C’est à ce jeu que s’attellent certains partis laminés par le RPM lors des dernières élections législatives. Ainsi, onze formations politiques se sont retrouvées, le 17 janvier, pour former une « Alliance pour le Mali ».
Certains de ces partis étaient avec IBK dès le début, c’est-à-dire depuis qu’ils ont compris que le candidat avait, cette année, la chance de passer parce que le Mali traversait une crise politico-institutionnelle et sécuritaire, parce que le président du RPM s’était allié avec des groupes et mouvements qui n’ont rien à faire sur la scène politique traditionnelle, les militaires et les islamistes, parce que le Malien est en quête de changement.
Alliance pour le gâteau national
Les autres, bien que certains d’entre eux avaient leur candidat à la dernière présidentielle, l’ont rejoint après le premier tour qui l’a vu arriver largement en tête du scrutin devant un Soumaïla Cissé plus tocard que jamais.
Comptant se constituer en groupe parlementaire, ces onze de « l’Alliance pour le gâteau national » ne veulent pas lâcher d’une semelle le prince du jour. Aussi ont-ils décidé de soutenir le président de la République dans la mise en œuvre de son programme de gouvernement, de participer à l’instauration d’une nouvelle gouvernance fondée sur la gestion dynastique du pouvoir, avec un président élu, de même que le beau-père du rejeton, des membres de sa famille nommés hauts cadres de l’Etat, d’autres bombardés législateurs.
Pour faire passer la pilule, les principes démocratiques et républicains, la sauvegarde de la paix et de la cohésion nationale, les valeurs de liberté, de justice et de solidarité sont invoqués. Avec vingt-six députés, ils comptent constituer le deuxième plus grand groupe parlementaire, et ravir les juteux postes de vice-présidents, présidents de commission, etc.
Cette alliance pourrait compter sur la rude concurrence de l’Adema. Vingt-quatre heures plus tôt, le Pasj signait un contrat de législature par lequel il s’engage à soutenir, lui aussi, les actions de l’ennemi intime. Sa quinzaine de députés ont été avertis, samedi dernier, au cours de leur rentrée parlementaire : la patrie Adema compte sur eux pour ne pas trop embêter le président de la République dans ses efforts de reconstruction d’une nation qu’ils ont contribué à détruire entre 1992 et 2012.
Pacte de non agression
La reconstruction nationale passe donc par la signature d’un pacte de non agression, un contrat de législature écrit par l’exécutif pour le législatif. Pendant leur mission, les ministres n’ont pas envie de se faire interpeller très souvent par les députés, sur des questions qui doivent être, en toute transparence, cachées au grand public. C’est pourquoi, cent douze députés, ceux du RPM et de ses partis alliés et ralliés comme ceux de l’Adema, ont donc décidé de s’asseoir sur la séparation des pouvoirs, en contractant publiquement un mariage incestueux et funeste pour la progéniture démocratique. Au nom d’un nouveau consensus qui ne dit pas son nom, mais qui ne trompe personne. Et qui verra ceux qui ont eu le courage d’aller à l’opposition se lasser très vite du jeu politique. Surtout que beaucoup d’entre eux ne sont pas à l’abri d’un débauchage.
Mais pour l’heure, malgré cette énorme majorité du camp présidentiel à l’Assemblée nationale, ils se disent décidés à animer les débats parlementaires. Il est vrai qu’avec leur nombre, moins d’une trentaine sur 147 députés, ils ne seront pas forcément audibles, et pèseront deux fois moins que rien dans la balance des décisions législatives. En revanche, ils comptent beaucoup sur l’échiquier politique national, et ont pour noms : l’URD et le Parena. Plus le Pdes.
Cheick TANDINA
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