Chat échaudé craint l’eau froide. Les importantes manifestations contre le projet ont certainement fait réfléchir les élus. Pour la énième fois, les parlementaires viennent de renvoyer le dossier.
Le vote pour la seconde fois du projet du Code des personnes et de la famille était prévu pour la session ordinaire d’avril 2011. Précisément à la date hier. Craignant, certainement la sanction populaire, la commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice et des institutions de la République de l’Assemblée Nationale a décidé de renvoyer l’examen dudit projet à la prochaine session ordinaire.
A titre de rappel, le projet de code des personnes et de la famille, adopté le 03 août 2009, a été renvoyé à l’Auguste Assemblée Nationale pour une seconde lecture. C’est ainsi qu’une commission ad hoc comprenant l’Assemblée Nationale et les membres du Haut Conseil Islamique a été mise en place le 22 juin 2010 pour examiner les dispositions qui ont fait objet d’incompréhension.
Pour parvenir à un texte véritablement consensuel, selon l’Assemblée Nationale, la commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice et des institutions de la République doit, conformément à sa méthodologie de travail, concerter les confessions religieuses, les membres de la société civile et le gouvernement. Ainsi, n’ayant pas eu le temps matériel d’épuiser toutes ces consultations et fortement préoccupée par l’obtention d’un compromis autour du projet de code des personnes et de la famille, la commission a demandé le renvoi de l’examen dudit projet de code à une prochaine session de l’Assemblée Nationale.
Par ailleurs, dans les coulisses, selon un honorable, le code doit faire l’objet d’un débat national animé par les religieux et retransmis en direct à la télévision et à la radio nationales. Afin de sensibiliser la communauté musulmane sur le nettoyage des points incompatibles avec la religion.
Qu’à cela ne tienne. Nombreux sont les députés qui prétendent être candidats pour la succession d’ATT ou tout simplement soucieux de renouveler leur mandat. Ces derniers, on s’en doute, ne sont pas disposés à compromettre leur avenir politique pour un sortant.
Par ailleurs, l’Etat malien est entre le marteau et l’enclume au regard des conventions et autres accord signés avec les partenaires techniques et financiers.
D’autre part, des organisations féminines ne jurent que par le vote du nouveau code de la famille. Coûte que coûte. Et quoiqu’il en coûte.
En outre, en plus du code, un autre projet de loi et non des moindre a été renvoyé pour la session prochaine de l’Assemblée Nationale. Celui-ci porte sur l’abolition de la peine de mort. Un autre sujet qui fâche. Pour ce faire, la commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice et des institutions de la République a demandé le renvoi de cette loi pour complément d’informations. L’argument est infaillible.
Oumar Diakité
Les associations religieuses ne céderont jamais
L’actualité semble avoir profondément influencé le débat sur le code de la famille au Mali. Au regard des événements à travers la planète, une rupture totale semble, en effet, être survenue entre l’occident et le monde musulman et dont les répercussions sont nettement visible au Mali.
Le bombardement de l’OTAN en Libye, le printemps arabe sous la coupe occidentale, l’équation israélienne… Autant de motifs de méfiance du monde musulman à l’endroit de l’Occident et de l’Amérique.
Les musulmans assimilent ces derniers à des «coalisés», plusieurs fois cités dans le Saint Coran et dans lequel justement, Allah prévient les fideles de leurs fourberies et surtout, leur volonté manifeste de détourner Muslim du droit chemin.
L’actualité dans le monde arabe et musulman en général, réconforte bien de croyants sur le sujet.
Au Mali, la signature par l’Etat de plusieurs conventions et accords avec les partenaires techniques et financiers, constitue, aux yeux des gardiens du Temple une preuve de plus de la fourberie des coalisés lesquels, rappellent les Saintes écritures, n’abandonneront jamais leur volonté de combattre la religion de Dieu. Enfin, c’est sous ce prisme que les associations musulmanes perçoivent les manœuvres de l’Occident et l’impossibilité pour nos Etats à faire face au phénomène. Les « coalisés » ne continuent-ils pas encore de bombarder un pays musulman, la Libye malgré les protestations de ces chefs d’Etat ?
En clair, nombre de croyants se voient déjà dans une Guerre Sainte qui ne dit pas son nom. Alors, ils ne céderont jamais par rapport au code de la famille. Jamais !
B.S. Diarra