Assemblée Nationale : Discours d’ouverture de la session ordinaire d’avril 2016

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Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement ;
Madame, Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement ;
Monsieur le Maire du District de Bamako ;
Monsieur le représentant du Chef d’Etat Major Général des Armées ;
Excellence Monsieur le Doyen du corps diplomatique ;
Monsieur le Médiateur de la République ;
Monsieur le Vérificateur Général ;
Mesdames, Messieurs les Présidents des partis politiques ;
Messieurs les Chefs traditionnels, Notables et Représentants des Chefs de Familles fondatrices de Bamako ;
Messieurs les Représentants des Cultes Religieux ;
Chers Collègues Députés ;
Distingués invités, en vos qualités et grades ;
Mesdames et Messieurs ;
A l’entame de mon propos, je voudrais rendre hommage à notre regretté collègue, l’Honorable Sidy FOMBA, Député élu à Barouéli, qui nous a quitté le dimanche 27 mars 2016.
A sa famille éplorée et à l’ensemble des Députés, je réitère mes sincères condoléances et prie pour le repos de son âme.
Distingués invités ;


Mesdames et Messieurs ;

Une fois n’est pas coutume. En raison des travaux de rénovation de la Salle des plénières Modibo KEITA de l’Assemblée Nationale, nous avons décidé de tenir cette cérémonie, ici, dans la Salle Aoua KEITA. Nous nous excusons d’avance auprès de vous pour les éventuels désagréments que l’exigüité des locaux pourrait vous causer.
Nous espérons que l’ouverture de la prochaine Session ordinaire d’octobre aura lieu dans notre Salle de plénières entièrement modernisée, grâce à l’appui de la Turquie que je tiens ici à saluer.


Chers Collègues Députés ;

L’ouverture solennelle des travaux de cette Première Session ordinaire de l’année 2016 intervient seulement quelques jours après la clôture de la Session extraordinaire débutée le 28 décembre 2015.
C’est le lieu pour moi de vous remercier pour votre abnégation et tout le sacrifice que vous avez consenti, sans relâche, du démarrage de la session budgétaire d’octobre 2015 à ce jour. C’est donc avec un plaisir renouvelé que je vous retrouve aujourd’hui pour cette rentrée parlementaire.

Une fois encore, nous partageons la joie de ces retrouvailles avec d’illustres invités. En votre nom, je voudrais remercier toutes les personnalités qui ont bien voulu se joindre à nous.
Je salue particulièrement Monsieur Modibo KEÏTA, Premier Ministre, Chef du Gouvernement, dont la présence vient confirmer, si besoin en était, l’exemplarité des relations qui lient nos Institutions.

Cette cérémonie m’offre d’ailleurs l’heureuse occasion de lui réitérer mes félicitations et mes encouragements ainsi qu’à toute l’équipe gouvernementale pour les efforts multiformes qu’ils déploient au quotidien pour la satisfaction des préoccupations légitimes de nos populations, conformément aux orientations de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA, Président de la République, Chef de l’Etat.
Excellence Monsieur le Premier ministre ;
Chers Collègues Députés ;
Mesdames, Messieurs ;

La présente Session parlementaire s’ouvre dans un contexte marqué par la quête de solutions durables à certaines préoccupations nationales liées à la question sécuritaire et à celle de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger. Sur ces deux sujets majeurs, l’attente de nos populations est grande.

En matière sécuritaire, nul besoin de vous rappeler que le temps n’est malheureusement pas notre allié. La situation reste préoccupante. Au moment où nos populations aspirent le plus à une vie paisible pleine de promesses, l’on assiste à une recrudescence de l’insécurité à travers le pays.
Attentats contre les forces de défense et de sécurité nationales et internationales, représailles, exécutions et assassinats ciblés, braquages, pose de mines etc. sont devenus le quotidien de certains de nos concitoyens. Les violences sporadiques perdurent dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti, Ségou et Sikasso.
Ces violences gratuites ne sont cependant pas propres qu’au Mali, elles existent partout dans le monde. Si certains pays peuvent se donner les moyens de lutter contre le virus ZIKA, de construire des murs ou de mettre des barbelés le long de leurs frontières pour contrer l’arrivée des migrants sur leur sol, aucun Etat au monde ne saurait être à l’abri des groupes terroristes.
La terreur, elle, ne connait pas de frontières. L’ennemi peut venir de partout, de l’extérieur comme il peut frapper de l’intérieur. A cet égard, le mal ne peut être vaincu que par une mutualisation des efforts et cela, au triple plan sous régional, régional et mondial.
Je voudrais donc renouveler solennellement mon cri de cœur, à l’endroit de tous les peuples épris de paix et de justice, de créer une synergie d’actions, permettant de contrer les velléités terroristes et djihadistes d’individus sans foi, ni loi, à travers le monde. Il y va de notre intérêt à tous.
Comment pouvons-nous admettre qu’à peine remis de nos émotions après l’attentat contre l’Hôtel Radisson Blu de Bamako, ils se soient encore attaqués au Quartier Général de l’EUTM à l’Hôtel Nord-Sud de l’ACI 2000 ainsi qu’à d’autres cibles importantes au Mali, au Burkina Faso, au Nigéria, en Tunisie, en République de Côte d’Ivoire, en Turquie, au Niger, en Belgique, au Pakistan et j’en passe. Combien de victimes innocentes ? Des dizaines voire des centaines dont le seul tort a été de se trouver au mauvais moment au mauvais endroit. Nous prions pour le repos de l’âme de toutes ces victimes.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;

Le développement de notre continent se trouve sérieusement compromis par ces actes ignobles de violence gratuite. C’est l’occasion d’ailleurs pour moi de vous notifier, ici, que je me réjouis particulièrement de la décision prise par le G5 Sahel de créer des unités d’intervention rapide pour faire face aux menaces terroristes. Je ne doute point un instant que les différents Etats membres mettront tous les moyens adéquats à la disposition de cette force régionale pour venir à bout des fanatiques religieux et autres assaillants de toutes sortes.
Je saisis également cette opportunité pour saluer la récente visite effectuée dans notre pays par une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Cette mission qui visait, entre autres, à évaluer la situation sécuritaire dans son ensemble, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et à passer en revue la situation de la MINUSMA prouve à suffisance que le Mali n’est pas seul dans son combat et qu’il peut continuer à compter sur l’appui de la communauté internationale.
Excellence Monsieur le Premier ministre ;
Chers Collègues Députés ;
Mesdames, Messieurs ;

S’agissant de l’application de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, vous me permettrez de renouveler notre gratitude à la République algérienne, à l’équipe de négociations, aux pays amis et à l’ensemble de la Communauté internationale mais, je dis bien mais, cet accompagnement du Mali par ses alliés doit être activement poursuivi, et cela, jusqu’au bout à travers notamment le respect de tous les engagements auxquels ils ont souscrit.
Des efforts louables sont, certes, en train d’être fournis conformément au nouveau chronogramme de mise en œuvre élaboré par le Comité de Suivi de l’Accord, cependant, le rythme doit être accéléré. Il y va de la paix et de la quiétude tant réclamées par nos paisibles populations.
Aussi, voudrais-je insister sur la nécessité et l’urgence pour nos populations, les amis du Mali et la Communauté internationale d’œuvrer de concert, avec toute la sincérité requise, pour bannir toute action susceptible de fragiliser l’Accord et singulièrement la coexistence pacifique entre nos différentes communautés. Toute manœuvre, de quiconque, tendant à entraver les chances d’installation d’une paix réelle et durable sur l’ensemble du territoire malien restera à jamais une blessure infligée à notre nation.
L’Assemblée Nationale, comme à son habitude, jouera toute sa partition pour que tous les maliens, de Kayes à Kidal ainsi que ceux de la diaspora puissent jouir des fruits du Mali nouveau, dans l’union et la paix.
Les différentes rencontres organisées au cours des derniers mois entre l’Institution, le Gouvernement et la CMA pour mieux cerner les difficultés de mise en œuvre de l’Accord afin d’y apporter les solutions idoines, rentrent dans ce cadre.
Excellence Monsieur le Premier ministre ;
Chers Collègues Députés ;
Mesdames, Messieurs ;

Une des plaies en passe de gangrener notre démocratie et certaines de nos libertés fondamentales réside dans le non respect des règles déontologiques et les manquements graves aux cahiers de charges constatés au niveau de certaines presses.
Aux termes des articles 6 et 7 de notre Constitution, autant la liberté de presse est reconnue et garantie, devant toutefois s’exercer dans les conditions fixées par la loi, autant la vie privée que la vie familiale de la personne humaine sont inviolables.
Cependant, à quoi nous assistons quotidiennement dans la presse écrite et audiovisuelle, surtout celle dite libre ou privée ? Nous assistons à des atteintes graves à l’honneur, à la dignité et à la réputation des personnalités publiques et privées, à des incitations à la violence ou même à la haine. Des excès qui sont totalement en déphasage avec le rôle que ces organes doivent jouer dans une société démocratique.
Nous décrions donc haut et fort ces dérives médiatiques du monde de la presse.
Je veux tout simplement rappeler, ici, à tous les hommes de médias qu’ils constituent l’un des socles de la démocratie et que cette situation de lynchage médiatique gratuite à laquelle se livrent certains d’entre eux ne les grandit aucunement. Il urge donc que chacun revienne à l’orthodoxie professionnelle en la matière, en respectant scrupuleusement la déontologie qui sied au métier de journaliste.
J’en appelle par conséquent à toutes les structures en charge de l’encadrement de l’Information et de la Communication de notre pays, aux responsables des différents medias, journalistes et même aux commanditaires, car il en existe, pour que cessent ces pratiques qui ne font ni honneur à notre démocratie, ni honneur à la liberté de presse, encore moins à la liberté d’expression.
J’en profite pour saluer le lancement des activités de l’Autorité de protection des données à caractère personnel.
Cette nouvelle structure permettra, j’en suis sûr, d’exiger aussi de tous les utilisateurs de données personnelles le respect de la législation en vigueur dans un contexte marqué par la révolution technologique et l’abondance des réseaux sociaux.


Chers Collègues Députés ;
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;

L’Assemblée Nationale se réjouit de la conclusion à Paris, dans le cadre de la COP21, d’un nouvel accord “contraignant” et “universel” sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement à 2°C.
Nous avons exprimé à Paris, à cette occasion, notre profonde inquiétude concernant le devenir du fleuve Niger, qui s’étend sur 1.700 kilomètres du sud au nord, mais qui malheureusement se réduit de façon drastique en raison de la pollution et de l’ensablement au point de mettre en danger sa navigabilité et ses ressources.
Il est donc grand temps que la protection de notre environnement devienne enfin un véritable combat quotidien, aussi bien pour les populations que pour les autorités, conformément à l’article 15 de notre Constitution qui dispose : « Toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l’Etat. »
Pour ma part, je vous donne l’assurance que tous les projets et propositions de lois rentrant dans ce cadre seront les bienvenus à l’Assemblée Nationale.
A la Conférence des Présidents de parlement, tenue il y a quelques mois, à New York, nous avons aussi souligné l’intérêt de l’implication des parlements dans la définition et la mise en œuvre des Objectifs du Développement Durable (ODD).
Une résolution a été votée par notre Institution dans ce sens et transmise au Premier Ministre. En outre, le Comité chargé du suivi des ODD au sein de l’Assemblée Nationale a déjà été créé. Tout ceci dénote de notre adhésion et notre ferme détermination à jouer le rôle qui est le nôtre pour la réalisation de cet ambitieux projet planétaire.
Mesdames et Messieurs ;
Sur un autre plan, le devenir de nos Etats à travers l’organisation d’élections transparentes, apaisées et crédibles est une question absolument vitale.
Au cours des mois écoulés, des élections présidentielles couplées parfois aux législatives ont été organisées dans certains pays africains dont la République de Guinée, le Burkina Faso, le Niger, la République Centrafricaine, le Benin, le Burundi, la République du Congo. Ces élections qui ont connu des fortunes diverses dans ces différents pays interpellent tous les dirigeants politiques africains et devraient les exhorter de facto au respect strict des textes fondamentaux, de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’Homme. Toutes choses qui permettront d’enrayer non seulement la violence électorale mais aussi les crises post électorales sur le continent.
Je dois vous avouer qu’en la matière, je demeure toujours nostalgique de la belle leçon de démocratie dont le peuple nigérian nous a gratifiés lors de l’élection présidentielle de 2015, qui a vu le Président Goodluck JONATHAN, céder les reines du pouvoir à Muhammadi BUHARI par la voie des urnes, dans la plus grande élégance républicaine.
Excellence Monsieur le Premier ministre ;
Honorables Députés ;
Mesdames, Messieurs ;
Dans le domaine de la diplomatie parlementaire, en plus des rencontres statutaires des organisations interparlementaires, des visites d’amitié et de travail dans certains pays, la vitalité de notre Institution a permis de remporter des succès éclatants sur le terrain de la coopération interparlementaire.
Je rappellerai entre autres acquis :
– La signature d’un Accord de coopération avec l’Assemblée nationale française en vue de renforcer les capacités des Députés et du personnel parlementaire ;

– La décision des autorités cubaines de relancer les relations de coopération avec notre pays, à travers notamment le retour des brigades médicales, la mise à disposition de professeurs et la reprise de l’Opération Milagro, acquis pour lesquels j’invite solennellement les autorités gouvernementales compétentes à assurer le suivi.

Deux autres succès d’envergure que je voudrais rappeler ici, avec fierté, sont sans conteste la désignation du Mali pour abriter la 12e Conférence de l’UPCI prévue en 2017 et la 24ème Assemblée Régionale de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), prévue dans deux mois, soit en mai 2016, ici à Bamako.
Cette Régionale de l’APF est un événement d’importance majeure pour notre pays car elle constitue un gage de soutien et de solidarité de l’ensemble de la famille francophone de notre Continent à nos efforts de normalisation, de réconciliation, de lutte contre le terrorisme et pour la consolidation de la paix.
J’en profite d’ailleurs pour exhorter les membres de la Commission d’organisation de cette Régionale Afrique de l’APF, à ne ménager aucun effort pour la réussite de cet événement historique pour le Mali.
Quant à vous, Monsieur le Premier ministre, je ne doute point un seul instant de votre accompagnement et de celui du Ministre des Finances pour appuyer notre Institution dans la prise en charge des frais inhérents à l’organisation de ces rendez-vous majeurs.
C’est le lieu de remercier sincèrement les Parlements et l’ensemble des personnes ressources qui ont cru en nous et qui nous ont soutenu dans ces différentes démarches depuis deux ans.
Excellence Monsieur le Premier ministre ;
Chers Collègues Députés ;
Distingués invités ;
Mesdames, Messieurs ;
Je vous l’annonçais au début de mon intervention, la présente session ordinaire d’avril s’ouvre après une année de travaux parlementaires bien remplie.
La fin de la session d’octobre a été suivie par une session extraordinaire ouverte le 28 décembre 2015.
Sur les dix sept (17) projets que comportait notre tableau de saisines, cette session extraordinaire a permis l’adoption d’une douzaine de lois au nombre desquelles la loi portant prorogation de l’état d’urgence, la loi organique fixant l’organisation de la Cour Suprême, les règles de fonctionnement et la procédure suivie devant elle, la loi relative au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, la loi portant modification de la loi n°2012-007 du 7 février 2012, modifiée, portant Code des Collectivités.
Nous saluons particulièrement le vote de cette loi modifiant le Code des Collectivités car elle rentre dans le cadre de l’application de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation en ouvrant la voie à la mise en place des autorités intérimaires au niveau des collectivités territoriales.
La session qui s’ouvre aujourd’hui s’annonce également bien remplie, avec plus d’une cinquantaine de propositions et de projets de loi inscrits dans notre tableau des saisines. A ceux-ci s’ajoutent l’examen de certains rapports, entre autres, celui de la Commission ad hoc de mise en accusation de l’ancien Président de la République Monsieur Amadou Toumani TOURE et le Rapport de la Commission d’enquête sur les événements de Kidal.
Au cours de cette session, les Députés seront également éclairés sur les travaux des parlements régionaux et sous régionaux, à travers des comptes rendus de sessions présentés par les Députés maliens membres.
Ils seront en outre, informés des résultats des visites de terrain effectuées par les différentes Commissions générales dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale.
Chers Collègues Députés ;
Distingués invités ;
Mesdames, Messieurs ;
Sur ce, je déclare ouverte la session ordinaire d’Avril de l’année 2016 de l’Assemblée nationale.
Que Dieu bénisse le Mali !
Je vous remercie.

Direction de la communication

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