Deux membres du gouvernement ont répondu hier aux questions orales des députés à l’Assemblée nationale. Oumar Bouri Touré, élu à Goundam, avait adressé des questions orales au ministre l’Economie, des Finances et du Plan sur la prolifération des produits asiatiques, le libéralisme et la protection de notre industrie. Le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales et de l’Instruction civique devait répondre aux questions de Hamadoun Aladji Sidibé, élu à Youwarou, sur le cas du directeur de l’école fondamentale de Sah relevé de ses fonctions, une semaine après sa nomination.
Oumar Bouri Touré a d’abord fait le constat que notre pays est devenu « un marché à ciel ouvert à des produits asiatiques qui viennent concurrencer des produits nationaux et mettre au chômage des opérateurs économiques et ouvriers nationaux ». Il demande par conséquent des mesures afin de garantir l’activité pour les opérateurs économiques, les ouvriers et les artisans. Il veut aussi savoir si le libéralisme en cours dans notre pays est antinomique de la nécessité de protéger nos entreprises et nos industries et si la coopération avec le partenaire chinois doit reposer sur un partenariat gagnant-gagnant pour toutes les composantes de notre société. D’autres questions étaient relatives à la gestion foncière.
Le ministre délégué chargé du Budget, Marimpa Samoura, qui assurait l’intérim de son homologue de l’Economie, des Finances et du Plan, a tenu à préciser que notre pays a fait le choix du libéralisme, et que notre appartenance à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) nous impose des droits et des devoirs. Nous sommes donc tenus de respecter les grands principes du libéralisme économique, à savoir le régime libre et celui de la prohibition. À côté de cela, notre pays dispose d’un mécanisme de contrôle, d’un code des douanes et d’un programme de vérification des importations. Il a souligné le fait d’être dans un régime libéral, ne signifie pas qu’il faut accepter la concurrence déloyale. Nous avons l’obligation de protéger notre industrie.
Parlant de la coopération avec la Chine, le ministre a indiqué qu’il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant dans lequel nous tirons beaucoup d’avantages. Il appartient à notre industrie de travailler à être compétitive.
Revenant à la charge, Oumar B. Touré a estimé que les produits chinois envahissent le marché. Il en appelle donc au respect de ce qu’il a appelé la sécurité économique du Mali. Dans le respect de nos engagements, nous devons apprendre à être plus inventifs, plus créatifs. En tout état de cause l’Etat veille à la protection de notre économie, a répondu le ministre Samoura.
La deuxième séance de question orale a évoqué une décision du directeur du Centre d’animation pédagogique de Youwarou, en 5ème Région, qui a nommé et relevé de son poste après seulement une semaine le directeur de l’école fondamentale de Sah. Le député a interrogé sur la faute commise, les sanctions prévues et plus généralement, l’existence d’une politique de gestion des ressources humaines dans nos centres d’animation pédagogique.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le Pr Messa Ould Mohamed Lady, intérimaire de son collègue, a expliqué qu’il n’y avait pas eu de faute, dans la mesure où l’agent relevé n’avait même pas pris fonction. Pour lui, il faut parler d’erreur administrative. L’agent relevé est un contractuel tandis que celui qui l’a remplacé est un professeur principal de l’enseignement fondamental. Pour le ministre, le directeur du CAP s’est vite aperçu de l’erreur et l’a corrigée au bout d’une semaine. Il a insisté sur la nécessité d’éviter de telles actions.
Ces explications n’ont pas du tout convaincu le député interpellateur qui est convaincu qu’il s’agit d’une nomination « politique » comme « cela s’est passé dans d’autres localités ». Il demande donc que le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales vienne se défendre personnellement devant la représentation nationale. Ce qui a été promis.
Après ces questions orales, les députés ont enchaîné avec l’examen du projet de loi autorisant une troisième prorogation de l’Etat d’urgence. Le bon déroulement des opérations militaires en cours pour la libération des régions du nord cumulé à la nécessité d’instaurer et maintenir un climat social serein sur toute l’étendue du territoire national, ont conduit le gouvernement à initier un projet de loi pour autoriser la prorogation de l’Etat d’urgence. La consolidation de la situation et la pérennisation d’un climat apaisé pour le parachèvement de la reconquête de l’intégrité du territoire et l’organisation d’élections libres et transparentes requièrent une nouvelle prorogation de l’Etat d’urgence. Selon le texte proposé, l’Etat d’urgence prendra fin avant l’ouverture officielle de la campagne électorale. Au cours des débats, des inquiétudes ont été soulevées sur le sens même de l’Etat d’urgence, les difficultés qui y sont liées et la communication qui doit l’accompagner. Beaucoup d’élus se sont prononcés en faveur de la mesure, d’autres ont émis des réserves voire une opposition.
Le ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, chargé de la décentralisation et de l’Aménagement du territoire, Abdourahmane Oumar Touré, qui défendait le texte, s’est appuyé sur l’aspect prévisionnel pour justifier la prorogation de l’Etat d’urgence. Les élus se sont prononcés en faveur du texte par 118 voix pour, une voix contre et deux abstentions.
Nous reviendrons sur la suite de cette plénière dans notre prochaine livraison.
A. LAM