Assemblée nationale : Difficile accouchement de la Loi électorale

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Les modifications apportées à la Loi électorale ont difficilement été acceptées par les députés le vendredi 17 mai dernier, lors de la séance plénière consacrée à son adoption.

 

 

Le principal point d’achoppement entre les Honorables et le ministre délégué chargé de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, Abdourhamane Oumar Touré, a été le vote par procuration, que la nouvelle loi électorale accorde aux militaires engagés sur le théâtre des opérations au Nord.

 

 

Les débats sur le projet de loi portant modification de Loi électorale ont été houleux entre les députés et le ministre. Plusieurs élus ont exprimé leur inquiétude concernant le vote par procuration, estimant que ces procurations pourraient être utilisées pour influer sur le résultat du scrutin.

 

 

Parmi ces députés, l’Honorable Yaya Sangaré, qui s’est interrogé en ces termes: «la procuration est intuitu personae. Comment un militaire peut-il faire une procuration alors qu’il est sur le terrain? Si l’on accorde les procurations aux militaires qui sont au front, pourquoi ne se soucie-t-on pas des fonctionnaires qui seront en mission? Je suis bien d’accord qu’on accorde la procuration aux militaires, parce qu’ils sont en mission pour la patrie. Tous les citoyens maliens doivent avoir les mêmes droits. Mais je ne suis pas d’accord pour qu’on ouvre la boite de Pandore».

 

 

Même son de cloche chez l’Honorable Sandy Haïdara, qui se demandera «à qui profite le vote des militaires?». L’inquiétude des députés se justifie d’autant plus que, cette année, il se susurre déjà que c’est le «candidat des militaires» qui va emporter la présidentielle de juillet prochain.

 

 

Les préoccupations des Honorables ont également porté sur les modalités de distribution des cartes NINA, sur la moralisation du parrainage et sur le vote des déplacés. Pour l’Honorable Belco Bah, l’esprit qui sous-tend le parrainage est noble et normal, en ce sens qu’il permet de mesurer la représentativité du candidat. Malheureusement, a-t-il regretté, il est devenu source de chantage et de corruption de la part de certains députés. Il a rappelé que certains élus avaient reçu de l’argent, en 2012, de la part de certains candidats pour leur accorder leur signature. Il a martelé que cela était extrêmement grave, tant de la part d’un élu que d’un candidat qui prétend diriger notre pays.

 

 

C’est pourquoi l’une des modifications majeures de la Loi est qu’un député ne pourra pas soutenir plus d’un candidat. Concernant les autres aspects du parrainage, ils demeurent inchangés. Chaque candidat devra réunir au moins la signature de 10 députés ou de 5 élus communaux dans chacune des régions et dans le District de Bamako.

 

 

La nouvelle Loi électorale consacre la carte NINA comme le seul document d’identification au cours des opérations de vote. En conséquence, toute autre pièce d’identification ou tout témoignage sont désormais exclus de la procédure. Le projet autorise aussi un allègement de la procédure de transfert de l’électeur en cas de changement de résidence. Elle lui donne désormais la possibilité de se faire inscrire sur la liste électorale de son choix, sans condition de durée de résidence et sans certificat de radiation.

 

 

Youssouf Diallo 

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