Assemblée Nationale : Quand la cupidité l''emporte sur la défense des intérêts du peuple

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Le peuple du Mali, mon peuple, vient encore une fois, par le fait de ceux-là mêmes qui sont  supposés le défendre, d’être désabusé, j’allais dire éviscéré.

En effet, les députés de la législature passée, à quelques jours seulement de la fin de leur mandat fait des hauts, mais aussi de trop de bas, ont pris devant Dieu et devant le peuple malien la redoutable et abominable décision de s’octroyer une augmentation de salaire de presque 100% sans compter cette autre prime d’installation de dix millions  FCFA (10 000 000 FCFA) par député élu. Quelle aberration !.

Dans un pays où la misère se fait de plus en plus croissante, où  80% de la population ne mange plus à sa faim, où l’accès aux soins de santé est devenu un luxe, où des millions d’enfants en âge d’aller à l’école, restent à la maison, faute de place où de moyens pour les  parents, où la majorité de nos populations rurales n’ont accès ni à l’eau potable, ni à  l’électricité» (qui du reste n’est plus un luxe mais une nécessité), ni à une alimentation décente. Bref un moment où tous les secteurs vitaux de l’économie roulent au ralenti ; une période de grandes difficultés pour le pays, mais pour les autorités qui s’adonnent à toutes sortes de gymnastiques intellectuelles pour résoudre les difficiles équations du front social.

L’UNTM qui demande une amélioration des conditions de vie des travailleurs face à la cherté exponentielle de la vie ; les enseignants de l’enseignement secondaire qui continuent de retenir par dévers eux les notes d’évaluations de leurs élevés tant que le gouvernement n’apporte pas la réponse adéquate à leurs revendications qui sont majoritairement d’ordre pécuniaire.

Les promoteurs d’écoles privées qui n’arrivent toujours pas à mettre la main sur leurs subventions (demi-bourses et frais scolaires) dues par l’Etat. Ce qui crée une vive tension entre certains promoteurs et leur personnel sevré de salaires depuis dix (10) mois pour certains. Que dire des partants volontaires à la retraite qui attendent  leurs primes de réinsertion sociale afin de sortir  leurs familles respectives de la misère qui les mine jour après jour. Les jeunes diplômés ou non diplômés, des jeunes maliens, en tout cas, qui, parce que désoeuvrés passent leurs journées dans les  grins autour d’un thé pour oublier un tant soit peu le stress lié au chômage.

Devant un tel tableau désastreux, nos députés ne devaient-il pas par respect pour le pays et pour le peuple, surseoir, ne serait-ce que pour le moment, à leur dessein de «sucer» le sang du peuple au nom duquel ils sont à l’hémicycle ? N’est ce pas là la preuve tangible de la cupidité outrancière de nos élus ? Tout porte à croire  qu’ils ne se font véritablement aucun souci de la situation et des conditions de vie de leur peuple. Ils viennent, pas pour le défendre, mais pour le ruiner et l’engloutir davantage dans le fossé qui est désormais le sien et pour combien de temps ?

Au-delà des discours «mielleux, ce comportement de nos députés jurent avec la raison. C’est ainsi que pour exprimer sa désapprobation totale devant un tel cynisme le peuple malien dans son écrasante a boudé purement et simplement les urnes le 1er juillet dernier lors du premier tour des élections législatives. Parce qu’il ne veut plus continuer d’apporter sa caution à des individus qui, à la pratique, se révèlent être de dangereux déprédateurs de l’économie nationale.

Figurez-vous, dans un pays où un professeur d’enseignement secondaire général, un médecin, fonctionnaire de l’Etat touchent après près de quinze ans de service , un salaire de deux cent mille (200 000 FCFA) par mois à peine. Un député rend -il plus de services au peuple qu’un enseignant, un médecin, un ingénieur pour s’octroyer un salaire mensuel cinq fois supérieur à celui de ces cadres supérieurs du pays qui se battent de jour comme de nuit pour assurer un développement harmonieux de tous les secteurs (éducation, santé, agriculture etc…) ?

Pire, ce n’est point un secret, lors de multiples sessions de l’Assemblée nationale, sessions au cours desquelles les questions essentielles à la vie de la nation sont débattues, nos braves députés (pour la majorité en tous cas), se laissent allègrement tomber dans les mains de Morphée (Dieu du sommeil)  s’ils ne brillent pas par leur absence  purement et simplement. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à beaucoup de maliennes et maliens que l’Assemblée nationale n’est plus ni moins qu’une «caisse de résonance» où toutes les lois qui arrivent, passent sans un véritable débat de fond. Cela n’est pas étonnant si l’on  sait que la plupart d’entre eux  se portent candidats à la députation sans trop savoir les rôles, missions et prérogatives d’un député. La preuve vient de nous être donnée lors des campagnes pour le premier tour des élections législatives du 1er juillet  dernier. 

Pour tout argument de campagne, on entendait que des propos du genre : «Si vous votez pour moi, je construirais des routes, des hôpitaux,, des écoles pour vous» ou encore «Si je suis député, je créerais des emplois , beaucoup d’emplois pour les jeunes». Les auteurs de ces propos savent-ils vraiment ce que doit faire un député ? J’en doute fort. Et comme moi, beaucoup d’autres maliens assurément. A ce rythme, quelle Assemblée nationale devrons-nous avoir si des gens aussi intellectuellement  limités parvenaient à y siéger ? Peut être, une Assemblée nationale constituée «d’opérateurs économiques» venus juste pour se faire les poches et non défendre les intérêts du peuple dont ils sont l’émanation.

Pour 147 députés, l’Etat devra débourser, si les choses restent en l’état, la bagatelle d’un milliard quatre cent soixante dix millions (1 470 000 000 FCFA) seulement pour leur installation sans qu’aucun compte ne soit tenu de leurs diverses primes et salaires mensuel de cinq cent mille (500 000 FCFA) par député.

L’Etat devra donc tout faire pour mettre fin à cette boulimie subite de nos députés (qui viennent de dévoiler, à travers le vote de cette loi  portant majoration de leurs avantages financiers, leur vraie motivation en refusant  purement et simplement de prendre un décret d’application la concernant. Pour cela, la caution du peuple  est totale et ne souffrira d’aucune ambiguïté.

Les hommes passent , mais la patrie demeure. Et à l’histoire de retenir qu’en 2007, des députés maliens, à un moment où tous les feux étaient au rouge, ont voulu s’offrir gracieusement et sur un plateau d’argent, des avantages financiers extraordinairement préjudiciables à l’économie et au peuple qui a du mal à s’assurer les trois repas de la journée, à un moment où des  milliers d’autres maliens rendent l’âme dans nos hôpitaux faute de soins.
Quelle belle leçon de patriotisme.

Cheick O SIDIBE

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