Assemblée nationale du Mali : Le groupe parlementaire Fare-Sadi éclate enfin

0

Les cinq députés démissionnaires des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence ont rejoint le RPM. Conséquence: les Tisserands deviennent ainsi majoritaires absolus à l’Assemblée nationale avec 75 députés sur 147. Aussi, Sadi du Dr Oumar Mariko risque d’être privé de son groupe parlementaire.

C’est officiel depuis ce vendredi 4 juillet 2014, l’institution parlementaire en a été informée à travers une communication lors de la dernière séance plénière de sa première session ordinaire : Le groupe parlementaire Fare-Sadi a en effet éclaté, les cinq députés qui avaient claqué la porte des Fare viennent de rejoindre le Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Kéita. Toute chose qui engendre une légère reconfiguration du parlement, en ce sens que le parti présidentiel, qui avait une majorité relative avec 70 élus, devient majoritaire absolu à l’hémicycle avec désormais 75 députés sur 147. Toutefois, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale, les 5 groupes parlementaires que compte l’institution, à savoir RPM, VRD, Adema, APM et Fare-Sadi resteront en l’état jusqu’à l’ouverture de la session d’octobre prochain, date à laquelle les groupes  doivent être formés. Joint par téléphone, le Secrétaire général de Sadi nous a révélé que son parti tiendra très prochainement une réunion au cours de laquelle il définira sa position car Sadi serait démarché par d’autres élus avec qui il pourrait former un nouveau groupe parlementaire. Toutefois, Dr Oumar Mariko rappelle d’ores et déjà qu’il est fort probable que Sadi fasse désormais cavalier seul. Dans lequel cas, il sera privé de son groupe parlementaire car ne disposant que de 5 élus à l’Assemblée nationale alors que le règlement de l’institution parlementaire requiert 10 députés au moins pour la formation d’un groupe parlementaire.

C’est là, peut-on dire, la fin des illusions pour le Secrétaire général de Sadi, lui qui, à la faveur d’une conférence-débat organisée le 12 avril dernier par l’association Radio Kayira, s’était inscrit en faux contre les rumeurs qui faisaient état  du départ de ses alliés des Fare chez les Tisserands. «Je crois que le groupe parlementaire Fare-Sadi n’existera plus du fait que les Fare se sont inscrits dans l’opposition et des députés Fare ont démissionné de leur parti. Mais ils restent dans le groupe qui doit définir son nom», avait-il espéré. Pourtant, le scénario auquel l’élu de Kolondièba fait à présent face n’a rien à voir  avec un simple changement de nom. C’est aussi l’aboutissement d’un combat que Modibo Sidibé et son parti ont longtemps mené en s’opposant au fait que le groupe parlementaire Fare-Sadi continue d’exister alors que leurs anciens camarades ne pouvaient plus juridiquement répondre au nom des Fare.

Ces députés, Abdoulaye Fofana (élu à Ségou), Abdoulaye Dembélé (élu à Tominian), Daouda Coulibaly (élu à Dioïla), Guédiouma Sanogo (élu à Sikasso) et Alhassane Tangara (élu à Bla) sont les cinq élus qui ont démissionné, le  vendredi 11 avril 2014, des Forces alternatives pour l’émergence et le renouveau (Fare Anka Wuli). Le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé ne s’est depuis lors retrouvé qu’avec un seul député, en l’occurrence Bakary Woyo Doumbia (élu à Bougouni).

Ce départ massif faisait suite à une lettre que Modibo Sidibé, président des Fare, a adressée à l’Assemblée nationale pour notifier l’appartenance de son parti à l’opposition. Pendant que les démissionnaires sont restés favorables à la mouvance présidentielle. D’ailleurs, le clash au sein des «Bleus» remonte à l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2013.

En effet, pendant que le candidat Modibo Sidibé appelait les siens à voter Soumaïla Cissé de l’URD, certains de ses lieutenants, comme Zoumana Mory Coulibaly, démissionnaire lui aussi, battaient campagne pour Ibrahim Boubacar Kéita, aujourd’hui président de la République. La crise était devenue plus aigüe au lendemain des législatives, quand des responsables du parti, dont Alou Kéita, alors président, et plusieurs députés du parti, se sont posés aux travers de la volonté de M. Sidibé d’animer avec d’autres une opposition démocratique et républicaine. Volonté que l’ancien Premier et les siens avaient réaffirmée à la faveur de leur premier congrès ordinaire tenu en mars dernier. Congrès dont les députés qui viennent de rejoindre le RPM s’étaient désolidarisés. La guerre des intérêts a ainsi finalement eu raison de ce parti politique qui se positionnait, jusqu’au vendredi 11 avril dernier, comme la quatrième force politique à l’Assemblée nationale derrière le RPM, l’URD et l’Adema.

Bakary SOGODOGO

Commentaires via Facebook :