Le président de l’Assemblée nationale est-il suffisamment mûr pour gérer un Etat ? Son comportement à l’hémicycle permet de poser des questions là-dessus. Echantillons piochés lors de la Déclaration de politique générale (DPG) de Kaïdama pour s’en faire une idée. Edifiant.
Lorsqu’un œil qui ne pouvait pas espérer apercevoir une étoile voit la lune…on connait la suite de l’adage. Ce proverbe s’applique à merveille sur le cas Dioncounda Traoré : on dirait que depuis 2007, il est chaque jour surpris d’être là au perchoir de diriger les débats face à tant de personnes, dont des gros calibres. En 2002, l’homme avait lamentablement échoué à se faire élire député et cinq ans plus tard, il a fallu que les dites plus hautes autorités du pays décident de recourir à des méthodes peu orthodoxes pour le faire élire contre une femme qui l’avait terrassé et s’apprêtait à lui faire mordre la poussière. C’est le jour de l’élection du président de l’Assemblée nationale (en 2007) que l’on a compris pourquoi l’homme avait été imposé député par la magouille.
En effet ce jour là, il était dans ses petits souliers avant les opérations de vote. Il avait un seul challenger en la personne de l’honorable Mountaga Tall, dans le bureau duquel les élus avaient défilé pour lui signifier qu’ils allaient voter pour lui et qu’il était l’homme qu’il fallait à la place de président de l’Assemblée nationale. Mais la suite, on la connait : la nuit avant les votes, Koulouba avait bougé, convoqué les députés et les avaient convaincus par des moyens certains afin qu’ils changent d’avis et voter Dioncounda. Ce dernier était bien informé de cette situation, mais dans la salle le jour ”J”, il avait la peur dans les yeux. Incapable de se tenir droit, il avait la tête enfoncée dans les épaules, avec le regard horrifié de la petite fille qu’on allait exciser. Scène lamentable que l’Ortm pourrait confirmer en repassant les images.
L’histoire, aussi bien ancienne que contemporaine, nous montre des temps en temps que les hommes futiles et insignifiants pouvaient accéder aux plus hautes marches du pouvoir. Mais pour nous enseigner cela n’est pas du tout bon, ne l’a jamais été et à éviter absolument. Elle le démontre en prouvant que ce sont des races d’hommes qui commettent les plus grosses catastrophes : Joseph Staline (Lénine confiait toujours à Engels à son propos, lui le petit secrétaire qui s’asseyait à leur porte ;” Si jamais celui là nous succédait, ce serait la catastrophe”), Le duché Mussolini d’Italie et son compère allemand Adolphe Hitler, etc. Il y’a aussi les Khmer Rouges qui ont tué le quart de la population du Vietnam, deux millions de personnes pour construire le socialisme. Leurs chefs sont en ce moment devant les tribunaux ; ils sont tellement insignifiants qu’on a du mal à croire qu’ils ont pu tuer tant de monde. Trêve d’histoire et retournons à l’hémicycle le jour où l’actuel président a eu la surprise de se voir choisi.
”Toundourou” n’est pas une fiction
Donc, une fois les résultats proclamés qui le donnaient vainqueur, il était heureux comme un gosse qui n’en croyait pas ses yeux de recevoir le jouet auquel il n’osait jamais rêver. Cela sautait aux yeux que le président de l’Adema par effraction ne croyait pouvoir mériter un jour cette place. Mais, on vient de le montrer ; le ‘Tountourou’ de Alioune Ifra N’diaye n’est pas que fiction.
Quatre ans plus tard, l’homme est toujours aussi surpris, émerveillé et jubilatoire lorsqu’il préside les séances de l’Assemblée nationale. Il en reste incrédule comme le premier jour et s’amuse comme un gosse un peu attardé. Cela l’emmène souvent à parler aux députés sans respect et leur couper sèchement le micro quand ils sont debout devant le peuple et ses élus, les laissant comme un idiot planté devant un micro mort. Quelle humiliation ! Mais son auteur ne s’en rend pas compte et il est juste émerveillé par son pouvoir de donner et de retirer la parole.
Le Lundi 26, lors de la Déclaration de Politique Générale de Kaïdama, il s’est bien amusé une fois encore.
L’on sait que l’Assemblée nationale est constituée de groupes parlementaires (10 en tout) qui sont classés selon le nombre de députés. Par exemple, l’Adema occupe le premier rang avec ses 53 députés tandis que la Sadi ferme la marche avec ses 3 élus. Le classement accorde également aux groupes un temps de parole en rapport avec leur poids. On sait aussi que les élus viennent au micro devant l’assistance pour poser leur question et délivrer leur message. C’est l’un des moments durant lesquels, le président fait joujou avec ses prérogatives. Il vient, à cet égard, inventé de nouveaux créneaux de jeux pour s’amuser et se faire plaisir davantage. C’est ainsi qu’avant de donner la parole aux députés cette fois-ci, il a introduit des variations dans le mode des successions au micro. Il se demandait à haute voix : ”Dans quel ordre vais-je donner la parole?”. En bas, des députés mal lunés disaient une chose ou une autre. Alors, content, Dioncounda proclamait avec le sourire : ”Je vais commencer par le haut. La parole de l’Adema !!!”. La fois suivante, lors du second passage des élus pour poser ou reposer leurs questions sur la déclaration du PM, il recommence son petit jeu (et il y a toujours des élus pour participer à ce petit jeu débile. Toujours jubilatoire, et après le même manège, il décide : ‘‘Cette fois-ci, on va commencer par le bas !!!’‘. Visiblement très content de lui-même, il appelle la SADI au crachoir (ce sera pour humilier la pauvre dame Kouloubali qui ne parle que bambara).
Celui qui n’en revient jamais d’être député et président d’élus fait encore plus fort avec ses petits camarades de jeu qui lui donnent du change lors de la dernière intervention des députés de l’hémicycle. Il s’agissait de donner aux groupes parlementaires l’opportunité de donner leur consigne de vote. Là aussi Dioncounda Traoré renouvelle son manège qui lui procure visiblement beaucoup de contentement. ”Par quel ordre va-t-on faire cette fois-ci ?” Certains de ses copains de jeu disent : ”Par le haut ” et d’autre ”par le bas”. Certains avancent : ”l’Adema !, l’Adema !!” Tandis qu’un autre souffle : ”le Rpm !! le Rpm !!!”: Le chef du jeu prend son pied (prend très fortement du plaisir) avant de décider : ”on va faire un coup en haut et un coup en bas…”. Il est très satisfait de sa trouvaille (cela se voit) et surtout content d’avoir pu surprendre les pronostics.
Cela donne : Adema (1er), Sadi (dernier), Urd (2è), Parena (9è), Pdes, Cnid, Rpm, Mpr, Acm et Codem.
Une fois les consignes donnés, les votes effectués et les résultats connus, le président a pris la parole pour dire : ”Je sais que je n’ai pas droit à la parole, mais vous souffrirez que je parle…” Et il a parlé sachant lui-même qu’il n’avait pas droit et ça a un nom ; un passe droit. C’est ainsi que le despotisme commence : Je n’ai pas droit, mais je vais le faire car personne ne peut me l’empêcher. Voilà le président que certains militants Adema, avec le soutien actif soupçonné de Koulouba, veut imposer au Mali. Heureusement qu’à l’intérieur même de la Ruche la pression s’accentue pour éviter cela au Mali. Des esprits éclairés pour dire que quad une famille détient de jeunes fils valables, il faut les responsabiliser…
Amadou TALL