“La Déclaration de Politique Générale du Gouvernement proposée par le Premier Ministre Modibo Sidibé représente un catalogue d’intentions, un shoping list. En réalité, on est en plein dans l’immobilisme qui ne fera pas avancer le Mali “, selon l’opposition constituée par les députés du Rpm, du Parena et de Sadi. Après cinq ans d’absence à l’Assemblée nationale, revoilà les débats sur des questions de la nation. Le Mali a désormais une vraie opposition qui vote non.
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En faisant allusion à Talleyrand (homme politique et diplomate français du 18è-19è siècles), Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) a-t-il voulu résumer la carrière politique de l’ancien Secrétaire général de la présidence et actuel Premier ministre Modibo Sidibé ? Dans l’anecdote qu’il a racontée, IBK a indiqué que« Talleyrand fut de tous les régimes, mais n’en a servi aucun».
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Mais de son côté Me Amidou Diabaté a signifié que Modibo Sidibé n’était qu’un écran, tout en soulignant son regret de ne pas avoir en face le président ATT pour lui dire ses quatre vérités à propos de la marginalisation des partis politiques.
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Le débat était houleux, l’atmosphère était à l’expression plurielle : on a assisté à une passe d’armes entre l’opposition et la majorité. Les députés de l’opposition ont croisé le fer avec Modibo Sidibé qui a par moment perdu son sang froid, malgré le soutien d’une majorité écrasante qui a montré des défaillances. Avec les limites de l’ADP à défendre la DPG, Modibo Sidibé, visiblement énervé a pris en main sa propre défense.
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Dissimulant mal son désarroi, le Premier ministre laisse entendre qu’il était à l’aise pour son entourage en matière de respect des droits de l‘homme. Ceci dit, il n’a pas manqué de croiser le fer avec Me Amidou Diabaté qui lui témoigne le contraire pour notre peuple.
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Les députés de l’opposition sont intervenus plusieurs fois pour dire « non » à cette DPG qui ne rime, selon eux, qu’avec immobilisme et manque de considération pour les partis politiques, alors que ceux-ci incarnent la pluralité de l’opinion et constituent un fondement de la démocratie. Les intervenants de l’opposition avec en tête Ibrahim Boubacar Kéïta du Rpm, Me Amidou Diabaté et Bréhima Béridogo du Parena, Oumar Mariko de Sadi ont marqué de leur sceau les débats parlementaires de ce 17 décembre. L‘opposition parlementaire compte une vingtaine de députés et trois partis politiques : le Rpm, le Parena et Sadi.
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Selon Ibrahim Boubacar Kéita, le président du RPM, un parti de l’opposition, la Déclaration de Politique Générale présentée par le Premier ministre Modibo Sidibé affiche une ambition démocratique très minime. Elle tient peu compte des fondements de la démocratie. Il a dénoncé l’arrestation des Directeurs de publication par le pouvoir en place qui embastille et censure. Ibrahim Boubacar qui a été Premier ministre alors que Modibo Sidibé était membre de son gouvernement a dénoncé la censure de l’opposition par l’ORTM lors du vote du budget. IBK n’a pas reconnu, dans cette DPG, la trame du ministre de la Santé pertinent et cohérent qui était membre de son gouvernement. Caractérisée par l’inconséquence, la DPG n’a même pas pris en compte le sort des otages de la rébellion, des militaires faits prisonniers par Ibrahim Ag Bahanga et compagnie.
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L’exode rural et l‘immigration, l’évolution anarchique des villes de plus en plus insalubres, les Accords de Partenariat Economique sont autant de défis qui ont été ignorés par le Premier ministre Modibo Sidibé et qui ont été relevés par IBK. Il n’a pas manqué de prévenir le Premier ministre qui les verra en face si jamais il ne se garde de s’engager dans la voie de la violation de leurs droits imprescriptibles.
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La DPG de Modibo Sidibé, fille de la Banque Mondiale
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La loi des Finances votée le 13 décembre et la Déclaration de la Poli-tique Générale, ont été au centre de l’intervention de Oumar Mariko de Sadi, membre de l‘opposition. Selon lui, la Déclaration de Politique Générale a le mérite de clarifier l’orientation idéologique du régime en affirmant clairement son attachement à l’économie de marché néolibéral inspirée du CSLP et du CSCRP des institutions financières Internationales que sont la Banque Mondiale et le FMI.
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Il a fait remarquer que le CSLP a lamentablement échoué dans ses objectifs globaux de lutte contre la pauvreté. Au contraire, «il a enrichi quelques fonctionnaires de l’Etat, des commerçants, des hommes d’affaires protégés par le pouvoir. Bref une infime minorité», a-t-il souligné.
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Selon lui, le résultat de plus de 20 ans de privatisation n’est guère reluisant . Les premiers à acquérir les secteurs publics privatisés n’ont pas respecté les cahiers de charges et n’ont eu que mépris pour les travailleurs dont les droits ont été allègrement violés dans l’indifférence totale. Parmi ces sociétés, il cite la Socima, la Sonatam, l’Huicoma, la Rcfm avec Transrail, la Betram et la Cmdt. «Ces privatisations sont destructrices et non pourvoyeuses d’emplois pour les jeunes. Dans ces conditions, il est difficile que le privé soit le moteur pour la construction d’une économie nationale forte».
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A la place d’une table ronde des bailleurs de fonds en vue de requérir leur adhésion et leur accompagnement pour la réalisation de nos politiques et stratégies de développement, Oumar Mariko prône un forum, l’ouverture de débats sur les potentialités économiques et la capacité financière de notre pays en vue du financement du décollage économique par nos propres forces.
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La DPG s’appuie essentiellement sur les bailleurs étrangers pour le financement de son programme. Les retombées de l’or ne sont pas évoquées pour ce financement ainsi que le recouvrement de la centaine de milliards consignés dans le rapport du Vérificateur Général, dont plus de 10 milliards pour le seul compte de l’Office du Niger.
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C’est dire qu’au lieu d’enclencher une véritable lutte contre les détournements de
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deniers publics, la corruption, la DPG évoque l’organisation de forum. Une telle opération cautionne de façon insipide la corruption, a fait remarquer cet orateur de l’opposition.
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En porte-à-faux avec le budget
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«La DPG enjambe élégamment les problèmes brûlants du Mali : Ecole, Santé, Armée, cherté de la vie, chômage, paupérisation des campagnes et des zones urbaines, expropriation des paysans de leurs champs au profit d’investisseurs étrangers et de bureaucrates nationaux, la hausse de la redevance eau et des intrants agricoles pour se plonger dans « un future prospère » hypothétique », souligne-t-il.
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Dans le cadre de l’Etat de droit, la DPG tait la corruption politique qui va de la fraude électorale à la violence voire à l’assassinat comme ce fut le cas de Youssouf Dembélé (secrétaire général de la section Sadi de Niono). Oumar Mariko a souhaité que justice se fasse à cet effet.
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La question de l’immigration doit se poser en terme de soutien et de défense des droits de nos concitoyens vivant à l’extérieur du pays au-delà des besoins d’investissement monétaire et financier privilégiés dans la DPG.
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«Nous estimons que l’Etat qu’il nous faut au Mali ne doit pas être le garant des intérêts du capital financier international et de sa représentation nationale, mais bien l’organisateur de la production avec la promotion du secteur public de la démocratie politique et la protection du marché national», souligne-t-il
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Le député de l’opposition, Bréhima Béridogo, a mis à nu le silence sur les partis politiques dans la déclaration de politique générale. Ce document est une invitation au rêve, un assemblage d’hypothèses légères et irréalistes.
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Ce député Parena a soulevé un problème de cohérence entre la DPG et le Budget. Le bitumage de certaines routes qui est annoncé n’est pourtant pas prévu au niveau des financements.
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L’élevage malien souffre du manque d’aliment bétail, obligeant les éleveurs maliens de se rabattre sur les importations en provenance du Burkina Faso avec un coût qui varie du simple au double.
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S’agissant de la mécanisation de l’Agriculture, il a invité à tirer les leçons de la première expérience ou les tracteurs de la CMDT. Avons-nous le personnel qualifié, les matériels adaptés, et le tracteur est-il utilisé en adéquation avec les superficies ?
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Le Premier ministre croit-il en les langues nationales ? Alors même qu’il y a un ministère en charge des langues nationales, aucune mention n’en a été faite dans la Déclaration de Politique Générale. Le député a relevé les insuffisances de la DPG de Modibo Sidibé : « ce qui nous a été servi comme DPG a la caractéristique essentielle de manquer de vision, c’est une proclamation d’intentions, un shoping list comme dirait les Anglais, c’est-à-dire une liste de provisions que l’on dresse en entrant dans un super marché…En réalité, on est en plein dans l’immobilisme qui ne fera pas avancer le Mali »
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B. Daou
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