femmes, les jeunes prendront part aux pourparlers. La Commission Loi  n’est pas liée par les avis que les uns et les autres émettront. Il faut que ce postulat soit connu de tous. Parce que demain ou un autre jour, certains pourraient être amenés à dire que «nous avons dit telles choses ou proposer telles autres aux députés, mais ils ne les ont pas pris en compte».

Il est vraiment dangereux que le Code de la famille soit désormais une affaire entre l’Assemblée nationale et le Haut Conseil Islamique seulement. Que les autres acteurs, notamment les femmes puissent se faire entendre. Sinon, une nouvelle bévue pourrait être commise par les honorables députés.

C’est vrai que le gouvernement a joué sa partition. Il reste maintenant aux élus de la nation de s’assumer, de façon responsable et patriotique.  Alors vivement un Code de la famille consensuelle qui tient compte de la laïcité de l’Etat et de sa forme républicaine. Sinon, le texte serait anticonstitutionnel et ne passera pas au niveau des neufs sages. A suivre.

Chahana TAKIOU     

 

 

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