Responsables à titre principal de la gestion des missions parlementaires, le Questeur, Mahamadou Cissé de l’ADEMA et certains hauts responsables du Bureau de l’Hémicycle (le président Dioncounda Traoré et d’autres) ne se font pas prier pour «offrir» à tout prix ces privilèges à des députés ADEMA. Ficelée, négociée et pilotée avec minutie par un député reconnu pour son bagout en matière de diplomatie, en l’occurrence le président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, l’honorable Amadou Bouaré de la CODEM, la mission sur la République tchèque, du 14 septembre prochain, vient d’être octroyée au président de la Commission des Finances, l’honorable Ouali Diawara. Celui-ci venait du reste de terminer une misioin à l’intérieur du pays.
La diplomatie parlementaire est devenue, depuis plusieurs années, un volet important des relations internationales. C’est ainsi que le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Assarid Ag Imbarcaouane de l’ADEMA, est reconnu comme un pilier de cette diplomatie triomphante au Mali.
C’est aussi pourquoi l’Assemblée nationale du Mali tient à bien surveiller l’évolution de cette diplomatie. Seulement, elle est souvent conduite, en dehors de quelques députés qui peuvent représenter le président de l’institution à telle ou telle rencontre, par le président de la Commission des Affaires étrangères. Et, comme le président de cette Commission, l’honorable Amadou Bouaré, précédemment député indépendant, élu à Ké-Macina, vient de virer à la CODEM, il semble qu’il n’est plus… prudent de laisser celui-ci piloter cette Commission. Ce dernier, lors d’une récente visite de travail d’une délégation de 8 députés du Parlement tchèque, a reçu une invitation de cette institution homologue et a adressé une correspondance au président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré et au Questeur Mahamadou Cissé de l’ADEMA. Signalons en passant que M. Bouaré avait pris soin de notifier la composition de cette mission qui devait se rendre en République Tchèque, le mois prochain, au président Dioncounda et au Questeur Cissé. Elle est composée de 8 membres dont 4 de la commission des Affaires étrangères et 4 de la Commission Défense nationale.
Selon nos informations, le Pr. Dioncounda Traoré, par ailleurs président de l’ADEMA, le questeur Mahamadou Cissé également de l’ADEMA et le 2e Vice-président Assarid Ag Imbarcaouane du même parti, sous le prétexte que le néo-député CODEM a bénéficié de plusieurs missions, ont décidé l’attribuer au président de la Commission des Finances, l’honorable Ouali Diawara de l’ADEMA et à deux autres députés l’un de l’ADEMA et l’autre de l’URD. Ils se préparent pour quitter le Mali le 14 septembre prochain. La mission devant commencer le 16 septembre, comme l’avait négociée M. Bouaré avec l’accord de l’ambassadeur de la République Tchèque au Mali. Comme on le voit, l’ADEMA, dans sa logique de reconquête du pouvoir en 2012, tient d’ores et déjà à un partage léonin des privilèges du pouvoir. Il semble, selon nos informations, que ces pratiques sont courantes au sein de l’Hémicycle
C’est de cette façon que des députés qui ne connaissent rien à la diplomatie vont être envoyés en véritables touristes aux frais du contribuable malien. Et dire que la diplomatie parlementaire revêt aujourd’hui une telle importance au point que c’est un domaine stratégique pour l’Etat. Plusieurs Etats cherchent à donner leurs orientations idéologiques sur le plan international à travers leurs députés qui, dit-on, sont plus faciles d’accès, plus proches des populations. Ces députés interviennent ainsi plus efficacement dans le règlement des conflits, plaider pour une hausse de l’enveloppe de la coopération. C’est ainsi que le Mali participe pleinement aux activités des organisations comme l’Association internationale des parlements francophones (AIPF), le Comité interparlementaire de l’UEMOA (CIP-UEMOA), le Parlement de la CEDEAO, le parlement panafricain, etc.
Bruno Djito SEGBEDJI