Après l’assassinat odieux d’un ressortissant ukrainien le débat sur la peine de mort refait surface : Les députés vont-ils oser abolir la peine de mort ?

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L’assassinat odieux d’un citoyen ukrainien (au lieu d’un Roumain comme nous l’avions écrit dans notre parution du lundi dernier) du nom de Thomas, le dimanche dernier à la Zone          Industrielle, par des membres d’un gang    composé d’un Espagnol, d’un Portugais et d’un Vénézuélien est venu, de manière tragique, remettre sur la table la sempiternelle équation de l’abolition de la peine de mort. Avec la recrudescence du grand banditisme, les députés vont-ils franchir le Rubicon en s’alliant aux abolitionnistes ? Ou, au contraire,              écouteront  la voix du peuple en laissant cette peine suspendue comme l’épée de Damoclès au-dessus de la tête des grands criminels?

La peine de mort ou peine capitale est une peine prévue par la loi consistant à retirer la vie à une personne ayant été reconnue coupable d’une faute qualifiée de " crime capital ". Aujourd’hui, l’abolition de la peine de mort est un sujet si sensible qu’il ne laisse  personne indifférent. Qui est pour ? Qui est contre ? Et pourquoi ?

La réponse à cette série de questions dépend indéniablement de l’actualité qui, à elle seule, peut justifier la pertinence de telle ou telle prise de position. En effet, supposons – et ce n’est qu’une supposition – qu’un forcené pénètre dans un stade, jette une grenade dans la foule et envoie une rafale de mitraillette dans la loge officielle. Arrêté, le tueur fou est jugé et condamné à la prison à vie. Un an après, il s’enfuit de prison. Et continue à courir dans la nature. Ne fallait-il pas condamner ce forcené à la peine de mort et l’exécuter, aussitôt, dès que les voies de recours ont été épuisées ?

C’est vrai que le débat sur la peine de mort est aussi vieux que le monde.  Nous nous disions, souvent, que de telles choses ne peuvent se produire chez nous. Comme si nous étions en dehors de la planète Terre. Ce qui est arrivé à l’Ukrainien en est l’illustration parfaite que nous ne sommes pas à l’abri.

De même, qui pouvait, il y a un an, supposer qu’un avion non identifié allait traverser plusieurs pays et venir atterrir au Nord Mali avec sa cargaison de drogue ? Et si cet avion était tombé sur une zone à forte concentration de population. Supposons encore qu’il soit tombé sur un marché. Et que l’équipage s’en sorte indemne mais, qu’au sein de la population, le bilan soit lourd. S’agissant, d’ailleurs, de l’avion de la drogue, il est à souligner que son équipage, après le sale boulot, s’est éclipsé dans la nature comme si de rien n’était.

Dans la situation actuelle de laxisme vis-à-vis des criminels, leur sort, même s’ils avaient été appréhendés, n’allait pas être loin de celui des gens en liberté. 

Les grands débats autour de l’abolition de la peine de mort ne sont que purement théoriques. Alors que la peine de mort, elle-même, n’est jamais appliquée à un innocent. Sauf en cas d’erreur judiciaire. Dans notre société, qu’on disait auparavant paisible, nous faisons de plus en plus face à des phénomènes nouveaux tels la pédophilie, le crime organisé. Supposons enfin que sur le chemin de l’école, une jeune fille (ça peut-être la fille de n’importe qui) est emmenée de force dans un abri de fortune, violée et tuée. Le violeur est retrouvé, jugé et condamné à la prison à vie. Il s’enfuit de prison et récidive. Rappelons-nous l’histoire récente de la jeune lycéenne qui a été tuée et violée au bas de la colline du Point G. Peut-on savoir où sont maintenant ses meurtriers ? Selon toute vraisemblance, dans l’attente de leur procès. Et après, ils vont tôt ou tard goûter à une liberté…provisoire susceptible de devenir une liberté définitive. Après leur procès en assises, il ne faudrait donc pas s’étonner de les voir roder autour d’autres libellules. 

Un puissant instrument dissuasif

Arrêtons de rêver : la société ira toujours de mal en pis. D’où de solides garde-fous qu’il faut mettre en place.  La peine de mort peut dissuader nombre de personnes qui nourrissent des idées criminelles. Son abolition est, certes, dans l’air du temps ; mais une fois qu’elle sera abolie, elle ne pourra plus jamais être rétablie. Et pour cause : cela équivaudrait pour l’opinion, surtout internationale, à un recul démocratique.

La peine de mort n’est pas faite pour être appliquée à des innocents. Mais à des auteurs de tentative de coups d’Etat, aux grands criminels, aux assassins, aux violeurs, aux détourneurs invétérés de deniers publics, etc. Le Mali n’est pas   plus démocratique que les Etats-Unis qui appliquent la peine de mort. Et en la matière, nous ne saurions, non plus, donner de leçons de droit de l’Homme à la Russie de Medvedev et de Poutine ni à la puissante Chine qui n’hésite pas à fusiller les sangsues de l’économie nationale.

De quoi a-t-on donc peur en maintenant le statu quo ante en ce qui concerne la non application de la peine de mort aux crimes tels que prévus dans notre législation ?  .

Il est quand même temps qu’on mette fin à ce vrai-faux débat dont l’objectif non avoué est de couvrir des criminels et des sangsues qui sont, malheureusement, légion dans notre pays. Maintenir la peine de mort dans notre législation et œuvrer à ce qu’elle soit réellement une épée de Damoclès, c’est assurément une mission de génération. Toute décision allant dans le sens contraire, alors que des prises d’otages, des assassinats, des viols et des attentats à la pudeur sont commis quotidiennement, devrait, au préalable, avoir l’assentiment des populations. Et cela à travers un référendum qui verra le peuple se prononcer clairement sur cette question délicate.

Mamadou FOFANA

 

Assassinat odieux dans la zone industrielle

La victime serait un Ukrainien et non un Roumain

Dans notre parution du mardi 24 août, nous écrivions que la victime, Thomas alias Jonnhy, était un Roumain, nous fondant en cela sur une source policière. En revanche, nos confrères de l’Essor, de l’ORTM et de l’AFP l’ont plutôt présentée comme un Ukrainien. Dans notre parution de demain vendredi, nous apporterons un éclairage sur cet aspect  en même temps que nous livrerons les derniers développements de l’enquête.                       

             La rédaction

 

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