L’histoire de l’Assemblée nationale du Mali retiendra que la 5ème législature, installée en janvier 2014, a enregistré le grand de nombre de décès d’élus. En effet, huit (08) députés ont été arrachés à l’affection nationale. La dernière disparition en date est celle de l’Honorable Mody N’Diaye, décédé ce vendredi 24 mai 2019.
Qui ne connaissait pas l’élu de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) de Baraouli ? L’honorable Mody N’Diaye, président du groupe parlementaire de l’Opposition ‘’ Vigilance républicaine et démocratique’’ (Vrd), ce grand animateur des débats de l’hémicycle. Agé de 60 ans, il a été arraché à l’affection nationale suite à une longue maladie. Un hommage mérité de la nation lui a été rendu ce samedi 25 mai 2019. Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita l’a décoré à titre posthume de la médaille d’officier de l’Ordre national du Mali. C’était en présence du Premier ministre Boubou Cissé, des membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République, du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, de ses camarades politiques et d’une foule de parents, d’amis et de collègues.
Économiste de son état, il avait occupé plusieurs postes dans l’administration publique. «Nous perdons un digne fils, courtois, grand animateur des débats, rigoureux et humble dans la générosité», a témoigné IBK. A l’en croire, l’Assemblée nationale sera orpheline de l’insigne présence du défunt. Orateur émérite, il aura animé les débats au sein de l’hémicycle, comme par exemple celui sur le projet de loi des finances. Emblème de l’amour, du pardon et de l’acceptation de l’autre, il s’est distingué par sa probité, sa courtoisie, son patriotisme et sa foi en le Mali meilleur, selon le chef de l’Etat. Il était une boussole de réarmement et une école pour la nouvelle génération.
Amis, parents et collaborateurs du défunt ont témoigné. Il ressort de ces interventions que l’homme exceptionnel avait résisté à la maladie avec dignité. Membre du premier contingent de Kati du Service national des jeunes (classe 1985), musulman pieux, bon père de famille, honnête et patriote, il a animé les débats à l’Assemblée nationale avec détermination et responsabilité dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. Le natif de Barouéli a fait deux mandats. Il fut respectivement vice-président de la commission contrôle et rapporteur général de la commission des finances, de l’économie, du plan et de la promotion du secteur privé. Il était le président du groupe parlementaire VRD jusqu’à sa mort.
Une législature qui mange les députés
En effet, le constat est acerbe. Cette 5ème législature de l’hémicycle est mangeuse des députés. Mody N’Diaye est parti rejoindre à l’au-delà ces feux collèges que sont, entre autres, Halidou Bonzèye, député élu sous les couleurs du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) à Ansongo. Il avait fait défection pour l’Asma-Cfp. Il est décédé le lundi 31 août 2015. Hamadoun dit Dioro Yaranangoré, député de l’Adema PASJ de la région de Mopti, décédé le 13 septembre 2016 à Paris; Schadrac Keïta, élu à Tominian (région de Ségou) sous les couleurs du parti Miria, décédé le jeudi 18 août 2016 ; Dramane Goïta, député Adema-Pasj élu à Yorosso; Sidy Fomba, l’élu Yèlèma de Baraouéli et colistier du député Mody N’diaye de l’URD, décédé le dimanche 27 mars 2015; Oumou Kéita, députée RPM élue en commune V du district de Bamako, décédée le mardi 24 février 2015 ; Labass KANE, député RPM élu à Koulikoro, décédé le jeudi 17 mai 2018. Que leurs âmes reposent en paix. Amen !
Mais force est de reconnaitre que ces nombreuses morts douloureuses de la 5ème législature de l’Assemblée nationale doivent obligatoirement relancer les débats sur la suppléance, surtout avec le processus de révision de la Constitution qui va démarrer bientôt. Dans cette nouvelle réforme, il urge d’introduire la suppléance pour éviter qu’à chaque décès de député, il soit obligatoire de tenir une élection partielle qui coûte très cher et qui prend assez de temps.
Aliou Touré