Assemblée Nationale : Les Missions couteuses d’IBK font grincer des dents

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De près de trois (3) milliards F CFA seulement, lors de la précédente législature, le budget annuel de l’Assemblée Nationale du Mali est spectaculairement passé à quatre (4) milliards, avant d’atteindre les proportions exponentielles. Une bagatelle de plus de six (6) milliards ; tel est le montant voté par les parlementaires, l’année dernière, en dépit des protestations à peine voilées de l’Hôtel des Finances. Pourquoi l’institution parlementaire a-t-elle besoin de ressources aussi colossales pour son fonctionnement ? L’explication ne se trouve pas seulement dans l’accroissement des traitements accordés aux Députés. Il tient aussi de la logique suivante : les fonds pourraient faire défaut mais jamais son domaine d’utilité.
Les institutions législatives et exécutives du Mali ne sont jamais parvenues à un terrain d’entente sur les questions d’ordre financier. Qu’il s’agisse de la loi organique sur les traitements, privilèges et émoluments parlementaires ou de l’usage que l’hémicycle a tendance à faire de l’autonomie financière que leur accordent les législations en vigueur. A la faveur du vote de la Loi de finances, l’année dernière, le Ministre Abou Bakar Traoré s’en est même fait du mauvais sang pour sa réticence à concéder une augmentation des ressources du Parlement malien. Nonobstant, l’Assemblée Nationale, selon des sources dignes de foi, n’a guère l’intention de revoir à la baisse le niveau de ses dépenses pour l’exercice budgétaire à venir. Des confidences font au contraire allusion à un accroissement de celles-ci jusqu’à hauteur de sept (7) milliards, voire plus, de prévisions budgétaires arrêtées par les financiers de l’institution.
Solidarité oblige, les collègues d’IBK vont peut-être massivement adhérer à une cause d’apparence commune, mais qui commence à intriguer plus d’un député. Et pour cause. Nombre de parlementaires s’interrogent de plus en plus sur l’utilité et la destination réelles des fortunes pour lesquelles leurs suffrages sont annuellement sollicités, au nom du fonctionnement de l’institution parlementaire. Le constat, en effet, est alarmant. Car, même si le traitement des députés s’est considérablement amélioré pendant la législature, il n’en demeure pas moins que les montants annuellement alloués sont essentiellement engloutis par la seule présidence de l’Assemblée Nationale. Aussi convient-il d’ajouter que lesdites dépenses sont moins imputables aux besoins réels et réguliers du sommet de l’institution qu’aux chapitres artificiellement créés pour dilapider l’argent, à des fins sans doute boulimiques et qui laissent à désirer.
En clair, les ressources faisant toujours plus défaut que leur domaine d’utilité, la présidence de l’Assemblée Nationale ne tarit guère d’imagination pour occasionner des postes de dépenses. La trouvaille, selon toute évidence, est de multiplier les voyages pouvant servir de justificatifs à l’utilisation des ressources. Nul n’ignore les propensions touristiques de l’ancien Premier Ministre de Alpha O. Konaré, mais il semble que l’actuel Président de l’Assemblée Nationale a véritablement exagéré en nombre de déplacements à l’extérieur, pendant son mandat parlementaire. A un point tel que l’absentéisme est devenu pour lui la règle, les tâches parlementaires fondamentales l’exception. Qu’à cela ne tienne, puisque les absences prolongées et répétées d’IBK se révèlent manifestement beaucoup moins nocifs au fonctionnement de l’hémicycle que leurs retombées dispendieuses. Des indiscrétions recueillies auprès de parlementaires font état, par exemple, de la centaine de millions F CFA pour des voyages de quelques jours seulement. Pis, poursuivent les mêmes sources, les frais afférents aux dits déplacements ne tiennent jamais compte de la part contributive du pays qui invite. Ce n’est pas tout. Pour ouvrir au maximum les entrailles du trésor public, le sommet de l’institution parlementaire se serait même offert les services d’une structure spécialisée dans la seule détection des rencontres internationales sur le Internet. L’objectif, précise notre source, c’est de susciter les invitations aux forums, tables rondes et autres cadres internationaux qui occasionnent des déplacements juteux et, par conséquent, la justification de dépenses. Aussi les déplacements en question paraissent-ils d’autant accessoires et artificiels qu’il arrive si souvent, selon les mêmes sources, que le chef des délégations parlementaires maliens les effectue, mais en brillant par son absence aux rencontres les ayant occasionnés. Comme quoi, le patriotisme et le sens de l’Etat sont les choses les moins partagées lorsqu’il s’agit d’épargner les fonds publics des prodigalités orientées vers soi.
 
 
A. Keïta

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