Malgré des débats houleux entre la majorité et l’opposition, c’est sans surprise que la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG) a été adoptée par les députés, vendredi dernier. Comme pour dire que le gouvernement a désormais carte blanche pour traduire en actes concrets les besoins et priorités des populations prises en compte dans ce document que le Premier ministre Moussa Mara a défendu comme un mémoire de fin de cycle devant les élus de la nation.
Cette journée de débats de vendredi dernier à l’Assemblée nationale fait suite à la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement par le Premier ministre Moussa Mara devant les députés le mardi 29 mars dernier.
Ce fut l’occasion pour les députés de la majorité, de l’opposition et non-inscrits de se prononcer sur cette déclaration.
Pour ce faire, le temps de parole était reparti comme suit entre le gouvernement et les groupes parlementaires : D’abord le gouvernement qui disposait mardi dernier de trois heures pour expliquer le document aux députés. Ensuite vendredi pour les débats, les députés du groupe parlementaire RPM disposaient de 124,6 minutes, ceux de l’APM, 48,06 minutes, ceux de l’opposition (Vigilance Républicaine et Démocratique), 75 minutes, le groupe parlementaire Adema-Pasj qui disposait de 28,48 minutes, le groupe parlementaire FARE-SADI qui disposait de 17,8 minutes et enfin les non-inscrits au nombre de trois qui devraient se contenter de 5,34 minutes.
Premier à prendre la parole, les députés du groupe parlementaire RPM qui, lors de leur intervention ont tous manifesté leur soutien à cette déclaration de politique générale.
Pour le Groupe parlementaire APM, il a été surtout question de la situation au nord. L’honorable AissataCissé dite Chato n’a pas manqué d’attirer l’attention du Premier ministre Moussa Mara sur la situation des populations Kidaloises restées fidèles au Mali, soumises à toutes sortes de frustrations et d’humiliations.
Aussi, elle a demandé au PM de donner des instructions fermes pour que tous les militaires qui ont pris des armes contre le Mali soient radiés définitivement de l’armée.
Selon elle, le MNLA reste très actif à l’extérieur et pour une solution durable à cette crise, elle a proposé au PM de faire en sorte que le département des affaires étrangères travaille en symbiose avec le parlement. Par ailleurs, des insuffisances ont été signalées par le groupe parlementaire APM qui estime que nulle part dans le document ne figure la situation foncière au Mali avec les accaparements de terres, la spéculation et délinquance foncière, les problèmes du cadastre.
Oumar Mariko au nom du groupe parlementaire FARE-SADI a estimé que cette DPG tranche avec celles qu’ils ont entendues à l’Assemblée par le passé.
Selon lui, les évènements du nord et du 22 mars 2012 sont la conséquence d’une mauvaise gouvernance dont il faut sortir.
Il a émis le souhait que les préoccupations des députés soient prises en compte par le gouvernement. A l’en croire, durant la mandature dernière (2009-2013), il a fait 17 interpellations du gouvernement, mais que même les 2% de ses préoccupations n’ont pas été prises en compte par les gouvernements successifs d’ATT. Enfin, il a demandé au PM de prendre en compte dans son programme la prise en charge des personnels des écoles communautaires dont la charge est insupportable par les communautés, de réhabiliter l’Usine des Produits Pharmaceutiques, revoir la réconciliation nationale car il s’agit d’abord de réconcilier l’Etat et les citoyens.
L’opposition dans ses œuvres !
Le groupe parlementaire VRD qui incarne l’opposition a souligné de nombreuses insuffisances de cette DPG. Selon Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD, l’heure est grave mais cette DPG ne prend pas en compte l’ampleur de cette gravité de la situation.
En effet, selon Mody N’diaye, le Mali sort d’une crise grave qui a impacté négativement le tissu économique, social et culturel. Dans ce contexte, dit-il, la DPG devrait répondre aux attentes des populations et créer l’espoir auquel elles aspirent légitimement pour un avenir meilleur.
Cette DPG à l’en croire, vient à un moment où l’espoir des populations, né des élections présidentielles s’est déjà effrité.
Cette DPG devrait tendre à inverser cette situation pour le bien-être des Maliens, a-t-il indiqué.
Avant d’ajouter qu’elle renferme des insuffisances notoires tant dans sa forme que dans son fond.
Sur la forme, l’honorable Mody N’diaye estime que le document lu par Moussa Mara mardi dernier modifie en plusieurs endroits le document remis aux députés.
En effet, selon lui, les insuffisances révélées dans cette déclaration portent sur sa structuration, les déviances, au plan constitutionnel, la quasi-absence des orientations politiques.
Cette déclaration estime le porte-parole de l’opposition apporte peu de solutions aux problèmes des Maliens.
Pis, dans sa conception, elle n’émane pas d’un programme politique et ne se base pas nullement sur un état des lieux bien cerné en ce qui concerne la situation financière du Mali.
Aussi, partout où cette DPG s’efforce à faire apparaitre les programmes d’actions des départements, elle ne parle que des projets en cours d’exécution, rien de claire concernant Kidal, pas de feuille de route pour la réconciliation nationale…Bref, que d’arguments invoqués par l’opposition pour justifier son opposition à cette DPG.
A l’issue de débats houleux où les députés des deux bords et des non-inscrits se sont prononcés sur les différents points de cette DPG, elle a été adoptée sans surprise par 121 pour contre 22 voix pour zéro abstention.
Georges Diarra