Depuis plus de deux 2 mois, les choses ont pris une autre tournure à l’hémicycle avec un virus de transhumance à déjouer bien des pronostics et visées politiques. Une ébullition vraisemblablement dû – du moins en partie – aux enjeux de la rentrée parlementaire et sur laquelle la situation aura certainement des répercussions, notamment sur la composition du nouveau bureau et autres commissions parlementaires.
LOI DE LA DISCORDE
Durant tout le mois de Septembre, l’opinion aura assisté à une passe d’armes d’une rare intensité relativement au vote de la loi électorale. Et pour cause, si elle favorise le RPM largement majoritaire à la représentation nationale, elle sonne comme un blocage pour l’ambition de certaines personnalités. On peut citer, entre autres Moussa Mara, Oumar Mariko, Mountaga Tall voire même Choguel Maiga dans une certaine mesure. Les célébrités concernées, quoique partie-prenante de la majorité présidentielle, pourraient se voir du coup contraintes de renoncer à une éventuelle candidature contre le président sortant, IBK. Certes les potentiels candidats lui doivent tous de siéger ou d’avoir siégé au gouvernement, mais la donne pourrait provoquer une vague spectaculaire de changements de veste, surtout qu’en matière de transhumance le ridicule ne tue plus au Mali. Autant dire, en clair, que la majorité présidentielle devra s’attendre à voir d’autres agitations à venir, au gré de la recherche d’alternatives pour contourner les dispositions montagneuses de la loi électorale – dont la polémique est loin d’être terminée.
RENTREE PARLEMENTAIRE ACCROCHEE
Chaque début d’Octobre consacre le respect d’une exigence constitutionnelle : le renouvellement du bureau de l’Assemblée. Cette année, il intervient dans un contexte marqué par tout un torrent de démissions collectives aux dépens de la CMP ou en sein dans certains cas. Toutes choses qui susceptibles de fausser la donne. Non seulement parce que les permutations font que des camarades d’hier entretiennent une adversité soudaine, mais aussi parce que la distribution des responsabilités en est considérablement affectée à cause des dispositions du règlement intérieur. Pour les besoins de la cause, il arrive même que se nouent des alliances contre – nature au gré de la rude bataille pour les strapontins parlementaires. Jusqu’ici détenus essentiellement par le RPM ou l’APM, les titulaires de certaines postes risquent de se trouver sur le quai face aux frondes parlementaires déjà déclarées ou en gestation. D’ores et déjà la défection des députés ADP à l’APM, ainsi que leur jonction avec les démissionnaires du groupe RPM, pourraient fort probablement imposer une distribution des rôles différentes de la configuration actuelle des instances parlementaires.
Dirigé par Amadou Thiam, 2ème vice-président de l’Assemblée Nationale, ce parti a sonné la révolte. En plus d’avoir incité d’autres formations au départ, depuis mercredi, l’ADP-Maliba a réussi un coup : attirer dans son escarcelle 4 députés du parti majoritaire dont le Pr Kalilou Ouattara. Cette claque indique à tout le moins qu’un front politique est en train de prendre forme et pourrait donner naissance à un groupe parlementaire. Des partis comme le SADI ainsi que d’autres sont en concertations très avancées, qui pourraient donner lieu à un groupe parlementaire et bousculer la hiérarchie. Par ailleurs, les motifs de la défection de l’ADP sont certes partagés par une grande majorité de l’opinion, mais il n’en demeure pas moins que les postes occupés sont souvent considérés comme des acquis à préserver par leurs détenteurs.
(Encadré) : Les députés démissionnaires soupçonnés d’avoir reçu des pactoles
Vendables et achetables comme du bétail au ‘’Garbaal’’ ? En tout cas, depuis la démission fracassante des quatre députés du RPM, les supputations et la polémique enfle au sujet de leurs motivations. Celles-ci sont pourtant largement évoquées dans une déclaration rendue publique où les démissionnaires ne sont pas allés de mainmorte pour fustiger les déviations du pouvoir IBK vis—vis des espoirs suscités par son avènement en 2013. En lieu et place des promesses de changement qui les ont fait rêver, les Maliens ont plutôt assisté à une succession spectaculaire de scandales, soutiennent le député Kalilou Ouattara et ses compagnons, en évoquant une désillusion du peuple par rapport aux nobles attentes relatives à la problématique du nord, à la création d’emploi, à l’autorité de l’Etat, à la réconciliation nationale, entre autres. Bref, un discours assez proche des diatribes de l’opposition malienne. Les parlementaires démissionnaires n’ont cependant choisi aucun parti de l’opposition comme point de chute, mais plutôt l’ADP Maliba, qui venait à peine de claquer la porte de la CMP. Pourquoi gonfler les rangs du parti du député Amadou Thiam. Les explications vont bon train dans les couloirs de l’hémicycle où les mauvaises langues attribuent le geste des démissionnaires à une tentation vénale. Dans les mêmes couloirs, il se chuchote que chaque député a perçu la bagatelle de 50 millions pour adhérer à l’ADP et assurer un parrainage pour le candidat tapi que ce parti alignera à la prochaine présidentielle.
A. KEITA