L’ADP-Maliba indique la porte de sortie aux mécontents de la Majorité
La démission à coup de tapage médiatique de l’ADP-Maliba de la Majorité présidentielle semble désormais faire des émules au sein des députés du RPM. Comme un effet de contagion, quatre députés du parti présidentiel ont claqué la porte du parti pour rejoindre l’ADP-Maliba. Il s’agit du Pr. Kalilou Ouattara, Soïba Coulibaly, Mamadou Doumbia et Bakary Diarra qui ont dénoncé avec virulence la mauvaise gouvernance actuelle du pays par le Président IBK. Leur transhumance à l’ADP Maliba, a fait de ce petit poucet du landernau politique malien un parti important qui aura désormais son mot à dire. Son leader M. Amadou Thiam est devenu un jeune loup aux dents longues et crochues. Comment cette démission a-t-elle été perçue par les militants du RPM ? Ce sursaut de ses désormais ex parlementaires permettra-t-elle au parti des tisserands de changer de cap pour arrêter l’hémorragie ? A quand la fin des transhumances parlementaires qui violent le respect du vote des électeurs ? Une législation n’est-elle pas nécessaire pour arrêter la saignée ?
Il est très rare en Afrique en général et au Mali en particulier, de voir un homme politique quitter la majorité pour rejoindre l’Opposition. Dans un intervalle de deux mois seulement, il a été enregistré huit démissions, tous des députés de la Majorité. Si en termes de nombre, ces départs n’auront pas une grande incidence sur la CMP qui garde toujours sa majorité très confortable, mais sur le plan politique, il est un signe tangible d’un grand malaise, d’une grande désaffection au sein de la majorité et prouve à suffisance qu’il n’y a plus d’homogénéité, de solidarité et de cohésion au sein du groupe parlementaire RPM. Les députés démissionnaires ont sans ambages en des mots clairs, dénoncé la mal gouvernance rampante. Par leur acte, qu’on peut qualifier de grand courage politique, ils ont, en même temps, envoyé un signal fort au locataire de Koulouba. Bien que minimisés par les militants du RPM, il n’en demeure pas moins que ces départs laissent un trou béant au sein du parti des tisserands et agrandissent le rang de l’Opposition. Le RPM faut-il le rappeler, traverse depuis 2013 une crise de leadership grave mettant aux prises deux camps et qui a fini par entraver le bon fonctionnement du parti. Cette crise a même empêché la tenue des instances dont le congrès tant attendu qui a été reporté à maintes reprises. Si à cette crise suffisamment grave s’ajoute une autre, il y a lieu de se poser la question de savoir si les militants du RPM transcenderont leurs clivages et resteront le soutien de taille pour IBK s’il venait à se présenter pour un second mandat présidentiel. Ces démissions en cascade de la Majorité sont-elles des signes annonciateurs d’un grand orage précurseur du déclin des tisserands ? Elles semblent en tout état de cause, annoncer une bourrasque en 2018. Les plus optimistes du camp présidentiel feraient de ces démissions un non-événement parce qu’elles n’entravent en rien le bon fonctionnement des institutions de la République. Mais les analystes politiques avertis ont une autre grille de lecture, celle d’un régime en perte de vitesse plus que jamais fragilisé.
Quant à l’Opposition, et l’ADP-Maliba en particulier, elle s’est réjouie de l’arrivée des frondeurs en son sein et souhaiterait vivement d’autres actions d’éclats qui la renforcerait et crédibiliserait leurs critiques et autres remontrances vis à vis de la mauvaise gestion du régime. L’ADP Maliba, au départ incomprise, serait-elle certainement en train de convaincre et de gagner du terrain ?
En définitive, ces démissions doivent permettre à la majorité de faire son autocritique et de changer le fusil d’épaule afin d’arrêter la saignée au sein du parti majoritaire et de la CMP. Si un tant soit peu le grand leader de la Majorité, IBK veut rempiler pour un second mandat à la tête du pays, le plus grand parti de la CMP qui est le RPM doit faire preuve de rassemblement, d’ouverture sans malice ni arrogance, de partage de responsabilité avec les autres partis et de loyauté vis-à-vis de ses alliés, pour ne pas être désagréablement surpris aux élections générales de 2018.
Youssouf Sissoko