Assemblée nationale : Absents de marque

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Des élus sortants ont marqué d”une manière ou d”une autre le travail parlementaire. Mais cela n”a pas été suffisant pour convaincre les électeurs de les reconduire.

La nouvelle Assemblée nationale est convoquée en session extraordinaire pour le 3 septembre prochain, une Assemblée renouvelée à plus de 84 %. C”est dire, comme nous l”avons déjà souligné dans une édition précédente, que la compétition s”est révélée impitoyable pour les députés sortants. La plupart des grands animateurs de la précédente législature seront ainsi absents de l”Hémicycle durant le nouvel exercice.

Aucun président de commission n”a, par exemple, été réélu. Quant aux présidents des groupes parlementaires, seuls Yaya Haïdara du CNID-FYT et Mme Ascofaré Ouleymatou Tamboura du groupe des indépendants ont pu conserver leurs sièges. C”est dire que le travail parlementaire ne pourra s”appuyer sur un noyau élargi d”anciens députés expérimentés.
Les habitués de la salle Modibo Keïta se rappellent Kaourou Doucouré, le député Parena qui s”est distingué par sa pugnacité et sa propension à intervenir systématiquement sur chaque sujet. Il détient probablement le record des interventions lors de cette législature.

A l”examen de chaque texte, il avait une opinion, un point de vue à faire prévaloir. Pendant cette législature Kaourou Doucouré aura surtout montré beaucoup d”entrain à défendre les prérogatives de l”Assemblée vis-à-vis du gouvernement. Il est de ceux qui ont le plus harcelé les membres du gouvernement venus défendre des textes ou répondre à des interpellations. Au point que ses détracteurs soutenaient que son principal souci était d”être vu à la télé.

Le député RPM élu à Niono Boubacar Touré comme la quasi-totalité de ses collègues de parti, a perdu son siège. Lui aussi était omniprésent dans le débat parlementaire avec un bel acharnement à défendre les prérogatives constitutionnelles de l”Assemblée. Plusieurs fois, il s”est ainsi insurgé contre le vote des lois d”habilitation qui donnent à l”exécutif le pouvoir de prendre certaines mesures par ordonnance pendant les intersessions. Boubacar Touré restera aussi le député des questions orales qu”il affectionnait particulièrement.

LE PROFESSEUR :

A sa façon, le député MPR, Oumar Kanouté, élu en Commune IV a aussi marqué le travail parlementaire. A chaque fois que le débat achoppait sur une question de forme (sur une construction de phrase par exemple), "le professeur" intervenait en dernier recours et mettait généralement tout le monde d”accord.

Samou Sangaré, le député PIDS élu à Barouéli, était l”autre "puriste" de la législature. Il avait coutume de consacrer une bonne partie de ses interventions à traquer les "coquilles" dans les rapports des différentes commissions. Les rapporteurs de ces commissions redoutaient ses interventions. On retient aussi de lui, le sérieux et la rigueur qu”il mettait à diriger la commission chargée du développement rural et de l”environnement. Et ce n”est pas un hasard s”il fut régulièrement reconduit à la tête de cette commission tout au long de la législature.

N”Fa Zoumana Sangaré (élu CDS à Bougouni) n”était pas spécialement interventionniste. Il se signalait plutôt par la rigueur et l”assiduité dont il faisait montre à la tête de la Commission de la santé et de la solidarité qu”il a longtemps dirigée.

Mahamane Santara de l”Adema sera l”un des grands absents de la nouvelle Assemblée nationale. Rapporteur de la prestigieuse Commission de l”économie, des finances et du plan, il a marqué de son empreinte un parlement dont il a été membre durant les trois législatures de la 3è République. A ce titre, il aimait rappeler qu”il était le "doyen" des députés sans être le plus âgé.

Boubou Koïta, Harouna Keïta et Mamadou Diarrassouba (tous élus RPM respectivement en Commune I, Commune VI et à Dioïla) étaient connus pour la fougue qu”ils mettaient dans leurs prises de position. Chez eux, il n”y avait pas de demi-mesure. Il fallait être pour ou contre. Farouchement. Au point que le président de séance devait fréquemment les rappeler à l”ordre.

Me Harouna Keïta, le juriste, n”était pas d”accord qu”on transige avec la loi. Pour lui, il n”y avait rien d”autre à faire que de respecter scrupuleusement le règlement intérieur et plus loin la Constitution. Il s”insurgeait vivement chaque fois qu”il estimait que le règlement intérieur était violé.

Au cours de la législature passée, le député élu sous les couleurs de l”UDD avant de migrer à l”URD, Cheickna Hamala Bathily, n”est pas passé inaperçu non plus. Iconoclaste comme son homologue Mamadou Gassama de Yélimané (lui réélu), il affichait ostensiblement son analphabétisme comme pour mieux prouver que le fait de n”avoir pas été à l”école ne l”empêchait pas de mener avec sérieux sa mission de défense des intérêts de ses compatriotes. Il a su défendre comme aucun autre élu avant lui, le monde des éleveurs au point de mériter le sobriquet de "député aliment-bétail". Il s”est aussi régulièrement attaché à la sauvegarde des intérêts des opérateurs économiques, multipliant les questions orales au risque de donner un caractère impératif à son mandat.

SEUL CONTRE TOUS :

Le jeune député CNID élu en Commune VI, Demba Traoré, s”est aussi illustré durant la législature passée. Il s”est imposé au fil des sessions au point de terminer le quinquennat à la tête de la puissante Commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice et des institutions de la République.

Le député Sadi devenu indépendant, Noumoutié Sogoba, élu à Koutiala, occupait une place à part. Il y a deux ans, il s”était distingué en étant le seul à voter contre le projet de loi organique visant à relever substantiellement les indemnités des députés, un texte jugé non conforme à la Constitution par la Cour constitutionnelle.

D”autres élus se sont illustrés par leur pondération. Alou Traoré, élu à Bla (président du groupe parlementaire ACC), le docteur Abdoul Ba (PDJ) élu à Kayes, Bilaly Keïta (RPM) élu à Nara et Bobo Tounkara (URD), élu à Kita ne se lassaient jamais de déployer des trésors d”énergie pour calmer des collègues sujets à des poussées d”adrénaline.

Tous ces députés ont, d”une manière ou d”une autre, contribué à la bonne marche de l”Assemblée nationale lors de la législature passée. Mais de toute évidence, cet argument n”a pas suffi à convaincre leurs électeurs de les reconduire. Pour ceux qui s”étaient présentés, bien entendu.

A. LAM
15-08-07

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