La mise en place du nouveau bureau de l’Assemblée nationale du Mali a mis à nu le malaise qu’il y avait au sein de la majorité parlementaire. Même si la mise en place de ce bureau a pu se faire, cela a créé un profond malaise entre les députés de la majorité dont certains se regardent désormais en chiens de faïence.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la 5ème législature de l’Assemblée nationale n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Alors que la cohabitation est parfois intenable entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition qui estiment que le président de l’Assemblée nationale Issaka Sidibé n’est pas impartiale dans la gestion des débats, la gestion du temps de parole ou encore le non respect des textes de l’Assemblée nationale, une crise interne est née au sein des députés de la majorité, surtout ceux du RPM, première force politique à l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une fronde contre Issaka Sidibé, intervenue juste après l’altercation entre le député Bourama Tidiane Traoré et le juge de Ouéléssébougou. Altercation après laquelle, ce dernier a été placé sous mandat de dépôt jusqu’à ce qu’une résolution adoptée par l’Assemblée nationale parvienne à le faire libérer après sa comparution à la Cour d’Appel de Bamako. Il lui avait été reproché par certains de ses collègues, dont Abderhamane Niang d’avoir pris cette affaire à la légère, en plus d’avoir reproché à certains de ses collègues qui se sont mobilisés pour la libération de leur collègue, d’avoir fait une gestion calamiteuse de cette affaire.
Les frondeurs reprochaient à Issaka Sidibé d’être incompétent, de manquer d’autorité, de culture générale et de toutes autres compétences nécessaires pour être président de cette institution de la République. Certains avaient même indiqué que n’eut été ses relations avec la famille présidentielle il n’aurait pu être élu à la présidence de l’Assemblée nationale du Mali. Les fondeurs lui reprochaient aussi de s’adresser à ses collègues députés, élus au même titre que lui, comme à ses enfants. A cela s’ajoutaient des affaires de marchés attribuées de gré à gré à sa fille.
C’est pourquoi, selon des sources bien introduites à l’Assemblée nationale, une pétition avait circulé en son temps pour demander sa destitution. Et d’ailleurs, selon nos sources, plusieurs élus de la Nation avaient apposé leurs signatures sur le document dans le but de destituer Issaka Sidibé. Mais avant d’arriver à leur fin, cette crise va être gérée. Nos sources indiquent que le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a même eu son mot à dire pour faire revenir les élus de son parti à l’ordre.
Après cette crise au sein de la majorité, voilà que l’honorable Bafotigui Diallo, député élu sous les couleurs du RPM en commune VI soulève le scandale des engrais hors normes. Un dossier qui accablait le ministre du Développement Rural, Dr Bocari Tréta non moins secrétaire général du parti, RPM.
Cette affaire va également créer un froid entre les députés de la majorité dont certains vont reprocher à Bafotigui Diallo et Bakary Koné, député élu sous les couleurs de l’Adema à Koutiala (parti de la majorité) d’avoir jeté Tréta dans la gueule du loup. Au nom de la majorité, selon eux, ils ne devraient pas soulever cette affaire jusqu’à la représentation nationale.
Lors de l’interpellation du ministre Tréta sur cette affaire, le député Bakary Koné, élu sous les couleurs de l’Adema ne lui avait pas fait cadeau. Après avoir écouté les réponses fournis par le ministre à ses questions, il avait indiqué qu’à l’analyse des réponses données, celui-ci n’a répondu à aucune de ses questions. Avant de poursuivre : « Je suis aujourd’hui découragé car je viens de me rendre compte que nous n’avons pas de ministre de l’Agriculture car il n’a fait que dégager sa responsabilité dans cette affaire… ».
Pour le député Bakary Koné, pendant que le président de la République Ibrahim Boubacar Keita avait rassuré le monde rural, Tréta a fait le contraire en apportant de la déception. Et d’ajouter que plusieurs documents prouvent que le ministre Tréta était au courant de ce qui se passe, mais a fermé les yeux là-dessus.
Cette situation avait créé un froid entre les députés de la majorité, surtout entre ceux de l’Adema-Pasj et ceux du RPM. Les seconds reprochant aux premiers leur manque de sincérité au sein de la majorité parlementaire. Ensuite arrive la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale et le renouvellement des Commissions à la faveur de la rentrée parlementaire d’octobre 2015. Cela va encore exacerber le sentiment de méfiance qu’il ya entre députés de la majorité. Et une fois de plus, une fronde va naitre. Une fronde orchestrée d’en haut dans le but d’imposer certains députés dans le bureau de l’Assemblée nationale et démettre de leurs postes, certains présidents de commissions présidées par le RPM. Il s’agit de l’honorable Karim Keita de la Commission Défense, l’honorable Abdine Koumaré de la Commission des Finances et l’honorable Yacouba Traoré de la Commission des Travaux Publics, des Transports et de l’Habitat de l’Assemblée nationale. Mais au finish, après des conciliabules, les deux premiers Karim Keita et Abdine Koumaré seront maintenus à leurs postes. Et c’est seulement l’honorable Yacouba Traoré qui sera évincé. Mais bien avant ce dénouement, l’honorable Issaka Sidibé et Bocari Tréta ont eu une prise de bec. Mais depuis la mise en place de ce bureau qui a suscité beaucoup de frustrations, les députés de la majorité se regardent désormais en chiens de faïence. Une situation qui pourrait impacter sérieusement sur leur travail parlementaire.
D. Diama