L’Assemblée nationale nous y a habitués : à chaque rentrée parlementaire d’octobre, le renouvellement du bureau donne lieu à une empoignade plus ou moins féroce selon les antagonismes dictés par le contexte politique du moment.
Cette année encore, la composition du bureau fait des vagues. Rappelons qu’au terme du règlement intérieur de l’Assemblée, le bureau est renouvelé chaque année au début de la session d’octobre. Le même règlement stipule que les députés doivent s’efforcer de former un bureau qui reflète autant que possible la configuration politique de l’Hémicycle. Prévu pour hier, le renouvellement du bureau a été finalement remis à aujourd’hui. Le temps de poursuivre les négociations pour parvenir à une formule consensuelle.
Traditionnellement, c’est la conférence des présidents (les membres du bureau, les présidents des commissions et des groupes parlementaires) qui se réunit en amont et discute de la répartition des postes entre les différents groupes parlementaires. En cas d’accord, comme c’est souvent le cas, la plénière entérine le compromis trouvé. Mais il arrive qu’un groupe parlementaire ne soit pas satisfait de ce qu’on lui offre. Dans ce cas, les tractations peuvent durer ou alors on constate le désaccord. Cette année, le contexte est un peu particulier car c’est la dernière année de la mandature.
En plus, des rumeurs persistantes ont circulé sur une possible dissolution de l’Assemblée par le président de la République pour harmoniser le calendrier électoral. Les députés ont-ils cru à ce scénario ? Toujours est-il que dans un premier temps, la présence dans le bureau n’est pas apparue comme un enjeu majeur pour nombre d’élus. Mais, confie une source, quand la rumeur a commencé à s’estomper, beaucoup se sont convaincus que la législature ira à son terme. Et dans ce cas, une place dans le bureau peut s’avérer très utile.
Au total, 9 postes de vice-présidents, autant de postes de secrétaires parlementaires, deux questures et 11 présidences de commission sont en jeu. Seule la présidence ne change pas de titulaire durant toute la mandature. La récente composition du bureau de la CENI aurait ajouté des difficultés supplémentaires pour les tractations. L’Adema n’aurait pas du tout apprécié l’attitude de certains de ses alliés au sein de la majorité présidentielle dans cet épisode. Par ailleurs, la CODEM, forte de ses 9 députés, réclame une meilleure représentation dans le bureau avec un poste de vice-président.
La conférence des présidents a discuté toute la journée de mercredi pour trouver un bureau consensuel sans y parvenir. C’est cet échec que la plénière d’hier a constaté. À peine la séance ouverte, le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, a fait part aux députés du souhait de renvoyer la formation du bureau à ce matin pour permettre à la conférence des présidents de parvenir à un accord.